Dernières nouvelles (novembre 2001)

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Jeudi 29 novembre 2001

 

1-LES CONSERVATEURS ANGLAIS VEULENT ATTAQUER L'IRAK

2-"NOUS SOMMES DESORMAIS DES CRIMINELS DE GUERRE" ECRIT ROBERT FISK DANS THE INDEPENDENT DU 29.11.01.

 

1-LES CONSERVATEURS ANGLAIS VEULENT ATTAQUER L'IRAK

Les conservateurs anglais appuient la faction la plus guerrière de l'administration Bush, celle qui veut attaquer l'Irak. Jusqu'à présent, l'ensemble du Parlement anglais a suivi Blair. Celui-ci et son gouvernement appuient les "colombes" de Washington, c'est-à-dire Colin Powell, ministre des Affaires étrangères. Tony Blair a prévenu Bush que la "Coalition contre le terrorisme" s'effritera si les USA attaquent l'Irak.

 

2-"NOUS SOMMES DESORMAIS DES CRIMINELS DE GUERRE" ECRIT ROBERT FISK DANS THE INDEPENDENT DU 29.11.01.

160 prisonniers Taliban auraient été massacrés la semaine dernière par des troupes de l'Alliance du Nord, en présence de dix soldats américains qui ont essayé d'empêcher le massacre, et ont tout filmé. C'est un ancien commandant Moudjahidin du Sud-est qui l'a révélé.
Amnesty International demande une enquête à propos du massacre de Mazar-i-Sharif. Kenton Keith, porte-parole de la coalition internationale contre le terrorisme, déclare qu'il ne s'agit "ni d'un massacre, ni de représailles". La Croix-Rouge a trouvé certains morts les mains attachées derrière le dos. Le général Dostum le nie.
" Nous jetons par-dessus bord tout ce à quoi nous avons cru depuis la dernière guerre mondiale pour poursuivre notre guerre à nous." "L'Alliance du Nord a déjà exécuté 300 Taliban quand elle est entrée à Mazar-i-Sharif […] Maintenant, il y a la "mutinerie " de la prison […] Quelques jours après, Justin Huggler trouve à Kunduz d'autres cadavres de Taliban exécutés (voir nouvelles des jours précédents) […] Ce qui se passe est très clair. Quand des gens à la peau jaune ou noire ou brune, quand des communistes ou des islamistes ou des nationalistes tuent leurs prisonniers ou bombardent en tapis pour tuer leurs ennemis, quand ils mettent sur pied des pelotons d'exécution, les USA, l'Union européenne et le "monde civilisé" doivent les condamner. Nous sommes les maîtres ès droits humains, les progressistes, les bons et nous avons le droit de faire la morale aux masses pauvres. Mais quand ce sont des gens à nous qui sont tués --quand nos immeubles qui brillent sont détruits --alors nous déchirons tous les bouts de papier contenant notre législation des droits humains, nous envoyons les B-52 sur les masses pauvres et nous partons massacrer nos ennemis. […] George Bush dit "vous êtes soit avec nous soit contre nous dans cette "guerre de la civilisation contre le mal". Je ne suis sûrement pas pour Ben Laden. Mais je ne suis pas non plus pour Bush. Je suis décidément contre cette guerre pour la civilisation brutale et cynique qui a déjà coûté autant de vies que les attentats du World Trade Center. […]".

 

 

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Mercredi 28 novembre 2001

 

 

1-LA CONFERENCE DE BONN

2-BUSH RECONNAIT IMPLICITEMENT QUE LES USA SONT TERRORISTES

 

1-LA CONFERENCE DE BONN

La conférence de Bonn réunit 62 Afghans sous les auspices de l'ONU, représentée par M. Brahimi et M. Vendrell.
Quatre "processus de paix" sont représentés. D'abord, l'Alliance du Nord, qui tient militairement tout le Nord du pays, avec 11 délégués. Elle est elle-même divisée en composantes ethniques : Ouzbek, avec le ministre de l'intérieur de Rabbani, M. Yunis Qanuni, ; Tadjik, avec deux représentants de Dostum ; Hazara, une minorité chiite soutenue par l'Iran, avec deux représentants. La délégation de l'Alliance comporte une femme, Amena Afzali. Ensuite, les royalistes, qui ont également 11 délégués, dont deux femmes (l'une s'appelle Sima Wali). Le groupe de Peshawar a 5 délégués. Ce sont surtout des leaders Pachtoun exilés au Pakistan , et soutenus par celui-ci. Enfin le groupe de Chypre, avec 5 délégués. Il est dirigé par le fils de Gulbuddin Hekmatyar, un Moudjahidin qui a combattu Rabbani dans les années 90. Ce groupe est soutenu par l'Iran comme contrepoids au groupe royaliste.

 

2-BUSH RECONNAIT IMPLICITEMENT QUE LES USA SONT TERRORISTES

Le 27 novembre, Bush a déclaré aux médias que : " tous ceux qui fabriquent des armes de destruction de masse aux fins de terroriser le monde" sont des terroristes --une définition qui s'applique admirablement aux Etats-Unis, mais pas à ses yeux. Seuls les autres sont visés : les autres états qui font la même chose "devaient changer de politique vite s'ils ne veulent pas que les USA y mettent bon ordre" a-t-il conclu. Pour lui, cela signifie que l'Irak doit accepter à nouveau la commission de contrôle "de l'ONU" dont le directeur était de si mauvaise foi que les Alliés n'ont pas osé la renouveler. L'Irak a répondu qu'il ne se laisserait pas intimider. L'aviation anglo-américaine a bombardé le 27 à nouveau le sud de l'Irak, dans une action routinière qu'elle poursuit depuis des années, prétendant que l'Irak n'a pas le droit d'avoir des défenses anti-aériennes sur son propre sol, mais qu'elle avait interrompu depuis le début de la guerre en Afghanistan.

 

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Mardi 27 novembre 2001

 

1-LA CATASTROPHE HUMANITAIRE EN AFGHANISTAN

2-VENGEANCE SANGUINAIRE A KUNDUZ

3- 800 PRISONNIERS MASSACRES DANS UN FORT PRES DE MAZAR-I-SHARIF : MUTINERIE OU CORVEE DE BOIS ?

1-LA CATASTROPHE HUMANITAIRE EN AFGHANISTAN
10 jours avant les bombardements, la FAO (organisation des Nations-Unies)avait prévenu que 7 millions d'Afghans étaient menacés de famine, étant donné la sécheresse des trois dernières années, s'il y avait une intervention militaire. La FAO a répété cet avertissement après le début des bombardements et les agences des Nations-Unies -- FAO, Haut commissariat aux réfugiés -- avec 5 ONG humanitaires ont demandé l'interruption des bombardements pour faire parvenir de la nourriture et des couvertures aux Afghans pris aux piège dans les montagnes et à ceux qui sont sur les routes. Mais les bombardements ont continué. Les bombardements ont détruit 80 % des cultures du pays, ce qui signifie une famine encore plus grande l'année prochaine. Plusieurs mois pendant lesquels il aurait fallu distribuer de la nourriture à la population afghane ont été perdus, et il est trop tard pour beaucoup ( Dawn, 27.11).

 

2-VENGEANCE SANGUINAIRE A KUNDUZ
Quand les journalistes du Independent sont arrivés à Kunduz, des Taliban blessés et en train de mourir étaient dans la rue. Les gens regardaient leur agonie sans un geste ni un mot de compassion. On a laissé les cadavres pourrir, et l'odeur était forte. Les commandants de l'Alliance du Nord prétendent que ces soldat ont été tués dans des combats. Mais les journalistes ont pu voir que plusieurs avaient les deux gros orteils attachés ensemble, de façon à les empêcher de courir, et pensent qu'ils ont été exécutés. (J. Huggler, The Independent, 27.11).

 

3- 800 PRISONNIERS MASSACRES DANS UN FORT PRES DE MAZAR-I-SHARIF : MUTINERIE OU CORVEE DE BOIS ?
Alim Razim, conseiller du Général ouzbek Dostum, le "boucher de Mazar" qui s'est partagé Kunduz avec le Général tadjik Daoud, dit que 5000 Taliban ont été fait prisonniers. Environ 800 d'entre eux ont été transférés dans un fort près de Mazar-i-Sharif, et ont été massacrés par 2000 soldats de l'Alliance aidés par une dizaine d'Américains qui étaient sur place et par l'aviation américaine qui a bombardé le fort. (The Guardian, 27.11). Au moins trois versions de l'histoire circulent, (ce qui fait deux de trop). Elles évoquent une mutinerie des prisonniers. Il faudrait croire que ces Taliban très dangereux n'auraient été désarmés ni lors de leur capture à Kunduz, ni lors de leur emprisonnement dans le fort.

 

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Lundi 26 novembre 2001

 

1-INTERVIEW DE FRANCIS BOYLE, PROFESSEUR DE DROIT INTERNATIONAL A L'UNIVERSITE L'ILLINOIS SUR L'ETAT D'URGENCE EXTRAORDINAIRE DECLARE PAR GEORGE W. BUSH.

 

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Jeudi 22 novembre 2001

 

1-POUR RESTER MAITRES DU JEU, LES USA RETARDENT LES OPERATIONS HUMANITAIRES

2-QUATRE FACTIONS AFGHANES SE REUNISSENT DU 26 NOVEMBRE AU 7 DECEMBRE A BONN

3-LES RIVALITES ENTRE CHEFS DE GUERRE RETARDENT LE SIEGE DE KUNDUZ

 

1-POUR RESTER MAITRES DU JEU, LES USA RETARDENT LES OPERATIONS HUMANITAIRES 

Pour la première fois, de l'eau dans le gaz entre les USA et la GB. La France et la GB veulent que le pont de l' Amitié sur le fleuve Amu-Darya, qui conduit de l'Ouzbékistan au nord de l'Afghanistan, soit rouvert le plus vite possible. C'est la seule route que puissent emprunter les convois apportant de la nourriture à trois millions d'Afghans qui sont en train de mourir de faim. Mais c'est Tommy Franks, le commandant américain, qui en décide. Or les USA ne veulent pas que les troupes françaises et anglaises entrent en Afghanistan avant que les USA n'aient pu proclamer leur victoire totale sur Al Qaeda et les Taliban, de peur de voir leur guerre se transformer en opération internationale sur laquelle ils n'auraient plus un contrôle total. Clare Short, secrétaire du comité britannique pour le développement international, a déclaré au parlement anglais le 21 nov.: "Nous et les Français sommes prêts à partir…il y a un retard et nous le regrettons". 

 

2-QUATRE FACTIONS AFGHANES SE REUNISSENT DU 26 NOVEMBRE AU 7 DECEMBRE A BONN

Yunis Qanuni, ministre de l'intérieur de l'Alliance du Nord, dirigera la délégation de celle-ci. L'ancien roi , Zahir Shah, sera représenté par Ahmed Karzai; mais la présence d'un femme dans son entourage pourrait susciter les protestations des autres factions. Le groupe dit "de Peshawar", soutenu par le Pakistan, sera représenté par un monarchiste, Pir Sayed Ahmad Galaini. Le quatrième groupe est celui dit "de Chypre". Il est associé au chef de guerre Pachtoun, Hekmatyar. L'Alliance le déteste, ainsi que les citoyens ordinaires de Kaboul (en raison de son rôle dans la guerre civile 1992-1996).Il est soutenu par l'Iran.

 

 3-LES RIVALITES ENTRE CHEFS DE GUERRE RETARDENT LE SIEGE DE KUNDUZ

Depuis 10 jours le siège de Kunduz par l'Alliance du Nord est annoncé. Les Américains bombardent de façon lourde pour aider l'Alliance. Des rumeurs de tractations sur la reddition des Taliban enfermés dans Kunduz circulent. Le Pakistan a protesté auprès des Nations-Unies à propos des déclarations de l'Alliance disant que les Taliban non-afghans ne seraient pas faits prisonniers mais tués, même s'ils se rendent. Human Rights Watch et d'autres organisations protestent contre les déclarations de Rumsfeld permettant à l'avance des massacres contraires au droit international : au droit de l'ONU et aux conventions de Genève sur la guerre. Ce qui retarde le siège, selon l'envoyé spécial de BBC World, ce sont les rivalités entre Dostum et un autre chef de guerre, chacun voulant arriver le premier pour étendre son territoire. Une mission internationale vient de découvrir un charnier contenant les corps de 600 Taliban dans le fief de Dostum, le boucher de Mazar-i-Charif.

 

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Mecredi 21 novembre 2001

 

1 - LES TALIBAN TIENNENT UNE CONFERENCE DE PRESSE A KANDAHAR

2 - LES FEMMES TOUJOURS EXCLUES DES DISCUSSIONS SUR LE FUTUR GOUVERNEMENT AFGHAN

 

1 -LES TALIBAN TIENNENT UNE CONFERENCE DE PRESSE A KANDAHAR

Reportage filmé de BBC World, 11 heures GMT

Un Taliban de 25 ans, qui a appris l'anglais à Quetta (Pakistan) a répondu ce matin aux questions d'une vingtaine de journalistes occidentaux.

Résumé :

"Les Taliban contrôlent Kandahar et 5 ou 6 provinces autour de Kandahar, n'ont pas l'intention de se rendre, ni de participer aux négociations organisées par l'ONU à Berlin. Toutes les "Loya Jirga" organisées à l'étranger ont été des échecs jusqu'à présent.

Les attentats de New York sont dus à des personnes qui étaient en Amérique, ne sont pas connectés à l'Afghanistan. "Vous devez oublier les attentats. En ce moment, il y a une guerre contre l'Afghanistan et l'Islam qui sont attaqués, et c'est notre peuple innocent qui meurt". Les attentats sont le problème de Bush et de Blair, pas celui de l'Afghanistan".

Ce n'est pas l'ONU qui nous fait la guerre, ce sont les USA. L'ONU est aux ordres des Américains, ce sont eux qui la dirigent.

Les Taliban n'ont pas de rapport ni de communication avec Ben Laden.

Les forces qui les attaquent et qui sont à Kaboul sont les mêmes qui ont créé des problèmes il y a quelques années et ont été incapables de maintenir une stabilité. Les Taliban ne sont pas intervenus (en 1996) pour prendre le pouvoir.

Nous défendrons notre nation, et notre ordre musulman, et la Charia, jusqu'à la mort. Nous avons l'appui d'assez de chefs tribaux et de la "Umma" (la communauté spirituelle des musulmans à travers le monde)."

Commentaire : les résumés des journalistes occidentaux mettent l'accent sur l'intention des Taliban d'aller au martyre. Ils omettent de mentionner les deux références faites par le porte-parole Taliban à la "Umma". Pourtant, il est prévisible que cet interview, largement diffusé, renforcera la solidarité que musulmans dans le monde ressentent et expriment vis-à-vis des Taliban. L'opinion que, quoique disent les leaders occidentaux, cette guerre est une guerre contre l'Islam, est largement partagée chez les musulmans, y compris en Europe.

 

2 - LES FEMMES TOUJOURS EXCLUES DES DISCUSSIONS SUR LE FUTUR GOUVERNEMENT AFGHAN

Reportage filmé de BBC World, 12 heures GMT

Emma BONINO, du parlement européen, interviewée sur les droits des femmes, à Bruxelles 

"Le gouvernement de l'Alliance du Nord a accepté les choses suivantes concernant les droits des femmes :

--elles ont le droit de travailler, et d'aller à l'école

--elles ne seront plus tenues de porte la burqa, mais le foulard islamique (le hidjab) restera obligatoire.

Une manifestation de femmes a eu lieu à Kaboul aujourd'hui. En dépit de la pression des associations de femmes afghanes comme RAWA, NEGAR, et d'associations qui les soutiennent dans le monde, et de leurs demandes répétées d'être associées aux négociations de Berlin, aucune représentation des femmes n'est prévue.

Une journée mondiale pour obtenir la participation de représentantes des femmes afghanes qui ont résisté à l'ordre Taliban est organisée dans le monde entier le 1er décembre." 

Commentaire : Il est clair que seule la pression occidentale parvient à arracher quelques concessions de l'Alliance du Nord, qui a encore besoin de l'aide militaire occidentale, sur le statut des femmes. Ceci ne doit pas étonner : les Moudjahidin ont lutté contre le régime communiste au nom des normes et valeurs traditionnelles de leur société, dont l'enfermement des femmes. Arrivés au pouvoir en 92, ils ont établi la charia. Les Taliban ont pris le pouvoir pour appliquer plus fermement les valeurs et les normes qu'ils partagent avec les Moudjahidin, dont ils faisaient partie.

 

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Mardi 20 novembre 2001

1-SUBSTITUTION D'OBJECTIFS : DE LA CAPTURE DE BEN LADEN AU RENVERSEMENT DES TALIBAN

2-TRANSFORMATION DE LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME EN CAMPAGNE POUR LES DROITS DES FEMMES

3-ON BOMBARDE D'ABORD, ON POSE DES QUESTIONS APRES

4-LA GUERRE EST-ELLE NECESSAIRE POUR RENVERSER LES TALIBAN ?

5-CE N'EST PAS POUR SAUVER LES AFGHANS QUE LA GUERRE A ETE DECLAREE

 

1-SUBSTITUTION D'OBJECTIFS : DE LA CAPTURE DE BEN LADEN AU RENVERSEMENT DES TALIBAN

Le renversement des Taliban est devenu un objectif secondaire dès la première semaine de la guerre, quand les USA ont annoncé leurs doutes sur la capture de Ben Laden. Après 43 jours de guerre, la substitution est complète. La déroute des Taliban est célébrée comme la victoire de la guerre comme si cela avait toujours été l'objectif premier. Cependant de nouveaux doutes se manifestent  : en quoi l'Alliance du Nord, dont l'accaparement du pouvoir est chaque jour plus assuré, est-elle préférable aux Taliban ? Certains ne font pas vraiment la différence, ainsi Kim Sengupta, journaliste au Independent, le 19 nov. qui appelle dans la même phrase les mêmes gens parfois "Alliance du Nord" et parfois "Taliban": "Le chef des renseignements de l'Alliance du Nord, l'ingénieur Arif a déclaré que tous les soldats anglais sauf 15 devaient repartir car ils sont arrivés sans permission... Cependant , on ne sait pas comment l'Alliance va réagir à l'accroissement numérique des troupes anglaises...Ben Bradshaw, Ministre des Affaires Etrangères (GB) a dit quant à lui que les leaders des Taliban sont satisfaits de la présence des troupes anglaises et que les propos de M. Arif ne reflètent pas ceux des leaders Taliban".( Kim Sengupta, The Independent, nov.19).

La situation est vraiment TRES confuse. D'où la campagne sur le thème des droits des femmes.

 

2-TRANSFORMATION DE LA GUERRE CONTRE LE TERRORISME EN CAMPAGNE POUR LES DROITS DES FEMMES

Cette campagne semble résoudre une question (la guerre, pour quoi faire ?), mais en pose une autre : la Serbie a été bombardée parce qu'elle était en train d'exterminer les Kosovars--on n'a su qu'après que la plupart des massacres avaient commencé postérieurement aux bombardements de l'OTAN. Avec la guerre afghane, un pas de plus a été franchi. Les raisons du "devoir d'ingérence" militaire s'étendent. Les droits humains, ici ceux des femmes, méritent qu'on fasse la guerre pour eux, c'est la conclusion de l'opinion, puisque c'est le seul résultat tangible de cette guerre.

 

3-ON BOMBARDE D'ABORD, ON POSE DES QUESTIONS APRES

Mais à ce stade, un problème se pose : car, pour protéger des droits humains, on en bafoue d'autres, et parfois ceux des mêmes personnes. Pour garantir le droit des Afghanes en général à sortir dans la rue, à l'éducation et aux soins, on en a tué certaines, envoyé en exil des millions, et condamnées à la mort des milliers. Par ailleurs, les intéressées ont-elles le droit de donner leur avis ? Cette question n'est pas posée, mais on sent que les journalistes voudraient pouvoir y répondre : ils et elles sollicitent des interviews d'Afghans "libérés"  (pas encore d'Afghanes libérées) qui disent devant les caméras combien les Taliban étaient mauvais et combien ils sont contents que les Américains aient bombardé leur pays, même si leur fils y a laissé une jambe ou la vie. On veut bien croire la première chose, mais la deuxième … ?

 

4-LA GUERRE EST-ELLE NECESSAIRE POUR RENVERSER LES TALIBAN ?

Simon Jenkins, dans The Times de la semaine dernière (The Guardian, 17 nov.) dit : "si les Taliban se sont écroulés si facilement, ils auraient aussi facilement cédé à la pression qui était mise sur eux par les Saoudiens , les Iraniens, et les Pakistanais avant les bombardements".

Le même avis est exprimé par Nelofer Pazira, exilée afghane à Londres, et vedette du film "Kandahar". "Il existe un telle haine entre les communautés ethniques. Il y a eu une guerre civile; la frustration, la colère et les problèmes qu'elle a laissés ne sont pas résolus. Elle pense que même si un gouvernement de coalition est formé, ses jours seront comptés, et que les rivalités entre tribus le casseront. "L'Occident pense que cette guerre a été efficace mais je ne le pense pas." Comme Jenkins, elle pense qu'une solution aurait pu être trouvée sans bombes et sans agression. "Rappelez-vous que la guerre n'a pas été faite pour le bien des Afghans , mais pour les intérêts américains". (The Independent, nov.19).

Dans le climat euphorique et auto-justificateur qui règne en Occident aujourd'hui, où le "bien des Afghans" est mis en avant, il est essentiel de remettre les pendules à l'heure pour les mémoires courtes.

 

5-CE N'EST PAS POUR SAUVER LES AFGHANS QUE LA GUERRE A ETE DECLAREE

Pourquoi elle a été déclarée reste un mystère, que nous éclaircirons peu à peu.

 

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Lundi 19 novembre 2001

 

1-BOMBARDEMENTS EN TAPIS LE 19 NOVEMBRE

2- EFFORT DE GUERRE : LES PREMIERES DAMES AU CHARBON

3-LA PLUS GRANDE MANIF EN ANGLETERRE DEPUIS LE VIETNAM

1-BOMBARDEMENTS EN TAPIS LE 19 NOVEMBRE A nouveau l'aviation américaine a procédé à des bombardements en tapis près de Kunduz, où tiennent encore quelques Taliban. Il visaient des villages, par erreur, et ont tué 150 civils. Le Monde, bien qu'il sorte plus tard, n'en parle pas, le journal télévisé de 20 heures non plus. Seul le journal The Independent le révèle.

Le bombardement en tapis, continue donc d'être utilisé--il l'a été depuis le début de ces 43 jours de guerre.

Ce type de bombardement, que l'on a pu voir à la télévision, en particulier sur BBC World consiste à larguer littéralement des tapis de bombes pendant des heures sur des espaces couvrant plusieurs kilomètres carrés, et de façon à ce qu'aucun pouce de terrain ne soit épargné. Ces bombardements sont explicitement condamnés par les règlements de l'ONU, qui n'autorise que le bombardement ciblé d'objectifs militaires. Cependant, les USA s'y livrent sans que personne ne leur reproche.

De même, ils ont utilisé des bombes à fragmentation (cluster bombs) : ces bombes sont anti-personnel, et au lieu de faire des cratères, elles lancent des explosifs dans un rayon de 200 m alentour, à hauteur de personne : c'est pourquoi on les appelle des bombes anti-personnes (anti-personnel ). De plus, elles laissent sur le sol des explosifs non explosés. Ces mines non-enterrées, à l'air libre, sont enveloppées de plastique jaune et éveillent la curiosité des enfants. Dès qu'elles sont touchées, elles explosent. Le plastique qui les enveloppe est le même que celui qui enveloppe les rations alimentaires individuelles larguées par les Américains au titre de "l'aide humanitaire". Les Américains disaient au début du mois sur BBC World qu'ils allaient envoyer des tracts expliquant la différence entre les 2 sortes de paquets jaunes. Les paquets alimentaires étaient libellés en anglais : "This is a gift of the American people to the Afghan people". On ne sait pas dans quelle langue les tracts ont été écrits. De toutes façons, la plus grande partie de la population surtout les enfants et les femmes, est analphabète.

2- EFFORT DE GUERRE : LES PREMIERES DAMES AU CHARBON

La recherche de buts de rechange à la guerre se poursuit. La guerre était destinée à trouver Ben Laden. Son but est devenu la chute des Taliban. Maintenant, la libération des femmes est mise en avant comme constituant, de façon rétrospective, un des buts de la guerre. Mme Bush et Mme Blair ont été forcées de faire des déclarations publiques à ce sujet le 18 nov. Le Monde l'a annoncé avec un jour de retard sur les quotidiens anglais. Jospin est maintenant prévenu, et à tout moment désormais on pourrait entendre Sylviane Agacinski, et peut-être même Bernadette Chirac.

3-LA PLUS GRANDE MANIF EN ANGLETERRE DEPUIS LE VIETNAM.

Hier dimanche 18 novembre, une manifestation contre la guerre a réuni 50 000 personnes selon les organisateurs (15 000 selon The Independent)

Des membres historiques du parti travailliste étaient présents, dont Tony Benn, très applaudi quand il a traité les USA de "terroristes" et annoncé qu'on assistait à la naissance d'un mouvement mondial pour la paix. Il y avait aussi beaucoup de syndicats nationaux : pompiers, enseignants, transports, rail. Il y avait également des délégations du CND (Comité pour le désarmement nucléaire), des Verts, et d'organisations musulmanes.

 

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Dimanche 18 novembre 2001

1-LES PLANS DES OCCIDENTAUX POUR L'AFGHANISTAN.

2- LES USA MENACENT-ILS D'AUTRES PAYS ? DES DOUTES SUR L'IDENTITE DU VICE-PRESIDENT US.

3- QUELLES SONT LES CHANCES DE REUSSITE DES PLANS OCCIDENTAUX ?

4- DANS QUELLE GALERE LES GOUVERNEMENTS ONT-ILS ENGAGE LEURS TROUPES ?

1--Les plans des Occidentaux, discutés au QG de l'opération "Liberté immuable" : partager le pays en zones d'influence. Les objectifs : acheminer l'aide, empêcher les massacres, mais surtout agir en coulisses.

Leur but est de jouer les éminences grises (voir Sengupta, The Independent, 17 nov., "Les Alliés essaient de jouer les éminences grises"). Un officiel de l'ONU l'a dit au journaliste de The Independent, David Usborne : " Il ne faut pas prendre les rênes dans ce genre de situation, on se met derrière eux et on joue les ventriloques, tout en donnant l'impression que ce sont eux qui décident".

2-- Pour la troisième fois, cette fois par la voix de Dick Cheney, le Vice-président, les USA menacent d'attaquer d'autres pays, après qu'ils en auront fini avec l'Afghanistan. Selon Ewen MacAskill de The Independent (17 nov.), il a déclaré sur la station Pachtou de la BBC qu'il y a entre 40 et 50 pays, la Somalie et l'Irak en tête de liste, contre lesquels "ils sont prêts à engager des actions militaires si besoin en est". Claire Tréan, dans Le Monde du même jour, assure au contraire, que  "au fil des semaines il est apparu que…malgré certaines déclarations… le projet de l'administration Bush n'était pas de porter la guerre hors d'Afghanistan, en Irak, en Somalie, au Yémen.." Qui est le vice-président des USA ? Dick Cheney ou Claire Tréan ?

3--Arriveront-ils à leurs fins ? Selon R.Fisk (The Independent, 17 nov."Les factions rivales") les Occidentaux s'imaginent qu'il leur suffit de réunir la Loya Jerga et qu'avec leur aide tout le monde se mettra d'accord sur un compromis. C'est plaquer sur l'Afghanistan des concepts occidentaux. La Loya Jerga n'est pas un grand conseil de tout le monde, mais seulement des Pachtoun.

Les tribus présentes en Afghanistan ont autant sinon plus de contacts et d'affinités avec les mêmes tribus au-delà des frontières -- les Ouzbek avec ceux d'Ouzbékistan, les Tadjik avec ceux du Tadjikistan, les Pachtoun avec les tribus du Nord-Ouest du Pakistan, les Hazara avec les chiites iraniens, etc. -- qu'ils n'en ont entre eux. Pour eux, l'Afghanistan qui compte, ce n'est pas tout le pays, mais la région où ils habitent.

4-- Les troupes : Anglais, Français, Turcs, avec un petit peu d'Allemands, Italiens, Jordaniens et Bangladais (Sengupta). Les USA ne veulent pas déployer plus de troupes au sol que les quelques centaines de SAS qui y sont déjà, prétextant qu'ils ont assez à faire de traquer Ben Laden à pied, en voiture et à cheval. Rumsfeld a montré à la télé des images de trois cavaliers chevauchant gaiement : "Vous voyez, a-t-il dit fièrement, celui avec la tenue claire, c'est un Américain".

Dans ces conditions d'émiettement tribal et de rivalités, des troupes étrangères, même si elles avaient été sollicitées par le gouvernement --s'il existait un gouvernement--, ne sont pas en sécurité. Les troupes soviétiques avaient été appelées par le gouvernement marxiste, mais les tribus conservatrices, les Moudjahidin tant admirés à l'époque par les néo-romantiques français, les ont combattus. Pourquoi le gouvernement français pense-t-il que les tribus réagiront autrement aux troupes françaises ou anglaises ? ou turques ? De surcroît, cette fois, personne ne nous demande rien, au contraire. L'Alliance du Nord vient de dire clairement, par son ministre des A.E., qu'elle n'avait pas demandé les 100 Anglais déjà arrivés à Bagram, et qu'elle refuse les 4 000 de plus qui sont en route.

La présence militaire, même "humanitaire", est imposée aux Afghans, et elle est dangereuse pour les troupes concernées. Est-ce pour cela que les Américains y envoient les autres ?

 

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Samedi 17 novembre 2001

FACE AU TRIOMPHALISME DES MEDIAS FRANÇAIS, QUELQUES MISES AU POINT :

Les forces anti-guerre se démobilisent parce que les médias français se livrent à une propagande éhontée : la guerre est finie avec la "prise de Kaboul" par des forces amies ; c'est avec l'accord des Afghans que les troupes américaines, anglaises et françaises débarquent en Afghanistan, et avec le soutien de leurs opinions ; le "problème des femmes" est réglé, la démocratie va être instaurée en Afghnistan grâce au soutien de la communauté internationale.

Ces assertions sont fausses.

1 - LA GUERRE N'EST PAS FINIE.

La situation est extrêmement confuse (voir les nouvelles précédentes). La totalité du territoire afghan n'est pas conquis par l'Alliance du Nord, loin de là. La stratégie des Taliban est opaque : vont-ils se regrouper, ou se livrer à la guérilla à partir des collines ?

Les risques d'une guerre d'usure durable entre les Taliban d'une part, et l'Alliance du Nord aidée par les troupes au sol américaines sont très grands. D'autre part, dès le 14 à 12 heures, BBC World annonçait que les différents chefs de guerre se sont déjà partagé les provinces, information reprise par Le Monde daté du 16 nov. La guerre des tribus va-t-elle reprendre comme en 1992 ? Tout le laisse à penser, y compris l'inquiétude des Occidentaux : selon The Guardian du 14 nov. les troupes anglaises n'ont pas de mission officielle, mais leur mission officieuse serait de "marquer" les troupes de l'Alliance du Nord pour empêcher massacres et luttes intestines. L'Alliance du Nord n'a pas accepté le débarquement des troupes occidentales ; elle ne veut pas non plus d'une force de paix intrenationale, ni des propositions de l'ONU pour un gouvernement d'union.

Enfin, l'arrivée des Taliban en retraite dans les provinces du Nord-Ouest du Pakistan (territoires tribaux Pachtounes) pourrait conduire à une lutte armée de certains Pachtoune contre l'armée pakistanaise. Ceci mettrait le feu au baril de poudre qu'est le Pakistan depuis son entrée dans la "Coalition". L'opposition à l'intervention occidentale n'y est pas, contrairement à ce que disent les médias occidentaux, le fait des seuls fondamentalistes, puisque l'opposition démocratique est également contre la guerre Le général Moucharraf n'ayant aucun parti avec lui, cela signifie que toutes les organisations politiques sont contre le soutien de Moucharraf aux Américains (voir le quotidien Dawn.

2- PAS DE TROUPES FRANCAISES EN AFGHNANISTAN SANS DEBAT.

Le gouvernement Jospin, qui offre ses services aux Américains depuis le 11 septembre, a finalement obtenu d'eux d'envoyer des "Marsouins" (infanterie de marine). Pour quoi faire ? Probablement pour être là, avec les Anglais, et prendre son rang comme deuxième allié des USA. En Allemagne, la proposition d'envoyer des soldats est discutée au parlement. En Grande-Bretagne, elle ne l'a pas été et ne l'est toujours pas. En France, la possibilité même d'une discussion a été écartée par Jospin dès après les attentats du 11 septembre. Ceci est une atteinte à la démocratie, tout autant que les nouvelles lois policières et liberticides. Et en un moment pas un jour ne passe sans que les régimes occidentaux se présentent comme incarnant la "démocratie", et rapportent tout à ce caractère unique qu'ils détiendraient : on les attaque "parce qu'ils sont des démocraties" et ils bombardent "justement", puisque au nom de la démocratie contre l'obscurantisme. Maintenant, c'est encore au nom de la démocratie qu'ils envoient des troupes en Afghanistan.

3-LA CAUSE DES FEMMES INTRUMENTALISEE POUR CACHER LA DEBACLE OCCIDENTALE : MISE AU POINT SUR L'ALLIANCE DU NORD.

Pendant ce temps, les bombardements américains ont ramené au pouvoir en Afghanistan l'Alliance du Nord.

Il est avéré depuis longtemps, bien que les grands médias n'en parlent que peu, que leur entrée dans Kaboul en 1992 fut une catastrophe. Entre 1992 et 1996, la population subit toutes sortes d'atrocités de la part de leurs troupes. Les tribus avaient découpé Kaboul –comme le reste du pays– en territoires ethniques, contrôlés par des chefs de guerre. Les bandes armées de ceux-ci violaient, volaient, et rançonnaient les civils (voir R.Fisk, The Independent, 14 nov., entre autres sources). La circulation d'un quartier à l'autre était impossible. On parle de 50 000 meurtres de civils pendant cette période (Rouge, 17 nov.)

Ceci explique que les Taliban furent bien accueillis au début, car ils mirent fin à cet état de guerre permanent. Ensuite, très vite ils mirent en place le système répressif pour tous mais atroce pour les femmes, que l'on connaît bien maintenant et que les féministes dénoncent depuis des années. Mais la différence entre les Taliban et l'Alliance du Nord n'est pas grande, ni pour RAWA, qui craint l'Alliance du Nord (voir leur communiqué) ; la présidente de NEGAR, Shoukria Haïdar, soutient l'Alliance, mais sans se faire d'illusions (voir l'interview avec elle).

La population de Kaboul a donc des craintes légitimes que ce qui s'est passé entre 1992 et 1996 ne se répète (BBC World, 16 nov.), et d'après les reporters sur place de TF1 (journal du 15 nov.). En tous les cas, elle s'enferme chez elle ; Kaboul ressemblait, deux jours après sa "prise", à une ville morte.

4 - Y A-T-Il UN ESPOIR DE GOUVERNEMENT EQUILIBRE ET VIABLE DANS L'AFGHANISTAN POST-TALIBAN ?

L'ONU a voté le 16 nov. une résolution approuvant les recommandations de Brahimi, rapporteur spécial pour l'Afghanistan. La Russie a voté cette résolution.

Mais, à peine de retour du ranch de Bush, et le lendemain de cette résolution, Poutine fait volte-face : son ministre des Affaires étrangères déclare qu'il ira discuter à Kaboul avec le gouvernement légal d'Afghanistan, c'est-à-dire le. le gouvernement Rabbani, c'est-à-dire avec l'Alliance du Nord. La Russie va donc appuyer la position de l'A. du N., qui a déjà l'argument d'être sur le terrain. Or la position de l'Alliance est très claire depuis longtemps : elle veut détenir pas moins de la moitié des tous les fauteuils dans n'importe quel gouvernement. La résolution de l'ONU, au contraire, demande un gouvernement équilibré, ce qui signifie que l'Alliance du Nord n'aurait pas plus de 25 % des sièges au maximum. Et cette proportion est encore trop importante aux yeux du Pakistan et de l'Iran. Même si l'on traite ces pays comme des quantités négligeables, au risque de voir la guerre s'y étendre, il est clair qu'il y désormais un conflit ouvert entre la Russie, qui veut garder la haute main via son allié et féal, l'Alliance du Nord, qu'elle arme depuis des années, et les Américains.

L'issue politique est plus loin que jamais. Les risques de guerre (voir plus haut), en sont d'autant augmentés. Vera-t-on les "Alliés "occidentaux faire la guerre à l'Alliance du Nord ?

 

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Vendredi 16 novembre 2001

L'ALLIANCE DU NORD ACCEPTE L'AIDE MILITAIRE MAIS REFUSE TOUTE INGERENCE POLITIQUE DES "ALLIES". LA SITUATION MILITAIRE EST TRES CONFUSE.

Selon The Guardian du 15 novembre, l'Alliance du Nord victorieuse ne veut pas de force internationale de main tien de la paix : elle n'acceptera la présence de représentants des Nations Unies qu'en tant qu'observateurs. Elle a rejeté aussi les plans des USA, du Royaume-uni, et de l'ONU concernant un gouvernement pluriel incluant des éléments Taliban modérés. Les habitants de Kaboul, en majorité Pachtoune, craignent la répétition des pillages, meurtres et découpage en fiefs de la région, qui s'étaient produits en 1992, lorsque l'A. du N (en majorité Tadjik), avait envahi Kaboul une première fois sous les ordres de Massoud. Jusqu'à présent, les soldats de l'Alliance du Nord semblent avoir une conduite discrète à Kaboul, selon certaines informations, alors que d'autres (Robert Fisk dans The Independent du 14 novembre, le New York Times du 14 novembre) parlent des pillages et des lynchages qui ont suivi l'entrée de l'Alliance du Nord dans Kaboul. Human Rights Watch se plaint que la situation soit si confuse qu'on ne peut pas vérifier les assertions de massacres de Taliban. Amnesty International (Grande -Bretagne) a écrit à Tony Blair pour lui reprocher son indifférence aux crimes passés de l'Alliance, qui équivaut à être complice de ses crimes futurs. L'Afghanistan est à nouveau découpé en fiefs féodaux par les chefs de guerre : Dostum pour la troisième fois à Mazar-i-Charif, qui a gardé un souvenir horrible de ses deux premières entrées dans la ville, Ismaïl Khan à Herat, Hamid Karzai à Uzurgan, Gul Agha Shezai à Kandahar, Karim Khalili à Bamiyan, et Yunus Khalis à Jalalabad.

Les plans militaires des Alliés sont très flous, peut-être parce que la retraite des Taliban est diversement interprétée : démoralisation, repli stratégique pour organiser un regroupement, ou repli dans les collines pour se livrer à la guérilla ? La Grande -Bretagne envoie 4 000 hommes sur le terrain sans mission précise, sauf celle de protéger des forces de l'Alliance les Pachtounes qui fuient vers le Sud. Les Américains parlent de bombarder les grottes où pourrait se cacher Ben Laden (mais on ne sait pas où il est) mais aussi de s'engager dans une guérilla avec les Taliban des collines.

La prise de Kaboul est célébrée en Grande-Bretagne comme une victoire de l'option guerrière. C'est paradoxal, remarque George Monbiot, dans The Guardian : "Hier on avait réussi à persuader l'Alliance du Nord de ne pas entrer dans Kaboul et on l'a vu comme une victoire pour l'Occident. Maintenant ils ont pris Kaboul, et ceci aussi est vanté comme une victoire pour l'Occident".

 

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Jeudi 15 novembre 2001

Interview de James Baker sur BBC

Sur BBC World James Baker a été interviewé. Le journaliste lui demandant si , avec les nouvelles des massacres perpétrés par l'Alliance du Nord, on n'échangeait pas une bande d'assassins pour une autre. James Baker a répondu que les ennemis en ce moment sont les Taliban, et que d'ailleurs ce ne sont pas des enfants de chœur. Sur le problème de l'absence de contrôle sur l'Alliance du Nord, démontrée par le fait qu'elle est entrée dans Kaboul contre les objections des Américains : Baker a répondu que la priorité est de chercher Ben Laden, dans le Sud de l'Afghanistan, de détruire les Taliban et de "leur faire ce qu'ils ont fait à des milliers de gens". Il n'a pas répondu à la question de savoir comment un gouvernement pluriel ("broad-based") et multi-ethnique pourrait désormais être formé, alors que l'A. du N. occupe les 3/4 du pays.

 

Journaliste : Avec ce qu'on apprend :des massacres à Mazar-i-Charif et à Kaboul, des lynchages de Taliban à Kaboul, ne sommes-nous pas en train d'échanger un groupe d'assassins pour un autre ?

James Baker : Peut-être mais il ne faut pas oublier que pour l'instant, nos ennemis sont les Taliban; et ce ne sont pas des enfants de chœur.

Journaliste : l'AN est entré dans Kaboul contre les souhaits de l'administration Bush , comment allons-nous les contrôler ?

JB: Nos buts sont de trouver Ben Laden et de détruire les Taliban en premier. Pour cela , la bataille va se déplacer dans le Sud, et nous ferons aux Taliban ce qu'ils ont fait à des milliers de civils.

Journaliste : Sur la lutte contre le terrorisme. Le Liban, les Palestiniens, disent que le Hezbollah et le Hamas sont des résistants, et les USA disent que ce sont des terroristes

JB : Le terrorisme est le terrorisme; tuer des civils pour des buts politiques est du terrorisme. Condoleeza Rice a eu raison de dire aux Palestiniens qu'on ne peut pas défendre un groupe terroriste (comme le Hamas) et participer à la coalition.

Journaliste : Qu'allez-vous faire avec le Liban et la Syrie ?

JB: Ils peuvent contribuer à la lutte contre Al Qaeda.

Journaliste : Que pensez-vous des buts de Wolfowitz d'aller en Irak et de "terminer" des gouvernements ?

JB : Pour "terminer" des gouvernements, il faut occuper les pays. Ce n'est pas l'avis officiel de l'administration.Il faut limiter nos buts

Journaliste : Allez-vous prendre une attitude plus ferme vis-à-vis d'Israêl ?

JB : Les deux côtés doivent faire des efforts.

 

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Mercredi 14 novembre 2001

Kaboul a été prise hier 13 novembre par l'Alliance du Nord. Les médias français parlent sans retenue de "libération", et s'alignent sur les supporters de l'Alliance du Nord qui la présentent commme une force libérale. Les télévisions étrangères, BBC World et CNN, en revanche, parlent de l'embarras des Américains qui ont vainement essayé d'empêcher la progression "trop rapide" de l'Alliance du Nord sur le terrain. Car les négociations sur la composition du gouvernement de "l'après-Taliban", étaient déjà difficiles avant la prise de Kaboul : pas moins de 6 processus en cours dans 6 capitales depuis un mois, sans solution en vue. Aujourd'hui, les Occidentaux, qu'il s'agisse de l'ONU ou des "Alliés", ne pourront plus imposer de solution qui évite les 50 % de représentants exigés par l'Alliance du Nord : une proportion inacceptable pour les autres composantes de la société afghane. Les conditions de la reprise d'une guerre civile durable sont réunies. Par ailleurs, peut-on considférer l'Alliance du Nord comme l'amie des droits des femmes ? Nous vous proposons trois documents à ce sujet.

  1. Le peuple d'Afghanistan n'accepte pas la domination de l'Alliance du Nord ! / The people of Afghanistan do not accept domination of the Northern Alliance!, RAWA

  2. Un avenir voilé par de faux espoirs / A Future Veiled in False Hopes, Nafisa Hoodbhoy, The Washington Post, November 11, 2001

  3. La différence entre les talibans et les fondamentalistes moudjahidin / The difference between Taliban and jehadi fundamentalists, RAWA

 

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Dimanche 11 novembre 2001

Interview de Shoukria Haïdar, présidente de NEGAR, Association de Défense des Femmes Afghanes, par Christine Delphy.

 

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