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Dossiers
. Les brutalités policières (France, USA)
. La situation des prisonniers de Guantánamo - Les tribunaux militaires US
. La "lutte anti-terrorisme" et le renforcement de l'appareil répressif (français)
. La "lutte anti-terrorisme" et le renforcement de l'appareil répressif (anglais)
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Si, pour s’opposer à l’obscurantisme et au fanatisme, nous abdiquons nos
droits et libertés de citoyens, l’obscurantisme et le fanatisme auront gagné.
Si le terrorisme, et les peurs qu’il suscite, permettent de nier les principes
de l’État de droit, alors plane une menace totalitaire. C’est de cela qu’il
s’agit, ni plus ni moins. DL
La montée des régimes sécuritaires
L'économiste Thomas Coutrot a montré
récemment comment a été expérimenté en Israël et en
Palestine ce qu'il appelle "le paradigme
sécuritaire". Pour lui, ce paradigme "domine aujourd’hui
l’agenda des élites dominantes dans la plupart des pays
occidentaux. [Il permet de] restaurer une légitimité
chancelante par l’instrumentalisation, la mise en scène et
même l’alimentation de la menace terroriste et
sécuritaire". Un des intérêts de sa démonstration est
de montrer comment, dans le cas d'Israël, ce paradigme a été
associé au démantèlement, par une série de privatisations
et de déréglementations, du "modèle économique
étatiste" mis en place initialement par les
travaillistes. À la suite des accords d'Oslo qui ouvraient la
voix à des solutions pacifiques, le paradigme sécuritaire est
la solution expérimentée par l'État d'Israël pour faire
face à la montée des conflits entraînée à la fois par la
crise économique et la résistance à l'occupation des
territoires de la Palestine. Pour Thomas, les effets sociaux de
la politique économique du néolibéralisme "sapent la
cohésion sociale et la légitimité des élites, et poussent
inéluctablement à la militarisation contre le 'terrorisme' et
'l'insécurité' ". D'où la relance de la
militarisation et le rôle décisif de la rhétorique
sécuritaire, avec la diabolisation des Palestiniens et l'instrumentalisation
systématique des attentats terroristes.
Au-delà de l'histoire particulière de
l'État d'Israël qui, depuis 1947, s'est constitué en tant
que puissance occupante face à la résistance d'un ennemi
omniprésent, la population palestinienne, la question se pose
de l'utilité du recours à un tel paradigme sécuritaire dans
les pays capitalistes développés. Sa mise en pratique
implique en effet des transformations importantes du compromis
social noué entre le patronat, l'État et les organisations
syndicales. Par exemple, dans plusieurs pays européens
(Autriche, France, Grande Bretagne, Italie, etc.), l'instrumentalisation
de la dite "insécurité" par les médias et le
pouvoir a joué un rôle considérable dans la conquête de
"majorités" permettant de privatiser et restreindre
les acquis sociaux. Pour paraphraser la formule de Loïc
Wacquant, il s'agit de remplacer le RMI par des prisons ;
la prise en charge sociale des inégalités et du mal-être
construite dans nos régimes européens en collaboration avec
les organisations syndicales est complétée puis remplacée
par la pénalisation de la misère développée depuis vingt
ans aux États-Unis.
Dans la perspective du développement des
luttes contre de telles mises en cause des droits sociaux, il
serait utile de mener des réflexions de fond sur les liens
entre le paradigme sécuritaire et l'existence d'un éventuel
"mode néolibéral de régulation". En particulier,
si les modes de régulation "fordiste" ou "toyotiste"
et le compromis social qu'ils permettent semblent bien menacés
par les conséquences des déréglementations et
dérégulations, en quoi les syndicats et les populations
peuvent-ils avoir intérêt à la mise en place d'un mode de
régulation à la fois néolibéral et sécuritaire ? Et
sinon, quel autre mode de régulation envisager face aux
contradictions sociales impliquées par la flexibilisation des
emplois et la précarisation des modes de vie qu'impliquent les
dérégulations et déréglementations ?
G. Menahem (CICG)
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