Le renforcement de l'appareil répressif

Répression sécuritaire : les dates à retenir

  La Citoyenneté et la Solidarité seraient-elles un délit ? Un premier rassemblement est prévu le lundi 19 mai à 12h00, devant le Tribunal de Grande Instance de Bobigny (Métro Bobigny-Pablo Picasso, terminus ligne 5)

Une dangereuse rupture démocratique : Projet de loi sur l'immigration -Communiqué de la CIMADE - 5 mai 2003

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Dossiers
. Les brutalités policières (France, USA)
. La situation des prisonniers de Guantánamo - Les tribunaux militaires US
. La "lutte anti-terrorisme" et le renforcement de l'appareil répressif (français)
. La "lutte anti-terrorisme" et le renforcement de l'appareil répressif (anglais)

 

Si, pour s’opposer à l’obscurantisme et au fanatisme, nous abdiquons nos droits et libertés de citoyens, l’obscurantisme et le fanatisme auront gagné. Si le terrorisme, et les peurs qu’il suscite, permettent de nier les principes de l’État de droit, alors plane une menace totalitaire. C’est de cela qu’il s’agit, ni plus ni moins. DL

La montée des régimes sécuritaires

L'économiste Thomas Coutrot a montré récemment comment a été expérimenté en Israël et en Palestine ce qu'il appelle "le paradigme sécuritaire". Pour lui, ce paradigme "domine aujourd’hui l’agenda des élites dominantes dans la plupart des pays occidentaux. [Il permet de] restaurer une légitimité chancelante par l’instrumentalisation, la mise en scène et même l’alimentation de la menace terroriste et sécuritaire". Un des intérêts de sa démonstration est de montrer comment, dans le cas d'Israël, ce paradigme a été associé au démantèlement, par une série de privatisations et de déréglementations, du "modèle économique étatiste" mis en place initialement par les travaillistes. À la suite des accords d'Oslo qui ouvraient la voix à des solutions pacifiques, le paradigme sécuritaire est la solution expérimentée par l'État d'Israël pour faire face à la montée des conflits entraînée à la fois par la crise économique et la résistance à l'occupation des territoires de la Palestine. Pour Thomas, les effets sociaux de la politique économique du néolibéralisme "sapent la cohésion sociale et la légitimité des élites, et poussent inéluctablement à la militarisation contre le 'terrorisme' et 'l'insécurité' ". D'où la relance de la militarisation et le rôle décisif de la rhétorique sécuritaire, avec la diabolisation des Palestiniens et l'instrumentalisation systématique des attentats terroristes.

Au-delà de l'histoire particulière de l'État d'Israël qui, depuis 1947, s'est constitué en tant que puissance occupante face à la résistance d'un ennemi omniprésent, la population palestinienne, la question se pose de l'utilité du recours à un tel paradigme sécuritaire dans les pays capitalistes développés. Sa mise en pratique implique en effet des transformations importantes du compromis social noué entre le patronat, l'État et les organisations syndicales. Par exemple, dans plusieurs pays européens (Autriche, France, Grande Bretagne, Italie, etc.), l'instrumentalisation de la dite "insécurité" par les médias et le pouvoir a joué un rôle considérable dans la conquête de "majorités" permettant de privatiser et restreindre les acquis sociaux. Pour paraphraser la formule de Loïc Wacquant, il s'agit de remplacer le RMI par des prisons ; la prise en charge sociale des inégalités et du mal-être construite dans nos régimes européens en collaboration avec les organisations syndicales est complétée puis remplacée par la pénalisation de la misère développée depuis vingt ans aux États-Unis.

Dans la perspective du développement des luttes contre de telles mises en cause des droits sociaux, il serait utile de mener des réflexions de fond sur les liens entre le paradigme sécuritaire et l'existence d'un éventuel "mode néolibéral de régulation". En particulier, si les modes de régulation "fordiste" ou "toyotiste" et le compromis social qu'ils permettent semblent bien menacés par les conséquences des déréglementations et dérégulations, en quoi les syndicats et les populations peuvent-ils avoir intérêt à la mise en place d'un mode de régulation à la fois néolibéral et sécuritaire ? Et sinon, quel autre mode de régulation envisager face aux contradictions sociales impliquées par la flexibilisation des emplois et la précarisation des modes de vie qu'impliquent les dérégulations et déréglementations ?

G. Menahem (CICG)