1) DÉCOMPTE Aujourd'hui, 18 février 2002, Yasser Arafat est retenu en otage depuis 76 jours par les autorités israéliennes.
2) L'OCCUPATION ELLE-MEME EST UN CRIME : LE RASSEMBLEMENT DU 9 FEVRIER A TEL-AVIV Extraits du compte-rendu de Gus Shalom (choisis et traduits par CD) Nous avions demandé un permis pour 5000 personnes. Il y a un an, au même rassemblement appelé par les mêmes groupes -pour la paix et pour les droits humains- une centaine de personnes seulement sont venues. Mais nous savions que quelque chose avait changé. Cependant, sans la participation de La Paix maintenant, nous n'imaginions pas arriver au chiffre de 10 000. [Gus Shalom est le Bloc de la paix, fondé par les Avnery au moment de la guerre du Liban, il y a vingt ans. La paix maintenant est un groupe moins radical, qui est le seul dont parle, occasionnellement, la presse occidentale]. Nous savions que c'était un bon moment. Les Israéliens n'ont pas complètement oublié que pendant le cessez-le-feu de décembre, maintenu par les Palestiniens pendant trois semaines, il n'y a pratiquement pas eu de blessés israéliens. Au moins une partie de la population a réalisé que c'est Sharon qui a rompu ce cessez-le-feu, par une suite d'assassinats et de provocations délibérées, qui ont marqué le début d'un nouveau bain de sang. Il n'existe plus non plus d'ambiance "d' unité nationale" sans tolérance pour les vues divergentes. Il est devenu à la mode de discuter des crimes de guerre -ce qui est à porter à notre crédit. Mais surtout, il y a eu le succès spectaculaire de la pétition des réservistes et des officiers refusant d'avoir quoi que ce soit à faire désormais avec l'occupation, et dont le nombre a explosé, passant de 56 à plus de 200, et continue à grimper ; il est surprenant de voir à quel point la société israélienne militarisée a donné une publicité bienveillante aux actions de soldats et d'officiers désobéissant aux ordres de leurs supérieurs (un sondage indiquait 26 % d'opinions positives). Les refuzniks étaient au centre du rassemblement : beaucoup de banderoles exprimaient le soutien à leur prise de position. Chaque fois qu'un orateur les mentionnait, il y avait des ovations. 3 d'entre eux ont pris la parole : Yishai Rosen-Tzvi, qui sort de prison ; Yishai Menuchin, ancien du Liban où il a fait de la prison, et Noa Levy. Ceux d'entre nous qui ont continué le combat pendant la dernière année et demi, qui ont touché les rives du désespoir plus d'une fois dans des vigiles solitaires, où à 12 nous nous sentions totalement inadéquats face à ce que nous combattons, nous avons eu un moment de bonheur un peu délirant. La foule était bigarrée - les gais et lesbiennes de Tel-Aviv côtoyant les villageois de communautés arabes plutôt conservatrices ; un moment de silence , des centaines de drapeaux noirs levés ; et le reste du temps, cette antienne en forme de mélopée incessante : "Fuad, Fuad, ministre de la Défense, combien d'enfants as-tu tués aujourd'hui ?". Parmi les 12 orateurs, le plus remarqué fut le refuznik Yishai Rosen-Tzvi dont l'expérience est toute récente : " […] Un soldat va dans les Territoires et il est confronté à une situation terrible . Des milliers et des milliers de gens tombés dans une misère profonde, la pauvreté, l'humiliation. Puis on vous donne vos ordres et vous découvrez ce qu'est votre travail. Votre travail est de pousser ces gens encore plus dans la misère, la pauvreté, l'humiliation, de les tenir enfermés dans les villes et les villages, de les empêcher de sortir, de les empêcher de gagner leur vie, de les empêcher de mener une vie normale. Alors, deux choses se passent : d'abord, vous regardez autour de vous avec incrédulité, vous vous prenez la tête entre les mains et vous demandez : Mon Dieu, est-ce que c'est vrai, comment en suis-je arrivé là, comment peut-on me donner de tels ordres, me demander de faire ces choses ? Puis vous criez : " on m'a trompé ! ". Toute la propagande s'écroule : 'que nous sommes un peuple aimant la paix, que la guerre nous est imposée, que nous devons faire ce que nous faisons pour abattre le terrorisme'. Et alors, vous regardez la réalité en face : combattre le terrorisme, quelle blague ! Notre armée entretient une serre de misère de pauvreté et de désespoir, une serre avec les conditions idéales pour que les graines du terrorisme poussent. Et la conclusion est simple : "il y a des chose qu'une personne décente ne fait pas. Une personne décente n'affame pas les gens, n'humilie pas les gens, ne traite pas les gens comme de la merde. UNE PERSONNE DECENTE NE FAIT PAS ÇA. Et il y a plus de personnes décentes qu'on ne croit dans ce pays. Et quand il y en aura assez, l'occupation cessera." Allez voir le site de Gush Shalom. Participez (en anglais) à leur Groupe de discussion
3) GUANTANAMO : LES ONG CONTRE LE GOUVERNEMENT AMERICAIN (SUITE DU FEUILLETON OUVERT LE 6 FEVRIER DANS NOTRE LETTRE N°2) Le 7 février Bush déclare que les USA appliqueront la convention de Genève aux soldats Taliban mais pas aux membres d'Al Qaida. Il déclare aussi qu'aucun ne sera traité comme prisonnier de guerre. Cependant les concessions de l'administration américaine sont encore largement insuffisantes d'après les défenseurs des droits humains. Amnesty International qualifie la décision gouvernementale d' "interprétation volontairement erronée de la convention de Genève" et réitère sa condamnation d'une "politique arrogante" qui consiste à "en prendre et en laisser dans les lois de la guerre". On trouve de très nombreux articles sur le Web : - Le 7 février, Human Rights Watch (HRW) confirme que tous les détenus ont droit à la protection de la convention de Genève même si on détermine par la suite que certains ne sont pas des prisonniers de guerre : Bush se trompe sur les dispositions des Conventions de Genève. - Le 8 février la Commission internationale des juristes (International Commission of Jurists) déclare dans un communiqué de presse : Bush decision on prisoner of war status is incorrect in law (La décision de Bush concernant le statut des prisonniers de guerre est juridiquement incorrecte). - Voir aussi l'article du Los Angeles Times du 8 février U.S will apply Geneva rules to taliban fighters - Sur le site de libertés-immuables :
Bilan provisoire au 17 février Le 17-18 février Claire Tréan affirme dans Le Monde que " les États-Unis n'ont en réalité rien cédé. " Elle se trompe (c'est un peu une habitude). Ils ont cédé sur un point : selon Ari Fleischer (porte-parole de la Maison Blanche), l'administration américaine a décidé d'appliquer la convention de Genève aux Talibans après avoir déterminé "qu'ils combattaient pour le gouvernement alors au pouvoir en Afghanistan ". Or l'exécutif prétendait jusqu'alors que la non-reconnaissance de ce gouvernement par les USA excluait les soldats du gouvernement Taliban de la convention de Genève. Elle s'est donc rendue aux arguments des ONG) selon lesquels la reconnaissance ou non du gouvernement n'a strictement aucune pertinence pour l'application de la convention. Cependant, comme le soulignent Amnesty et les autres ONG dans leurs critiques des 7 et 8 février, le droit international continue d'être bafoué : les détenus ne sont toujours pas traités comme des prisonniers de guerre, et même en ce qui concerne l'application des conventions de Genève, et des conventions de l'ONU contre la torture, qui s'appliquent à tout le monde, les USA se réservent de faire le tri entre les prisonniers. Les dispositions minimales ne sont pas respectées. Les prisonniers n'ont été inculpés de rien, ils n'ont pas droit à un avocat, et ils continuent d'être détenus dans des conditions indignes. On a pu voir dans un bref reportage du samedi 9 février sur TF1 un prisonnier se déplaçant aidé de deux gardes , très lentement et à petits pas bizarres ; pas si bizarres que ça quand on y réfléchit, ils ont non seulement des menottes, mais des entraves aux pieds, et c'est avec les entraves aux pieds qu'ils font leur quart d'heure journalier "d'exercice"en plein air. La taille des cages, le fait qu'elles soient non-protégées des éléments, tout ce qui a bouleversé l'opinion, rien n'a changé. Les prisonniers sont toujours bâillonnés -"de peur qu'ils ne mordent" (sic). Selon les gardiens du camp, c'est pour les débarrasser de leurs poux qu'ils ont été tondus et rasés : rien à voir avec le fait que c'est une humiliation pour des Musulmans croyants ? Ils sont toujours affublés de lunettes : pour qu'ils ne voient pas le Mac Donald du camp, disent les officiels ; ou pour qu'ils ne puissent jamais identifier leurs gardiens ?
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