Forum international contre la guerre "Contre la guerre, contre l'Empire" Guerre
impériale contre Djihad : la nouvelle guerre sainte, commencée le 7 octobre,
n’est en rien la réponse “ inévitable et légitime ” aux
attentats du 11 septembre contre les USA et, plus généralement, aux actes de
terreur perpétrés au nom du fondamentalisme religieux. I.
La croisade impériale en
Afghanistan ne s’est pas achevée avec la chute du régime taliban. Les dirigeants américains annoncent
une guerre longue, une guerre sans fin pour l’éradication du terrorisme. Après
les bombardements, vient le temps de l’intervention militaro-humanitaire, des
commandos, et des protectorats.
Nous condamnons les crimes du 11 septembre tant
pour des raisons morales que pour leurs conséquences politiques désastreuses.
Mais ils ne justifient ni la loi du talion ni les appels au lynchage devenus
courants dans la bouche des dirigeants américains. Et nous récusons l’usage
extensif et confus de la notion de terrorisme servant à criminaliser toute
forme de résistance sociale et à légitimer la guerre illimitée annoncée par
G.W. Bush dans son discours du 20 septembre. S’il s’agissait de s’attaquer
sérieusement aux bases de la terreur d’Etat, de la terreur fondamentaliste et
de la terreur maffieuse, il faudrait commencer par détruire toutes les armes de
destruction massive et par supprimer le secret bancaire et les paradis fiscaux. 1.
Cette guerre n’est pas la nôtre. Prenant la forme d’une descente de
police internationale sous direction américaine, elle vise à imposer au monde
un nouvel ordre impérial. Invoquant le prétexte de la lutte anti-terroriste,
les Etats-Unis annoncent haut et fort leur intention de s’arroger le droit
exorbitant d’intervenir contre n’importe quel pays et d’engager une guerre
illimitée dans l’espace et dans le temps. Au-delà des buts immédiats déclarés,
au demeurant fort variables, cette guerre vise à
Cette guerre coûte déjà très cher,
socialement et financièrement. Pour la financier, l’administration Bush a levé
40 milliards de dollars en une semaine, soit la moitié de la somme qui
permettrait en dix ans d’éradiquer la malnutrition et d’assurer à tous
l’accès à l’eau potable et aux soins élementaires. 2. Cette guerre bafoue le droit international en vigueur, le pliant davantage encore à l’arbitraire des Etats les plus puissants qui décident, à leur gré de son interprétation et de ses modalités d’application. C’est
pourquoi nous dénonçons :
Nous
condamnons par conséquent le projet américain d’étendre la
guerre en l’Irak, en Somalie, au Yémen, au Soudan. 2.
Cette guerre bafoue les droits du peuple afghan, qu’elle soumet au règne
des seigneurs de guerre et des Etats belligérants. Avec
le concours des médias dominants, les dirigeants de la Sainte Alliance tentent
de faire croire que leur but était d’affranchir le peuple afghan d’une
dictature, de libérer les femmes afghanes de l’oppression, d’atténuer les
risques de famine qui menacent la population. Les
visées démocratiques, féministe et humanitaire de la guerre sont des alibis,
ce ne sont pas les buts de cette guerre. Et ce ne sont pas ses effets. Personne
ne regrettera la débâcle du régime taliban. Mais l’intervention militaire
américaine a permis le retour des seigneurs de la guerre : retour de la démocratie ?
Elle a permis le retour des fondamentalistes qui, lorsqu’ils étaient
au pouvoir, s’étaient chargés de réduire à néant les droits des femmes
: libération des femmes ? Elle a doublé le nombre des réfugiés,
elle menace de mort par famine 7 millions et demi d'Afghans, elle bloque
l’aide alimentaire : guerre humanitaire ?
Nous
nous opposons à l’installation d’armées d’occupation et d’un
protectorat impérial, imposé au peuple afghan. Nous exigeons le retrait des
troupes étrangères d'Afghanistan ; la cessation des ventes d'armes aux
belligérants afghans ; la fin de toutes les tentatives de mise sous
tutelle;
Nous
nous opposons à la subordination des droits des femmes afghanes au bon vouloir
de leurs oppresseurs et de leurs alliés ; nous exigeons la participation
des associations de femmes afghanes à toutes les négociations.
Nous
nous opposons à la militarisation de l’aide humanitaire et à la banalisation
de “ l’ingérence d’Etat ” ; nous soutenons au contraire
le maintien et le renforcement de l’aide humanitaire indépendante des armées
et des Etats ; 3.
Cette guerre bafoue le droit des peuples qu’elle soumet à une
coalition d’Etats oppresseurs et les dépossède de leur droits démocratiques.
C’est
pourquoi nous nous opposons :
II.
La croisade impériale en terre afghane n’est pas une guerre d’exception.
Elle s’inscrit dans une logique de guerre inhérente au nouvel ordre impérial
en marche depuis la guerre du Golfe. Les enjeux économiques et géopolitiques
prévalent sur les objectifs pacifiques et humanitaires solennellement invoqués. Les
coalitions militaires régentées par les Etats-Unis servent de bras armés à
l’expansion du nouvel ordre libéral-mondial. 1. Il est indispensable, au Moyen Orient
2.
Il est indispensable, en Europe :
3.
Il est indispensable de s’opposer à la mondialisation libérale et de
combattre toutes les formes d’impérialisme : l’impérialisme militaire
qui impose au monde son désordre armé jusqu’aux étoiles ; l'impérialisme
économique qui confisque les richesses de la planète et s’approprie le
monopole du savoir ; l’impérialisme écologique qui condamne les peuples
les plus pauvres à subir les conséquences des dérèglements climatiques, des
pollutions, du stockage des déchets, et à subir la loi impitoyable des firmes
pharmaceutiques ; l’impérialisme culturel
qui impose au monde ses
modes de consommation et de représentation. Des
dizaines de milliers de manifestants sont d’ores et déjà descendus dans les
rues de Rome, de Londres, de Berlin, de Zurich de Paris, y compris de New York
ou de Los Angeles pour dire leur opposition à la guerre et aux bombardements :
“ Pas en notre nom ! La justice, pas la vengeance ! ”
Ils refusent ainsi la banalisation des guerres non déclarées, contre des “ Etats
délinquants ” dont les puissances du monde s’arrogent le droit de
dresser et de modifier la liste à leur guise. Ils refusent aussi la confusion
du droit international et d’une “ éthique ” à sens unique, en
vertu de laquelle le monopole du Bien absolu justifierait les pires moyens de
coercition. Ils refusent enfin l’escalade du terrorisme d’Etat qui, depuis
l’expérimentation à Hiroshima de l’arme terroriste par excellence, n’a
cessé de réduire les populations civiles au rang de “ dommages collatéraux ”.
Nous nous fixons pour but de contribuer au développement des solidarités entre mouvements sociaux du Nord et du sud, et de l’alliance entre les mouvements anti-guerre naissants et les mouvements de résistance à la mondialisation libérale. Seul un nouvel internationalisme fondé sur la coopération des peuples et leur respect mutuel, répudiant toute politique de domination et d’exploitation, pourra mettre en échec l’engrenage mortel des guerres de religion et des guerres impériales. Si vous désirez discuter ce texte, il y a sur ce site une tribune de discussion.
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