DECLARATION DE RAWA DU 10 DECEMBRE

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[…]L'Association révolutionnaire des femmes d'Afghanistan espérait avec ferveur pouvoir célébrer le 8 mars en Afghanistan. Mais le retour des criminels de l'Alliance du Nord dans différentes régions, amenés sur la pointe des baïonnettes américaines, a réduit cet espoir à néant. L'Alliance du Nord doit se rappeler les années 1992 à 1996 quand elle était au pouvoir ; quand l'exécrable gang de  Golbodin Hekmatyar (Hezb-i-Islami) a transformé Kaboul en tas de ruines avec leurs bombardements et tirs de roquettes ? quand l'infâme gang Mazari-Khalili (Wadhat-i-Islami) crevaient les yeux des non-Hazaras ; quand le vil gang de Sayyaf (Ittehad-i-Islami) enfonçaient des clous de 3 cm dans la tête des Hazaras et les faisaient rôtir tout vifs dans des conteneurs en métal ; quand les perfides gangs de Rabbani-Massoud (Jamiat-i-Islami et Shorai Nazar) massacraient les habitants de Afshar et des autres quartiers résidentiels de Kaboul, et commettaient tant de viols et de pillages contre tant de jeunes filles, garçons, et de femmes, que les autres meurtriers et violeurs dans l'histoire apparaissent blancs comme neige par comparaison. L'Alliance du Nord doit savoir que les blessures ouvertes qu'ils ont infligées sur le peuple pendant les années de leur règne Jihadi sont trop ouvertes, trop douloureuses, pour que ce peuple leur permette de poser aux démocrates, de nous faire croire qu'ils se sont convertis à la démocratie ou aux droits humains. Ces prétentions ne sont, au contraire, qu'une insulte de plus pour les gens qui ont tant souffert dans leurs mains.

Ces poses et ces déclaration sur la "démocratie" et "les droits des femmes" ne peuvent pas laver ni masquer leur nature fondamentalement fondamentaliste et terroriste.

Regardant l'apparence policée de certains leaders Jihadi à la télé, une femme encore en deuil, rapetissée par les années de souffrance, a commenté : " Je vois le sang de mes fils sur les costumes et les cravates immaculées de ces leaders de l'Alliance du Nord. C'est la réaction viscérale de l'immense majorité de notre peuple.   

Le monde doit connaître les criminels de l'Alliance du Nord. Ce sont les hommes qui ont déclaré que  les élections sont des concepts blasphématoires et hérétiques.  Ce sont les hommes qui dès qu'ils ont usurpé le pouvoir après la chute du régime fantoche de Najib, et avant de faire quoi que ce soit pour restaurer la paix et le bien -être des habitants accablés de l'Afghanistan, ont dirigé leur pieuse colère contre les femmes et dans une déclaration commune de tous les partis Jihadi ont proclamé--parmi d'autres infamies-- l'obligation pour les femmes d'être voilées. Le monde doit savoir  que les Taliban sont des enfants de chœur comparés aux Jihadi en termes de viols de femmes de 7 à 70 ans. Le monde doit savoir que bien longtemps avant les Taliban, ce fut le Mollah Younis Khalis (l'un des confédérés victorieux), qui " exécuta" les statues de Boudha à Bamiyan en titrant des salves d'artillerie. Le monde doit savoir que leur passé de massacres, de pillage des richesses nationales et archéologiques, d'extorsion massive d'argent de gens sans défense, de perpétration de crimes et d'atrocités trop nombreux pour être énumérés, les leaders de l'Alliance du Nord méritent d'être assis dans le box des accusés dans un tribunal international et non d'être à la barre d'un gouvernement en Afghanistan.

En raison de la présence de fondamentalistes in réformables dans les discussions de Bonn, en particulier du grand criminel Homayoun Jarir, dont le maître Golbodin récemment  s'est allié avec les Taliban,  RAWA a considéré ces réunions avec méfiance. La composition du gouvernement intérimaire, qui comprend deux vampires Jihadi et deux femmes -- l'une la leader du parti mercenaire et criminel Hezb-i-Wahdat et l'autre une traître Parchami connue -- prouve qu'hélas l'ONU a échoué à aider notre peuple à se débarrasser des restes des criminels de l'Alliance du Nord. L'ONU doit savoir que même si le cabinet entier était composé de ce genre de femmes, les Afghanes ne pourront jamais les considérer comme des symboles de liberté et de délivrance.

Les leaders Jihadi dans les années passées ont juré sur l'honneur, sur le Coran, à la Mecque et à Médine, en présence de leurs maîtres pakistanais, iraniens et arabes, d'arrêter de verser le sang, et ont renié leur parole avant que l'encre ne sèche. Est-ce que l'ONU croit que des gens capables d'une telle perfidie vont respecter le bout de

Papier qu'ils ont signé à Bonn ? L'ONU ne comprend-il pas que ces seigneurs de la guerre n'auront aucun scrupule à se vendre une fois de plus à des pouvoirs vieux ou neufs, et inviteront une fois de plus l'ingérence de leurs maîtres étrangers dès que leurs intérêts sordides et leurs petites ambitions personnelles seront en danger ?

Ces félons parvenus possèdent une soif de pouvoir inextinguible ; et pour cette raison ils ne peuvent que conspirer les uns contre les autres et se couper la gorge entre eux. L'ONU ne comprend-il pas qu'on ne peut pas confier les dizaines de milliards de dollars qui vont être donnés pour la reconstruction du pays aux membres de l'Alliance du Nord --  à ces gens qui n'ont pas pillé les convois d'aide de l'ONU une fois mais dix, que  Mahmoud Mistry lui-même, alors représentant le Secrétaire Général des Nations Unies en Afghanistan, appela "des bandes de bandits ?"

RAWA avertit l'ONU et la communauté internationale une fois de plus que tout délai à envoyer une force de maintien de la  paix en Afghanistan aura pour effet de laisser la porte ouverte aux inévitables bains de sang et à la répétition des horreurs et des atrocités des années 1992-1996.

En ce moment le gang de Dostum et celui du Hezb-i-Wahdat se battent comme des chiens pour Mazar-i-Sharif, mais cela ne va pas se limiter là. Si l'ONU est sincèrement préoccupée par l'indépendance, l'unité et la démocratisation de l'Afghanistan, elle ne doit sous aucun prétexte continuer son soutien à l'Alliance du Nord, elle doit rapidement condamner et punir tout pays qui essaie de fournir des armes et des fonds à ces assassins. C'est seulement à ces conditions qu'un gouvernement libre de toute contamination fondamentaliste terroriste et fondé sur des valeurs démocratiques pourra être établi en Afghanistan, réussir à restaurer la paix et la stabilité dans ce pays plongé dans l'affliction, et se tourner vers le défi de sa reconstruction.

Mettre fin au supplice de la burqa n'est en aucune manière une indication que les droits et les libertés des femmes sont rétablis. L'Association révolutionnaire des femmes d'Afghanistan, la seule organisation féministe anti-fondamentaliste en Afghanistan, estime que ce n'est qu'avec l'établissement d'un gouvernement laïque et démocratique que les femmes afghanes pourront se délivrer du fardeau de siècles d'oppression et se lever pour occuper leur place à la même hauteur que les hommes.

Notre pays dévasté, en deuil depuis longtemps, n'a échappé aux ergots des Taliban que pour se retrouver dans l'impasse des meurtriers Jihadi : une impasse qui défie toute description et définition.[…]. Mais RAWA, avec le reste du peuple afghan, ne cessera jamais la lutte pour sortir de cette impasse.

Traduit par C.D.