Guerre en Afghanistan La paix et la sécurité dans le monde sont tributaires de la volonté de la communauté internationale à instaurer un ordre équilibré où tous les peuples auraient un accès égal à la justice, à la paix, à la démocratie et au développement. Depuis le 7 octobre, une pluie de missiles américains recouvre le ciel de l'Afghanistan et des centaines de tonnes de bombes creusent ce pays dévasté par plus de 20 ans de guerres. Nous avions espéré que la réponse à la tragédie du 11 septembre ne soit pas habitée par un désir aveugle de vengeance, mais par une volonté à travailler davantage pour la paix et pour un monde juste. Dans ce contexte douloureux, le CNLT tient à réaffirmer ce qui suit : 1- Ces massacres, commis au nom de la "justice infinie" ou de la «paix durable», ciblant des populations traumatisées par des dizaines d'années de guerre et soumises à la répression d'une dictature de la pire espèce, sont conduits par deux pays (USA et UK) qui se présentent comme les justiciers du monde, outrepassant le rôle de l'ONU, réduite au même moment à légitimer les frappes et à assurer les secours à leurs victimes. Comment justifie-t-on, selon les principes du droit international, des opérations militaires massives conduisant à une catastrophe humanitaire, pour capturer des suspects en dehors de toute procédure judiciaire ? Qui répondra de ces morts et qui répondra de ces déplacements forcés de populations vers des frontières incertaines? La vie des Afghans ferait-elle partie de celles qu¹on ne comptabilise pas. 2- Les attentats du 11 septembre constituent un acte de violence
injustifiable qui doit être condamné de la façon la plus énergique. Ce n¹est
pas seulement à des milliers de vies innocentes qu¹on a attenté, mais
également à l¹espoir d¹une intégration multiconfessionnelle et pluriethnique
que suscitait l¹Amérique. Les blessures du traumatisme causé par ce crime
laisseront pour longtemps leurs traces dans l¹âme des survivants et des
familles des victimes de cette catastrophe. Le crime ne doit pas rester
impuni et les coupables doivent être jugés. Mais, c'est à la justice de
déterminer les criminels après
avoir recherché et produit les preuves leur garantissant un procès
équitable. 3- L'Islam est aujourd'hui suspect d'être intrinsèquement générateur de
terrorisme, mais on oublie vite que le terrorisme, au sens où l'on entend la
violence politique qui vise la destabilisation, n'est pas une spécialité
islamique. L'Europe l'a connu notamment en Italie, en Espagne, en Irlande
ainsi que les USA ; et ils ont su lui faire face jusque-là sans avoir à
aliéner le choix démocratique de leurs sociétés. 4- Des enfants palestiniens sont tués chaque jour par des fusils
mitrailleurs, et leurs maisons rasées par les bulldozers de l¹armée
israélienne sans que la communauté internationale ne se mobilise contre ce
terrorisme d¹état. Plus d'un demi million d¹enfants irakiens (selon les
chiffres de l¹ONU) sont morts des conséquences de l¹embargo et des dizaines
de milliers de civils ont été tués dans des
raids aériens anglo-américains depuis dix ans. 5- Certains médias occidentaux, relayant les appels à la vengeance et
prenant des raccourcis que nous avions connu durant la guerre du Golfe,
cultivant la psychose, la haine et les réflexes d¹enfermement, ont instauré
une censure des voix différentes. Il faudrait cependant rendre hommage à tous les médias occidentaux qui ont essayé de couvrir objectivement les événements et qui ont fait des efforts pour multiplier les débats, éclairant l¹opinion sur les vrais enjeux et les différents acteurs. Le CNLT rappelle à cette occasion l¹urgence de : 1- Ne pas céder à la tentation de troquer les libertés fondamentales contre la sécurité collective. C¹est là le meilleur moyen de les perdre toutes les deux, car les régimes totalitaires se nourrissent de ce chantage. 2- Instaurer la paix et la liberté « durables » sur la légalité, la justice et le respect du droit. Hypothéquer la légalité et le droit pour des motifs sécuritaires c¹est faire le jeu du terrorisme. Dans ce contexte, il est important de restaurer le rôle de l¹ONU, en tant que cadre de résolution des conflits. 3- Agir pour la ratification urgente du statut de la Cour pénale internationale et la qualification du terrorisme comme crime contre l'humanité relevant du principe de justice pénale universelle. Auparavant, il est impératif d¹unifier les concepts définissant le terrorisme. 4- Reconstruire les ponts entre l'Orient arabe et islamique et l'Occident. On nous a annoncé «doctement » un "choc des civilisations", et il nous appartient de construire des espaces de dialogue et « d¹engagements communs » en refusant cette lecture du monde manichéenne. 5- Encourager les mouvements citoyens dans ces sociétés et combattre cette politique profondément raciste que l'Occident promeut depuis des décennies en soutenant avec constance dans le monde arabe et islamique les pires dictateurs. 6- Appuyer le pluralisme de l'information en toutes circonstances. Et dénoncer sans distinction les atteintes à la liberté des médias et toute forme de censure sur Internet et les moyens de communication. La paix et la sécurité dans le monde sont tributaires de la volonté de la communauté internationale à instaurer un ordre équilibré où tous les peuples auraient un accès égal à la justice, à la paix, à la démocratie et au développement. Pour le Conseil
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