L'hypocrisie
de l'Occident ou le dilemme des démocrates des pays du sud entre impérialisme
et obscurantisme[1]
Dans
ce terme d'hypocrisie occidentale, je ne nous inclue pas complètement tout en
nous n'excluant pas totalement ! Je
m'y sens partie prenante car j'ai beau venir du "tiers monde", de ce
Monde berbero-kurdo-arabo-musulman et même et même "juifo"-chrétien[2],
je reste un privilégié par rapport à la majorité des citoyens de mon Maghreb
d'origine. Je
ne vous y englobe pas parce que notre présence à ce forum est un signe de
notre refus de la manière dont est géré ce monde, de cette globalisation impérialiste
(excusez le terme, il est démodé). On est justement là tous pour manifester
ce désaccord et pour chercher des alternatives. Je
nous englobe cependant dans cette hypocrisie parce que tant que dura ces lois de
jungle, tant que cet Occident auquel on appartient décidera du sort de
l'Humanité, on restera des privilégiés du "nouvel ordre mondial."
On a beau faire des discours, signer des pétitions et organiser des colloques,
on ne pourra cacher cette réalité. Comment
résumer en une intervention les frustrations d'un démocrate du Sud, issu de la
région Maghreb-Moyen orient et de surcroît vivant au cœur de l'Occident ? L'hypocrisie,
vous la vivez au quotidien. Les
frappes aériennes quasi quotidiennes contre le peuple Irakien, dont on entend même
plus parler, font partie, en plus du blocus, de la "légalité
internationale". Mais celle-ci ne fonctionne plus dés qu'il s'agit d'Israël.
Celle-ci n'a jamais appliqué aucune des dizaines des résolutions du conseil de
sécurité de l'ONU. Elle sait cependant qu'elle ne risque ni sanction ni blocus
ni même pressions. Bien au contraire elle a même toutes les aides et accords
possibles et inimaginables ! Le
résultat de cette politique c'est que le dictateur Saddam Hussein est sur le
plan intérieur plus fort que jamais et que 5000 enfants meurent en Iraq chaque
jour et que l'on encourage chaque jour un peu plus l'extrémisme, au point
qu'un criminel de guerre Tel que Sharon devient premier ministre. L'Occident et l'amnésie A
force de nous faire vivre en Occident dans une société de consommation, les
grands de ce monde croient que tout le monde a perdu la mémoire. C'est vrai
qu'on a perdu l'habitude de se rappeler ce que l'on a mangé hier, mis comme
habits... Quand
on voit comment les dirigeants occidentaux ont changé de discours, l'on trouve
qu'ils ont raison de nous considérer amnésiques : "Les
USA veulent capturer Ben Laden, Non c'est comme chercher une aiguille dans la
paille. Elles veulent le juger lui et ses lieutenants, Non elles laisseraient
cette mission aux chasseurs de primes à qui elles demandent de le livrer mort
ou Vif" comme au beau vieux temps. Les USA veulent en finir avec le régime
des talibans indigne de l'humanité, non ils se contenteraient que celui-ci leur
livre Oussama Ben Laden. Non, les USA ne feraient pas la guerre pendant le
Ramadan, Si, ils la faisaient d'ailleurs les musulmans ne s'en privent pas.
Cette guerre est celle du bien contre le mal, Une croisade de l'Occident,
Non pas il ne faut pas faire l'amalgame entre musulmans et terroristes, et le président
va jusqu'à visiter la mosquée de Washington et même d'enlever ses chaussures
avant de rentrer" Mais
là où se trompe nos dirigeants, C'est que la mémoire des peuples aux ventres
creux n'est pas la même que celle des peuples aux ventres pleins. Si aux USA
vous aurez du mal à vous rappeler si ce que vous avez mangé était un Fish ou
un hamburger ou MACHINBURGER, un paysan maghrébin se rappellera du jour où il
a mangé de la viande. C'est dans le meilleur des cas une fois par semaine le
jour du souk, ci ce n'est pour certains une fois par an. La
mémoire des peuples puissants, dominants pour ne pas dire arrogants dans
certains cas, jouissants des relations déséquilibrées de cet ordre mondial,
n'est pas la même que celle des autres peuples. Peuples dominés et humiliés. C'est
pour cela que M. Bush se "pose cette question : qu'ai-je à répondre quand
je vois que, dans certains pays musulmans, il y a une haine au vitriol contre l'
Amérique ? ... je suis impressionné qu'il y ait une telle incompréhension de
ce qu'est notre pays et que des gens puissent nous détester... Je ne peux pas
le croire car je sais combien nos intentions sont bonnes." M.
Bush, je vous donne ma réponse en tant que citoyen qui ne nous vous aime pas,
pas vous personnellement, mais votre système et votre mode de gouvernance du
monde. Il me faudrait des livres pour citer tous les crimes que l'impérialisme
américain et occidental a commis sur cette terre et je suis loin d'en connaître
son dixième. Sans revenir à très loin, à Mossadaq en Iran que vous avez
assassiné pour mettre le régime sanguinaire du Shah et sa tristement célèbre
SAVAK, ni vos bombes au Napalm contre les Vietnamiens, ni l'assassinat des
pauvres innocents d'Hiroshima et Nagasaki, ni votre complot contre le peuple
chilien et son président démocratiquement élu Allendé et son remplacement
par la dictature de pinochet..., je vous citerais brièvement des événements
avérant votre hypocrisie et double langage, votre injustice... Revenant
à ce Sadam Hussein que vous avez aidé à prendre le pouvoir et le consolider
tant qu'il défendait vos intérêts. Q'avez-vous fait lorsqu'il massacrait les
démocrates et les progressistes. Qu'ont fait concrètement les dirigeants
occidentaux lorsque les populations kurdes ont été gazées ? N'est-ce pas vos
industries militaires, mais aussi françaises allemandes et anglaises qui l'ont
armé jusqu'aux dents pour contrer le régime naissant Iranien N'est-ce
pas vous qui avez encouragez la mégalomanie de M.Sadam et que votre
ambassadrice à Bagdad lui a dit que c'est une affaire entre Arabes et ça ne
concernait pas les USA ? C'est vrai que c'était Bush papa, mais ça ne change
rien, c'est au système que je m'en prends ! Pourquoi
a-t-on poussé les chiites de l'Irak à se révolter pour les laisser se faire
massacrer ? Pourquoi n'avez vous pas débarrassé l'Irak de ce dictateur ? En
réalité parce que vous ne le vouliez pas. Vous avez besoin d'alibi pour rester
dans la région. Vous avez peur que les kurdes d'Irak deviennent indépendants
ou prennent une vraie autonomie car vous ne pouvez plus trouver de raisons pour
le refuser aux kurdes de Turquie, votre allié au sein de l'OTAN. Dans
mon Maghreb d'origine, ma mémoire me rappelle centaines d'actes d'injustice et
d'hypocrisie occidentale je ne citerais que quelques-uns
rapidement. En
Algérie : sans revenir à la guerre coloniale. Dans la nouvelle guerre entre
dictateurs militaires et exterminateurs islamistes, l'on voit les dirigeants américains,
anglais et français misait une fois sur l'un, une fois sur l'autre, de façon
à ce que leurs intérêts soient préservés quel que soit le gagnant Le
perdant lui dans tous les cas est le peuple algérien. C'est ainsi que l'on voit
les porte-parole de ces islamistes s'activer en toute liberté à Londres,
Washington... C'est ainsi aussi que l'on voit un grand général aidé par les
responsables français à fuir la justice suite à la déposition de plainte par
des victimes de sa répression. En
Tunisie : Votre soutien au régime de votre ami Ben Ali, sous prétexte de
rempart islamisme en a fait un des champions du monde des dictateurs. Quand on
entend parler de la Tunisie, c'est pour vous entendre louer la croissance économique,
la beauté de ce pays et la victoire sur les mouvements fondamentalistes. En réalité
depuis plusieurs années il est devenu même presque interdit d'y respirer. Au
Maroc : De la consolidation du régime mis en place au "lendemain" de
l'indépendance au soutien de la dictature monarchique pendant 4 décennies vous
n'avez cessé d'être présent se disputant entre américains et français le
nombre de points. L'on n'a pas oublié la complicité dans la disparition et
l'assassinat d'un dirigeant du mouvement anti-impérialiste M. Ben Berka sur le
sol français et le refus de lever le secret sur ce crime... Au
Maghreb, de la Mauritanie à la Libye, vos empreintes dans les malheurs de ce
pays sont encore présentes ! L'OCCIDENT
ET L'HYPOCRISIE
Aujourd'hui
les dirigeants occidentaux feignent de découvrir le mouvement islamiste dans le
monde musulman. En réalité la relation entre les islamistes, d'une part et
l'Occident et les régimes défendant ses intérêts d'autre part est une
relation d'un bébé qu'on met au monde, qu'on chouchoute, et qu'une fois grandi
nous échappe, voir se rebelle contre nous. Je
n'ai pas la prétention de faire l'analyse complexe du développement du
mouvement islamiste dans le monde musulman. De nombreux facteurs entrent en
compte dans leur évolution, la situation socio-économique de ces pays, les échecs
des différents mouvements, nationalistes, socialistes ou communistes, qui ont
mené les luttes anticolonialistes ou contre les dictatures de ces différents
pays cela
n'empêche que des vérités éclatent sur le rôle des dirigeants occidentaux
et leurs alliés dans ce monde. Il
faut rappeler que le long des trois quarts de ce siècle les thèses politiques
se réclamant de l'Islam, dans la région Maghreb-Moyen Orient, étaient réformistes
et non radicales et encore moins révolutionnaires. De
Mohamed Abdou en Égypte, dans les années vingt, à Allal El Fassi au Maroc ces
thèses étaient à la recherche d'interprétations d'un Islam s'adaptant au
monde moderne. L'exception se situe en Égypte, où le mouvement des frères
musulmans fondé en 1920 par Hassan El Banna possédait un projet de société rétrograde.
La popularité de Jamal Abd El Nasser et sa répression féroce à ce mouvement,
participèrent à son affaiblissement jusqu'à la mort de Nasser. La
création des premiers mouvements politiques islamistes marocains au début des
années 70 fût l'œuvre du régime de Hassan II. Il voulait contrait la montée
des mouvements marxistes léninistes naissant particulièrement dans la jeunesse
lycéenne et étudiante... Dirigés par les forces policières, ils cassaient
les grèves, essayer de noyauter ses mouvements. Leur acte allait jusqu'à exécuter
un leader socialiste Omar ben Jelloun en décembre 1975. Un
peu partout dans le monde, on trouvera des régimes à la solde de l'Occident
entrain de créer des mouvements islamistes réactionnaires. L'exemple le plus
parlant est le rôle que joue le plus grand allié des USA dans la région du
Golf, L'Arabie Saoudite. Celle-ci a crée, aidé ou financé des mouvements
islamistes des plus obscurantistes dans le Monde musulman. Or
concernant ce pays à l'influence énorme dans le Monde musulman, c'est le
black-out total de l'Occident. Dirigeants et médias confondus. Si le monde
entier a entendu parler des "malheurs de la révolution islamiste
Iranienne" personne avant le 11 septembre n'entendait parler du régime
mafieux de l'Arabie Saoudite. Si
tous les téléspectateurs du Monde occidental ont entendu parler de
"Beattie Mahmoudi" et de son livre, jusqu'à savoir comment sont
faites les toilettes de ces musulmans iraniens, rien sur le pays qui abrite les
2 premiers lieux de l'Islam. Or dans ce pays, on coupe les mains, on lapide, on
fouette, ceux qui sont coupables de vols, d'adultère... , on tranche la tête
à ceux condamnés à mort. On ne vote pas. Les
occidentaux et leur média, très sensibles à la question des droits de femmes,
enfin ! après les statues et quand ça les arrange ne pipent point mot sur
celle des saoudiennes. Pourtant il y tant à dire. Même les riches princesses
saoudiennes qui arrivent à passer leur permis de conduire à l'étranger n'ont
pas le droit de conduire leur voiture. Une des télévisions anglaise qui avait
réalisé un documentaire sur une exécution publique en Arabie saoudite a du se
coucher sous la pression du gouvernement britannique. Celui-ci a même du présenté
des excuses officielles, les saoudiens menaçant de retirer leurs énormes
avoirs. L'AFGHANISTAN
ET L'HYPOCRISIE OCCIDENTALE
Aujourd'hui
l'Occident particulièrement Étasunien feint de découvrir l'horreur des
talibans et leurs protégés ou protégeant ? La Quaida et Ben Laden. Voilà que
la première puissance mondiale s'attaque avec l'OTAN à l'un des pays les plus
faibles de la planète. Quand les organisations humanitaires crient quant à
l'impossibilité de faire parvenir des vivres et des médicaments aux millions
d'Afghans démunis, les USA, dans ses gestes de bonté, parachutent des colis
alimentaires de hamburger non cacher, que les musulmans afghans qui auront eu la
chance d'y parvenir ne mangeront certainement pas. On saura par la suite qu'elle
parachutait aussi des bombes à fragmentation de même couleur jaune que les
colis alimentaires. Tout
le monde sait aujourd'hui que "Pendant de longues années, les USA et
l'Occident ont laissé les Taliban faire de l'Afghanistan un sanctuaire qui héberge
les groupes extrémistes d'une trentaine de pays"[3],
que tant qu'il s'agissait de contrer la présence des Soviétiques dans la région
les différends moujahidines ont été soutenus et armés jusqu'au dents
(Presque un millier de missiles Stinger avait été fourni aux soldats de la
liberté dans leur guerre contre les Soviétiques dont une grande partie était
restée intacte). Ils étaient alors les soldats de la liberté et ceci jusqu'à
la défaite des Soviétiques. Après ils ont laissé les moujahidines transformés
en chef de guerre et chef de bandes s'entre-tuer, faisant des dizaines de
milliers de morts (Plus de cinquante mille morts, rien que les combats ente
Hekmatyar et le président Rabbani, ont fait plus de dix milles morts en 1993)
et des millions de réfugiés. Ce qui fait que les talibans formés et armés
par les Pakistanais avec le soutien financier de l'Arabie Saoudite les deux alliés
des USA, rentraient en Afghanistan comme des libérateurs, ayant les soutiens
des populations jusqu'aux contrebandiers. Si
les intentions des USA étaient bonnes comme nous le jure M. Bush, ils auraient
une fois les Soviétiques partis et les régimes communistes défaits, aidé les
Afghans à établir un état de droit. A construire une économie basée sur
autre chose que la drogue. Ils auraient aidé les femmes afghanes à maintenir
les droits qu'elles avaient et à en acquérir d'autres. Il ne faut oublier que
pendant les régimes communistes et sous l'occupation soviétique, plus que la
moitié du corps des fonctionnaires et des enseignants était composé de femmes
! Mais
la réalité c'est que se sont les intérêts économiques et géostratégiques
qui déterminent les actions de l'Occident. L'ennemi soviétique battu, on
laisse les Afghans dans leur merde, que l'on a participé à créer. Pas
pou leur longtemps cependant, La découverte de gisements énergétiques rend
l'instabilité du pays gênante et l'on fait appel aux Taliban. "La
bataille pour les immenses gisements de pétrole et de gaz de l'intérieur de
l'Asie centrale, dernières réserves d'énergie de la planète encore inexploitées...
est au cœur des problèmes de l'Afghanistan "[4].
Les USA et l'Occident peuvent alors "Pendant de longues années, laissé
les Taliban faire de l'Afghanistan un sanctuaire qui héberge les groupes extrémistes
d'une trentaine de pays"[5] Le
Pakistan : C'est
un autre exemple de cette hypocrisie. Voilà un Général qui fait un coup d'état,
"suspend" la constitution, dissout l'Assemblée nationale puis
s'autoproclame Président. Officiellement les USA lui en veulent. N'accepte pas
son soutien aux Taliban, sa "mollesse" dans la lutte anti-drogue et
surtout le pénalise pour ses essais nucléaires. Le
11 septembre arriva et Musharraf, déclara timidement qu'il était contre les
terroristes qui l'avait créés, Les sanctions furent levées, la dette reéchelonnée
et allégée. Des aides du F.M.I. furent obtenus.
Les tapis rouges des palais occidentaux de l'Élysée à la maison
blanche furent dépliés. Le dictateur infréquentable hier devient du
jour au lendemain courtisé par nos chefs occidentaux. Comme il y a quelques années
avec un autre dictateur de la même école, Zia-UL-HAq. Au
lendemain du 11 septembre : Cette
politique s'est aggravée, Les dirigeants américains ne prennent même plus la
précaution de maquiller leurs discours et leurs actes. Il n'est plus question
de jugements, il s'agit de liquider "Mort ou vif", de faire disparaître
des milliers de personnes indéfiniment sans la moindre preuve. Il est question
de tortures et de mort sous la torture. La liste des pays en attente d'être
bombardés paraît longue. La thèse des chocs de civilisations est entrain de se
construire pour devenir réalité. "La pratique vicieuse qui consiste
pour les USA à désigner un interlocuteur comme l'adversaire le plus dangereux
et à tout faire pour que ce méchant désigné se conforme au pronostique
"[6]
prend toute son ampleur. Ceci
ne s'arrête pas aux USA. Cette fois-ci, c'est toutes les démocraties
occidentales qui en profitent pour bâtir des états policiers, officiellement
temporaires. Des lois sont votées par les représentants du peuple. En
France, de la droite à gauche, l'unanimité est présente, jusqu'au groupe
communiste qui vote les lois sécuritaires. Les gardes fous habituels sont écartés.
Ni le conseil constitutionnel, ni le conseil d'état ne sont saisis. LES
DÉMOCRATES DES PAYS DU SUD ENTRE
IMPÉRIALISME
ET OBSCURANTISME
Entre
des régimes dictatoriaux soutenus pleinement par l'Occident et des mouvements
islamistes soutenus par une internationale islamiste, à sa tête l'Arabie
Saoudite mais aussi une partie de l'Occident, quelle place pour les démocrates
du Monde musulman ? Nous
démocrates de cette région du Monde, croyons profondément aux principes des
droits de l'homme. Que ceux-ci, sont universels et non spécifiques à
l'Occident. Que les civilisations qu'ont atteintes l'Humanité sont la résultante
des apports de chaque peuple de cette planète à des moments de son histoire. Que
la médecine, les mathématiques et autres sciences, enseignés aujourd'hui à
Barclays, Oxford et autres prestigieuses universités, le doivent aux indiens
qui inventèrent le zéro et les chiffres, aux arabes qui les ont vulgarisés.
Aux philosophes, mathématiciens, médecins, poètes, astronomes, géographes et
voyageurs et conquérants ; Perses, Kurdes, Berbères et Arabes, musulman et
juifs. Des Avicenne, des Averroès, des Al Khawarizmi, des Khayyâm et Roumi,
des Idrissi, des Ibn Battùta, des Tarik bnou Ziad, des maîmonides... Mais
si nous, le croyons, la réalité vécue par nos peuples est toute autre. Elle
rend notre discours décalé de cette réalité. Quand
on dit à nos peuples que la démocratie et les droits de l'homme sont synonyme
de droits et acquis sociaux, la réalité qu'ils pressentent est toute autre. Quand
on parle du droit de tout être humain à la santé, à se soigner, ils vivent
chaque jour la politique du F.M.I. et de la banque mondiale. C'est-à-dire plus
de santé publique, domaine réservé de plus au privé et donc à ceux qui ont
l'argent puisqu'il n'y a presque pas de couverture sociale. Quand
les Africains les plus atteins de la maladie du Sida, et qui n'ont pas les
moyens d'acheter les médicaments aux prix fort que fixent les laboratoires
suisses et américains, veulent fabriquer des génériques pour se soigner, on
leur oppose un nom catégorique et des menaces de procès. Mais
quand le pays le plus riche de la planète, les USA, veut fabriquer leur générique
du ciprobay, antibiotique anti-anthrax, les laboratoires Bayard le leur vendent
au prix du générique. Quand
on parle du droit au savoir, ce que voient nos peuples, c'est qu'en dehors de
l'Occident, seule une minorité a accès aux écoles françaises, espagnoles,
canadiennes ou américaines ; une autre partie se bat pour arriver à enseigner
ses enfants dans l'enseignement privatisé sous les ordres du F.M.I. et de la
B.-M. Mais la grande majorité, soit ne connaît point l'alphabet, soit est éliminée
au fur et à mesure de son escalade du système délabré de
l'enseignement public. Quelques dizaines de milliers réussissent à avoir des
diplômes, pour avoir le prestige d'être chômeurs diplômés. Quel comble dans
des pays en voie de développement ! Quand
on parle de Justice, ils n'en connaissent pas. Il n'y a qu'une machine à la
solde des gouvernants d'abord, de celui qui connaît le plus haut placé dans
l'appareil de l'état et celui qui donnera la plus grande corruption. Mais de la
justice occidentale aussi, ils entendent parler, quand il s'agit d'occidentaux
originaires du Sud, par leur entourage, leurs journaux nationaux. Ce qu'ils découvrent
c'est qu'aux yeux de cette justice, la vie d'un Beur, d'un renoir, n'a pas la même
valeur que celle d'un "occidental de souche". Celle d'un Youssef Khaîf
qui reçoit une balle dans la nuque vaut à celui qui la lui logé
l'acquittement. Son copain qui a fauché accidentellement une collègue policière
a écopé de 9 mois de prisons fermes. C'est Aïssa Ihich mort dans un
commissariat de police et dans la famille, malgré les assurances de Madame la
première ministre de l'époque E. Cresson et son ministre de l'intérieur M.
Marchand, attend depuis plus de dix ans que justice leur soit rendue. C'est les
milliers de citoyens américains d'origine arabe ou musulmane, qui disparaissent
sans aucune inculpation, sans aucun contact avec leur famille ou avocats, dans
ce pays champion des droits individuels où un criminel peut être relâché
pour vice de forme. N'allez
pas leur parler de liberté d'expression ! Ils n'en connaissent pas. Vous avez
entendu parlé de Ben Brik, de la liberté d'expression en Tunisie, Du nouveau
code de la presse en Algérie et des assassinats de journalistes indépendants.
Vous avez entendu de l'interdiction des journaux marocains "le
Journal", "Demain" et "Assahifa" ? D'un journaliste
L'marbet qui risque de passer 4 mois de prisons et la faillite de son journal
parce qu'il n'a pas compris que les pierres n'avaient pas de valeur sauf
lorsqu'elle faisait partie d'une mosquée ou d'un palais ! D'un autre Darif,
tabassé et disparu depuis le 18 novembre 2001 parce qu'il a couvert les
derniers événements de Smara au Sahara. La
seule fenêtre de liberté d'expression qu'ils connaissaient c'était cette télévision
qatarienne, où il y avait ces débats contradictoires absents dans leur pays. Où
l'islamiste débattait avec le laïc, L'israélien avec le Palestinien. Et
voilà que les USA s'en prennent même à ce petit bijoux, qu'elle fait des
pressions sur le régime de Qatar pour museler cette chaîne ! En
face de cette réalité qui consiste à voir l'incompatibilité des valeurs de
l'Occident pour leur monde, ils trouvent un autre discours. Celui des mouvements
islamistes, bien organisés et bien soutenus. Un discours métaphysique et
anti-moderniste. Tous nos problèmes sont dus à la non-application de l'Islam véritable,
celui du prophète et ses compagnons, celui justement qui dans la mémoire
collective est synonyme de justice et de dignité. Or le débat sur la religion
est absent dans nos sociétés. Il est monopolisé par les régimes au pouvoir
et les mouvements islamistes radicaux qui leur conteste ce monopole qui n'ont
aucun intérêt à l'entamer. Des monarchies du Golf avec le régime wahhabite
au régime monarchique du Maroc où le roi a un statut de commandeur des
croyants, voir avec Hassan II de représentant de Dieu sur Terre, en passant par
tous les autres régimes, l'Islam est religion d'état et le débat le
concernant est clos. On ne peut dans ces pays débattre de la charria, comme
corpus juridique, qui n'a été établi qu'après la mort du prophète et des
compagnons, Justement pendant la période que critique ces mouvements et où ils
considèrent que l'Islam a été dévié. Celle-ci a été construite au fur et
à mesure que l'empire musulman s'agrandissait et que les problèmes se posaient
à la communauté musulmane. DÉMOCRATES
DU SUD ENTRE COMBAT
NATIONAL
ET INTERNATIONAL
Quelle
est la situation des démocrates aujourd'hui et quelles taches leur incombent-il
? Au
Maghreb, avec des degrés différends, on est toujours présent dans le combat
pour les droits humains au sens stricte des droits politiques (liberté
d'expression, impunité, égalité pour la femme...), domaine investi depuis
plus de 2 décennies. L'on commence de plus en plus à être présents dans des
domaines abandonnés à la mouvance islamiste. Droit au développement local
(irrigation, électrification des villages), Droit à l'école en particulier en
milieu rural et pour les filles. Droit à la santé... Sans
que cet investissement ait atteint sa vitesse de croisière, on peut dire que
tous les domaines sont touchés. Des droits de femmes célibataires, battus...
à l'écologie en passant par les enfants de la rue, une société civile est en
train de prendre racines ; déborde des mouvements de démocrates mais où
ceux-ci ont une présence significative. Reste
que si la question du changement démocratique d'un pays a besoin d'une forte
société civile qui soit le relais avec les larges masses et en même temps les
contre-pouvoirs à toute politique allant à l'encontre des intérêts de ces
masses. Le grand problème reste celui de l'outil politique qui dirigera ce
changement et qui soit l'alternatif aux politiques des régimes actuels. Il est
à signaler que des pas, encore timides, commencent dans ce sens. Mais
reste le grand problème, celui de l'absence de conscience, dans la pratique, de
la relation étroite entre le combat national et celui contre l'impérialisme
international. Aujourd'hui,
dans un monde dominé par les multinationales et leurs outils politiques et économiques,
ne pas voir l'actualité de la lutte contre l'impérialisme international et
agir dans ce sens reviendrait à foncer dans le mur. Les
états des pays du Sud croulent aujourd'hui sous des dettes, de dizaines de
milliards de dollars, contractés par des régimes pro-occidentaux. Quelles que
soient les forces qui arrivent aux pouvoirs, fussent-elles démocrates,
progressistes ou révolutionnaires, elles auront deux choix : -
Reconnaître la dette et essayer de la reéchelonner et dans ce cas accepter les
diktats du F.M.I. et de la B. M. Donc appliquer la même politique que les
gouvernements prédécesseurs des régimes dictatoriaux. -
Ne pas la reconnaître et subir l'encerclement de l'impérialisme international. On
peut citer l'exemple de Cuba qui continue à subir l'embargo, alors même que le
démantèlement du bloc soviétique et le départ des Russes enlèvent tout prétexte
aux USA pour le maintenir. On peut citer aussi celui du Nicaragua où à force
de pressions économiques, l'on oblige les électeurs à faire tomber les
Sandinistes du pouvoir, jusqu'aux dernières élections présidentielles où une
déclaration menace américaine fait chuter Ortega, pourtant largement favori à
quelques jours du scrutin ! Si
aucun travail politique digne de ce nom, ne peut se concevoir en dehors des
populations au nom desquelles il parle. Si le renforcement de la société
civile est une nécessité. Si la consolidation de ces gardes fous et contres
pouvoirs pour la société d'aujourd'hui et demain, devient de plus en plus une
évidence. Si la création d'un véritable outil politique démocratique et
progressiste qui réunit les démocrates progressistes est une condition nécessaire,
non suffisante, pour la direction du combat politique de l'établissement d'un
état de droit dans nos pays et celui d'une véritable démocratie. L'ARTICULATION
de ces taches avec le combat contre l'international impérialiste est une nécessité
pour ne pas foncer dans le mur dans nos luttes nationales et pour que ce combat
ne soit le fond de commerce des mouvements obscurantistes dans nos pays. Alors
quand M. Bush, pose à l'Humanité l'ultimatum "soit vous êtes avec nous,
soit contre nous" c'est-à-dire avec les obscurantistes, nous lui répondons
ce qu'on a crié à son père lors de la guerre du Golf. Non, on est ni avec
vous, ni avec Sadam Hussein, on est contre vous deux. On est avec le peuple
Irakien. Aujourd'hui encore on est contre vous, contre les Taliban, contre votre
dictateur de Mousharaf, contre vos alliés mafieux des régimes du Golf, contre
votre allié stratégique et criminel de guerre Sharon, et la liste est longue.
On est pour la lutte du peuple palestinien, des femmes afghanes, des Zapatistes
au Chiapas et liste est longue. On est pour que l'Afrique du Sud, l'Inde et les
pays du Sud puissent fabriquer eux-mêmes leurs médicaments. On est pour que
tous les enfants du monde puissent jouer avec de vrais jouets et non des bombes
à fragmentations. On est pour un monde qui ne soit pas monolithique, qui ne
soit pas dominé par Disney-Coca-Mc Donald. Un monde qui reconnaît l'apport de
toutes les civilisations humaines, qui reconnaît les diversités comme source
d'épanouissement et d'enrichissement. Un monde qui reconnaît l'autre qui
accepte sa différence et non qui veut l'écraser. Espérant
que demain l'infime minorité de citoyens américains qui se battent pour ce
monde soit de plus en plus nombreuse ! Que
les diversités puissent s'exprimer et s'épanouir ! Q'un
dialogue des civilisations puisse se produire, non un choc !
Rida Nourdine Anouar, citoyen pour un monde de dignité, de justice et d'équité. [1] Contribution dans le cadre du Forum international contre la guerre du 2 décembre 2001, notamment sur les points 2c (destruction des oppositions démocratiques dans les pays du Sud) et 2d (Terrorismes, terrorismes d'état, colonialismes). [2] Le terme Monde Arabe ne reflète pas la diversité de cette aire géopolitique. Son utilisation est mal ressentie par des composantes non arabes de ce monde, particulièrement les berbères au Maghreb et les Kurdes en Iraq... De la même manière, le terme Monde Arabo-musulman, ne reflète pas s'il est utilisé pour la région Maghreb moyen Orient les composantes non musulmanes, copte en Égypte, chrétienne au Liban, Syrie et Soudan... et juive. Si ce terme désigne le Monde où l'islam est majoritaire, nous trouvons qu'il est encore plus décalé de la réalité et préférons le Monde musulman. Des centaines de millions de musulmans se trouvant imposé l'arabité à cette civilisation. Si les Arabes ont été les vecteurs politiques (armés et pouvoir) de l'étalement de cette civilisation, tous les peuples qu'elle a côtoyés l'ont imprégnée et façonné. En attendant que l'on trouve mieux, j'utilise ces deux termes : Région Maghreb-Moyen Orient et Monde musulman. [3] Ahmed Rashid in L'ombre des Taliban [4] Idem [5] Idem [6] François Burgat directeur du centre français d'archéologie et de sciences sociales de Sanaâ |