Communiqué de presse de la CICG (vendredi 8 mars 2002) La
Coalition Internationale Contre la Guerre (CICG) exige du gouvernement français,
engagé dans des opérations militaires
présentées comme une guerre du droit contre la barbarie, qu'il
commence par respecter et faire respecter les règles démocratiques qu'il est
censé garantir et la législation internationale dont il se prévaut.
1)
Nous exigeons du gouvernement qu'il mette tout en oeuvre pour que les
ressortissants français détenus à la base de Guantanamo aient accès immédiatement
à un conseil juridique, soit de leur choix, soit proposé par les instances
consulaires françaises. La
CICG souligne que selon l’avis de la FIDH –Fédération internationale des
droits de l’Homme– les conditions d’internement de ces prisonniers,
auxquels sont déniés toutes la garanties auxquels les conventions
internationales, celles de Genève comme celles de l’ONU leur donnent droit,
constituent une détention arbitraire à tout le moins, et pourraient constituer
un crime de guerre. En tant que signataire de ces conventions l’Etat français
a l’obligation d’ exiger le rétablissement de ces droits minimaux pour tous
les détenus, sans distinction de nationalité, dans un premier temps; dans un
deuxième temps, si les Etats-Unis n’inculpent pas les ressortissants français,
le gouvernement doit exiger qu‘ils soient remis aux autorités françaises,
seules aptes alors à décider s’il y a lieu ou non de les mettre en examen.
Si le gouvernement français se dérobait à ces obligations, il deviendrait
complice des agissements illégaux des Etats-Unis, et passible de ce chef de
poursuites. 2)
Nous exigeons du gouvernement le
retrait immédiat de toutes les troupes françaises qui
participent actuellement à la guerre en Afghanistan. En ce moment 22 avions
français bombardent le sud-est de l’Afghanistan, tandis que des troupes françaises
participent à des attaques au sol contre des personnes ou populations
non-identifiées ; la solidarité de la France avec le gouvernement des
Etats-Unis a été promise pour « rechercher et juger les responsables des
attentats du 11 septembre » : on voit mal le rapport entre cet
engagement qui, quoique limité, excédait déjà les pouvoirs donnés par le
peuple souverain à ses représentants, et les opérations militaires
actuellement en cours, auxquelles aucune fin n’est prévisible. C’est la démocratie
qui est violée quand le gouvernement engage la France dans une guerre et risque
la vie de soldats citoyens français en l’absence de tout débat public et de
toute décision parlementaire. 3)
Nous exigeons du gouvernement qu'il
s'engage publiquement et officiellement à refuser toute
participation de l’armée française aux opérations militaires américaines
annoncées contre l’ Irak, le Yémen, la Corée, la Somalie, etc. 4)
Nous exigeons du gouvernement qu'il
mette un terme définitif à ses tergiversations sur les droits du peuple
palestinien et s'engage à
faire respecter le droit international dans la région Palestine-Israël; à exiger d’Israël le respect des nombreuses résolutions
de l’ONU concernant le retrait de son armée des territoires conquis par la
force en 1967; à exiger
d’Israël la cessation de ses nombreuses violations du droit des gens ; à exiger
qu’Israël cesse les bombardements et les assassinats de populations civiles,
les destructions de maisons et vergers, les empêchements à la circulation, la
prise de possession illégale de territoires pour l’implantation de colonies
ou de « routes de contournement », les destructions d’équipements
publics de santé, de sécurité ou d’éducation (dont beaucoup ont été
financés par la Communauté européenne,
la mise en résidence surveillée du président de l’Autorité palestinienne,
toutes actions contraires au droit international. Nous exigeons que le
gouvernement représente à la Communauté
européenne qu’Israël doit compenser la Communauté
européenne pour les équipements détruits, et surtout cesser
des agissements contraires au droit et dont certains sont des crimes de guerre;
nous exigeons que, jusqu’à ce qu’il ait obtenu satisfaction, le
gouvernement français mette fin unilatéralement à ses accords commerciaux préférentiels
avec l’Etat d’Israël. 5)
Alors que le gouvernement actuel tente de se dissocier de la politique régalienne
menée par les précédents présidents, en particulier en « Françafrique »,
et de restaurer un fonctionnement normal, qui rende son rôle au ministère des
affaires étrangères et au Parlement, il est paradoxal que les décisions de la
plus grande gravité pour un pays, telles que celles de l’entraîner ou non
dans une guerre, continuent d’être traitées comme le domaine réservé de
l’exécutif. Plus que paradoxal, c’est inacceptable : la France ne doit
participer à aucune opération militaire de quelque type que ce soit (hormis
les opérations de maintien de la paix sous mandat clair et explicite de
l’assemblée générale de l’ONU) sans que le gouvernement ait organisé préalablement
à un débat parlementaire et à une consultation populaire. La
Coalition internationale contre la guerre - France s’étonne de l’absence de
ces questions dans la campagne présidentielle et demande à tous les candidats
d’annoncer ce qu’ils ont l’intention de faire pour mettre fin à ces
situations illégales ; elle s’étonne de ce que, dans une conjoncture
marquée par la guerre, la menace d’autres guerres, et le délitement du droit
international tacitement approuvé par le gouvernement actuel, aucun candidat
n’ait rien à dire sur ce sujet, et que leur programme ne comporte pas un mot
sur la politique étrangère qu’ils proposent. Nous demandons donc à tous les
candidats de se prononcer sur nos exigences de conformité à nos institutions
et au droit international. La Coalition internationale contre la guerre organisera sur toutes ces
questions un forum « Guerre sans fin – Fin du droit » le 6 avril
de 10h à 16h30 à la Bourse du travail à Paris.
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