Sur la question de l'ONU et de la guerre des Etats-Unis et de leurs alliés contre l'Irak - Claude Serfati
14 avril 2003

Le mouvement antiguerre n'est pas maître de l'état de fait créé par la guerre menée par les Etas-Unis et leurs alliés.

Mais il est comptable de ses prises de position. Il se prépare "autour" des Nations-Unies, en réalité autour des grands pays, principalement mais pas seulement ceux qui disposent d'un siège de membre permanent, une tentative de fermer la "parenthèse" de la guerre et de passer aux affaires courantes et si possibles juteuses. Appelons cette coalition un G-8 (auquel s'ajoutera l'indispensable rôle du FMI et de la BM) ….

L"impérialisme néolibéral" tel qu'il est rêvé par certains ne peut pas être qu'une affaire américaine. Il requiert la participation de tous les grands pays désireux de maintenir leur domination sur la planète, en Amérique latine, en Tchetchénie, et en Afrique. Le retrait immédiat des troupes d'occupation me paraît une revendication élémentaire (le chaos organisé par les Américains à Bagdad ajoute à l'infamie de leur guerre, il conforte un peu plus la justification d'une procédure qui devrait être engagée afin d'obtenir l'inculpation de Bush et Blair , selon C.Pilichovski ) .

Sur la question de l'ONU : le bilan de l'attitude des gouvernements, uniquement centrée autour de la résolution 1441 doit être dressé. Je ne suis pas un spécialiste des questions juridiques, mais je fais évidemment plutôt confiance aux juristes qui déclarent que la guerre décidée par Bush et Blair est illégale. Pendant les discussions mêmes de la mise en œuvre de la résolution 1441 et du travail des inspecteurs de l'ONU, l'aviation anglo-américaine bombardait l'Irak comme elle le fait depuis 1998 sans la moindre couverture juridique de l'ONU. Et d'innombrables autres violations (majoritairement par la Turquie et Israël) .

La focalisation sur le droit de veto de la France et sur son utilisation, l'acceptation que les parlementaires Français ne votent pas sur la question de la guerre, au motif incroyable que "les affaires étrangères sont du ressort du Président de la République" ont créé la dangereuse illusion du "consensus national" derrière Chirac. De même que le souhait publiquement exprimé par Chirac que les Etats-Unis gagnent cette guerre…qu'il avait jugée illégale quelques jours auparavant.

Il me paraît urgent que ATTAC exprime sa plus forte méfiance vis-à-vis de l'architecture institutionnelle qui est actuellement discutée. Non seulement parce que ce qui se prépare constitue une tentative de pérenniser un type d'organisation dont la plupart des peuples de la planète sont victimes, mais également parce que la mobilisation massive anti-guerre à l'échelle de la planète - dont un point élevé a été atteint le 15 février 2003 – tirera profit d'une clarification de l'analyse d'ATTAC sur la contribution du gouvernement français à cette architecture.

Les revendications immédiates, telles que le retrait des armées d'occupation, des élections libres et la création d'institutions nouvelles (ceci a souvent été fait dans l'histoire par le truchement d'une assemblée constituante) ne doivent pas s'opposer à une campagne sur les questions de plus long terme : redéfinition du rôle de l'ONU, programme économique, incluant l'annulation de la dette (le peuple Argentin sera heureux d'entendre l'Administration américaine demander à la France, la Russie et l'Allemagne d'abandonner leur créances en raison de la dilapidation des ressources par S. Hussein) , campagne contre les programmes d'armes de destruction massive en cours aux Etats-Unis (dont les armes bio-chimiques) et ailleurs, etc.

Claude Serfati, 14 avril 2003

 
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