CHRONIQUES DE GUANTANAMO
Ces chroniques hebdomadaires sont éditées et diffusées par le Collectif Guantanamo, 5 rue de Douai, 75009 Paris 
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Informations publiées par le site http://quibla.stcom.net  

Du pire empire : Guantanamo, du premier au troisième empire yankee1. 
Un rappel historique, par le Collectif Guantanamo, 13 avril 2003


Les États-Unis d’Amérique, en éliminant successivement les autres empires concurrents (espagnol, nippon, britannique, français et enfin soviétique), ont su bâtir une domination impériale qui s’est toujours faite au nom de la liberté des peuples et de leurs citoyens. La base militaire US de Guantanamo, sur l’île de Cuba, est née lors de la première expansion impériale yankee – faite sur les décombres de l’Empire espagnol, au détriment des révolutions cubaine, porto-ricaine et philippine et de celui de l’indépendance de la nation hawaiienne - ; elle sert aujourd’hui de camp de concentration dans le cadre de ce qui doit être la troisième et ultime expansion impériale des États-Unis d’Amérique : l’Empire planétaire et spatiale.

Les Chroniques de Guantanamo, par ordre chronologique
LES INFORMATIONS SONT CLASSÉES EN ORDRE CHRONOLOGIQUE DÉCROISSANT

15/05/03 - 3 détenus pakistanais libérés

Selon le ministère de l¹Intérieur pakistanais, 3 prisonniers pakistanais détenus à guantanamo ont été remis par les autorités US aux autorités pakistanaises le jeudi 8 mai. On ignore si ces 3 libérations font partie des 13 libérations déjà annoncées ou s¹y ajoutent. Les personnes libérées ont été identifiées comme Jehan Wali, fils de Wahdatullah, Shah Mohamed, fils de Gul Mohamed, tous deux originaires de la province frontalière du Nord-ouest, et Sahibzada Ousmane Ali, fils de Sahibzada Mohamed Yusuf, du Pendjab. Après examen médical, les libérés devaient être remis aux autorités provinciales
et escortés chez eux.

12/05/03 - Libérés comme ils avaient été capturés

"Je suis seulement furieux que les Américains aient attendu que nous soyons à guantanamo pour nous interroger. S'ils nous avaient questionné en Afghanistan, ça nous aurait évité bien des problèmes", déclare Mohammad Tahir, 28 ans, un des 13 Afghans libérés de guantanamo la semaine dernière et rencontré par l¹agence Associated Press à Kaboul. "Ils auraient pu se rendre compte bien plus tôt que j'étais innocent". Un autre prisonnier raconte que ses geôliers américains le sortaient de sa cellule deux ou trois fois par semaine, lui enchaînaient pieds et mains et lui posaient inlassablement les mêmes questions. "Tout le temps ils nous demandaient: : "D'où viens-tu? Es-tu un taliban? As-tu été au Pakistan? Pourquoi as-tu été capturé avec des talibans?", se souvient Rostom Shah, 22 ans. "Ils disaient : 'Si tu es innocent, alors pourquoi es-tu allé te battre contre ton propre peuple?'". À cette question, les deux hommes ont la même réponse, simple. "Les talibans nous obligeaient à nous battre", raconte le premier. Le second explique que dans son village, les talibans ont enrôlé de force un homme par famille. Selon Associated Press, ils ne se plaignent pas de leurs conditions de détention à guantanamo. Ils disent avoir pu prier, manger trois fois pas jour et fumer des cigarettes. Ils pouvaient prendre une douche deux fois par semaine, lorsque les gardiens nettoyaient leurs cellules. Ils pouvaient aussi échanger des messages avec leurs familles via la Croix-Rouge. Tahir montre le sac que lui ont donné ses geôliers à sa libération, en guise de compensation, sans doute: il contient une paire de tennis et un pantalon neufs, une veste, des sous-vêtements et une bouteille de shampooing.

12/05/03 - Les commissions militaires se mettent en place

Les commissions militaires qui pourraient juger certains des détenus de guantanamo et d¹autres lieux tenus secrets se mettent progressivement en place. Le Pentagone a publié la liste des chefs d¹inculpation selon lesquels nommer le colonel de l¹Armée de terre Frederic Borch III comme procureur général et le colonel d¹aviation Willie Gunn comme chef du bureau des défenseurs. Reste à savoir qui comparaîtra devant ces commissions. Plus la situation de non-droit des prisonniers de guantanamo et de bagram s¹éternise et plus les critiques redoublent contre ce qui est en train de devenir un ³Goulag US².
Selon l¹avocat qatari Najib Al Nuaimi, qui défend une centaine de prisonniers de guantanamo et préside le Comité de défense des détenus de guantanamo bay, un tribunal militaire pourrait être établi d¹ici l¹été prochain. À sa demande de libérer des détenus arabes, l¹avocat s¹est entendu répondre par les autorités US qu¹elles en relâcheraient prochainement. « Cela pourrait advenir n¹importe quand : demain, la semaine prochaine ou le mois prochain. »

12/05/03 - Les paroles d¹un détenu saoudien

« Nous nous sentons extrêmement heureux lorsque nous recevons des lettres et nous les lisons à d¹autres prisonniers saoudiens à Cuba. Ne nous oubliez pas dans vos prières. Mais ne pensez pas que la prison, c¹est l¹oppression. Combien de prisons n¹ont-elles pas mené à la victoire? » Ces lignes sont extraites d¹une lettre d¹un détenu saoudien à sa famille. Abdullah Al Anazi, 24 ans, écrit à sa famille à Qaisuma. Engagé dans une organisation humanitaire, il a été blessé à la jambe et capturé en Afghanistan. Il est maintenant guéri de sa blessure et garde apparemment le moral.

10/05/03 -13 détenus afghans libérés

Ce sont finalement 13 détenus afghans - et non pas 22 comme annoncé précédemment - qui ont, selon le Pentagone, été libérés de guantanamo le mercredi 7 mai et réexpédiés en Afghanistan. Selon des officiels US requérant l¹anonymat, 30 nouveaux détenus devraient être transférés d¹Afghanistan à guantanamo.

10/05/03 - Manifestation contre Ashcroft à Lyon

Deux jeunes gens, proches de deux Lyonnais détenus à guantanamo, ont été brièvement retenus mardi matin 6 mai par les forces de l'ordre alors qu'ils manifestaient devant le siège d'Interpol, à Lyon, à l'occasion de la venue du ministre US de la Justice John Ashcroft.
Une quinzaine de manifestants, dont certains portaient des combinaisons orange à l'image de celles des prisonniers de guantanamo, se sont rassemblés devant le bâtiment afin de demander la libération de Mourad Benchellali et Nizar Sassi, deux jeunes gens du quartier des Minguettes, à Lyon, qui avaient été arrêtés fin 2001 en Afghanistan.
Les protestataires revêtaient des tee-shirts où étaient inscrits des phrases comme "Guantanamo beach, aller simple pour les oubliettes", ainsi que des slogans hostiles aux États-Unis et à la France, accusée de "collaborer" avec l'administration Bush.
Les manifestants s'étaient rendus en milieu de matinée à la cour d'appel de Lyon qui a examiné, en chambre de l'instruction, le recours des familles des deux Lyonnais détenus à guantanamo. Ce recours faisait suite au "refus d'informer" d'un juge d'instruction qui avait refusé d'instruire la plainte contre X déposée par les familles pour atteinte aux libertés, séquestration et détention arbitraire.
Le juge d'instruction avait fait valoir que les faits reprochés concernaient des agents d'un État tiers, en l'occurrence les États-Unis, qui bénéficient d'une immunité de juridiction. L'avocat général a demandé mardi matin le rejet de la requête des familles, faisant valoir que les États-Unis agissaient dans la légalité internationale, en vertu de deux résolutions de l'ONU, ce qui exclut toutes poursuites pénales.
Par cette procédure, les avocats des deux jeunes gens, Me Jacques Debray et Me William Bourdon, espèrent que soit défini le statut de leurs clients, qui avaient 20 et 22 ans au moment de leur arrestation et qui ne bénéficient ni du statut de prisonnier de guerre, ni de celui de suspect devant la justice.
En marge de l'audience, qui s'est tenue à huis clos, l'un des oncles de Nizar Sassi, Salem Slim, a expliqué à l'Associated Press que "Nizar est parti en vacances en juin 2001. Nous n'avons eu aucune nouvelle jusqu'à ce qu'on ait appris son arrestation, en janvier 2002. De guantanamo, nous recevons des lettres de Nizar et Mourad. Ils nous disent qu'ils vont bien et espèrent leur libération. Certaines sont censurées".
La décision de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Lyon sera
rendue le 20 mai.

10/05/03 - Un second Marocain inculpé à Hambourg

Un Marocain de 30 ans, qui était ami avec Mohamed Atta, l'un des pirates de l'air du 11 septembre aux États-Unis, a été inculpé vendredi par la justice allemande pour complicité de meurtres et appartenance à une organisation terroriste pour son rôle présumé dans la préparation des attentats.
Abdelghani Mzoudi, arrêté en octobre dernier, est le second soutien présumé de la cellule de Hambourg inculpé en Allemagne. Il risque jusqu'à 15 ans de prison. Il a nié toute implication dans les attentats du 11 septembre, affirmant que même s'il connaissait Mohamed Atta et d'autres membres de la cellule d'Al Qaïda à Hambourg, il ignorait tout de leurs projets.
Abdelghani Mzoudi est accusé d'avoir apporté un soutien logistique à la cellule de Hambourg et aidé ses membres à préserver leur image d'étudiants ordinaires pour tromper les autorités, selon les procureurs fédéraux. Abdelghani Mzoudi était également un ami de Mounir El Motassadeq, un
Marocain devenu en février le premier suspect dans les attentats du 11 septembre condamné dans le monde pour son rôle dans l'attaque. Abdelghani Mzoudi devrait être jugé par le même tribunal de Hambourg qui avait condamné  Motassadeq à la peine maximale de 15 ans de prison pour les mêmes chefs.

9/05/03 - Le Pakistan va renvoyer Jack Thomas en Australie

L¹Australien Jack Thomas, 29 ans, avait été arrêté à Karachi en janvier et soupçonné de liens avec Al Qaïda. Le gouvernement australien vient d¹être informé par les autorités pakistanaises que celles-ci allaient abandonner les chefs d¹inculpation retenus contre lui et l¹expulser vers l¹Australie.

9/05/03 - Saisie d¹armes et chasse à l¹homme en Arabie saoudite

55 grenades à mains, 377 kg d'explosifs RDX, 2 545 balles de différents calibres, sept fusils-mitrailleurs Kalachnikov, plus de 80 chargeurs et du matériel de communication ont été saisis mardi 6 mai par la police saoudienne à Ryad lors d¹une opération contre des suspects d¹un attentat commis le 18 mars dans la capitale saoudienne. Les suspects recherchés ont réussi à prendre la fuite. La police a annoncé qu¹elle recherche "19 terroristes, dont 17 Saoudiens", une personne d'origine irakienne portant des passeports koweitien et canadien, et un Yéménite, mais "d'autres personnes sont également recherchées". Le ministre de l'Intérieur Nayef Ben Abdel Aziz a indiqué que les ³membres de la cellule² étaient des jeunes qui avaient séjourné en Afghanistan où ils avaient suivi une formation militaire. A leur retour dans le royaume, certains avaient été arrêtés pour cette raison, puis relâchés. Le prince Nayef a promis des récompenses allant jusqu'à 80.000 dollars à tous ceux qui informeront les autorités sur la cellule et quelque 13.000 dollars pour toute information sur l'un de ses membres. Parmi les hommes recherchés se trouve Abderrahmane Mansour Jabarah, 22 ans, dont le frère Mohamed Mansour, 20 ans, se trouve en détention aux USA après avoir été arrêté à Oman l¹année dernière. Les deux frères résidaient à Saint Catharines, dans l¹Ontario, au Canada, où ils avaient émigré, du Koweit, en 1994.

9/05/03 - Les USA ont renoncé à juger un Britannique devant un tribunal militaire

Selon le journal Daily News de New York, les USA étaient prêts à ouvrir le premier procès pour terrorisme devant un tribunal militaire le mois dernier, mais y ont renoncé lorsqu¹ils ont découvert que le suspect était un citoyen britannique, pour ne pas embarrasser le gouvernement de Tony Blair. Le suspect, dont on ignore l¹identité, aurait été prêt à plaider coupable. Sept citoyens britanniques sont détenus à guantanamo.

07/05/03 - 22 prisonniers libérés

Le Pentagone a annoncé avoir libéré lundi 5 mai 22 prisonniers de guantanamo sans donner de précisions sur leur identité ou leur nationalité. Le Pentagone a nié que cette libération était le résultat d¹une lettre adressée par Colin Powell à Donald Rumsfeld le 14 avril, mais qu¹elle avait été décidée il y a quatre semaines et avait simplement été retrardée par la guerre contre l¹Iraq. Dans sa lettre, Powell signalait que 8 pays alliés s¹étaient plaints de la détention de leurs ressortissants et demandait au Pentagone d¹accélérer le traitement de ces prisonniers, écrivant que la façon dont ils étaient traités minait les efforts pour obtenir une coopération internationale dans la guerre contre le terrorisme. Parmi les prisonniers libérés se trouveraient plusieurs mineurs âgés de 13 à 16 ans. Auparavant, 23 prisonniers avaient été libérés. le nombre des détenus à guantanamo se monte donc actuellement à 640.
Répondant dimanche 4 mai à la lettre de Powell, Rumsfeld a expliqué la lenteur du traitement des prisonniers par le fait que de nombreuses agences gouvernementales souhaitaient les interroger, dont le FBI, le département de la Justice, le Département d¹État, le Pentagone, la CIA et le Service d¹immigration et de naturalisation. « C¹est donc un processus compliqué. C¹est très lent. »
Vendredi 2 mai, le Pentagone avait rendu publiques les ³instructions sur les commissions militaires² qui jugeront les ³combattants illégaux ennemis². Les personnes jugées auront droit à un avocat militaire. Si elles souhaitent avoir un défenseur civil, celui-ci devra être citoyen US et devra recevoir une habilitation de sécurité pour avoir accéder à certaines preuves considérées comme secrets militaires. Les instructions déterminent la liste des chefs d¹inculpation susceptibles d¹être retenus contre des accusés. Les ³commissions militaires² avaient été instituées par un décret présidentiel de Bush quelques mois après le 11 septembre 2001.

07/05/03 - 25ème tentative de suicide

Un détenu a tenté de se suicider le lundi 5 mai en soirée au sein de l¹unité de soins intensifs du camp de détention Delta. Cette tentative était la 15ème depuis le début de l¹année et la 25ème depuis janvier 2002.

07/05/03 - Perben questionne Ashcroft

Le ministre français de la Justice Dominique Perben a exprimé lundi 5 mai à Paris à son homologue américain John Ashcroft sa "préoccupation" au sujet des Français détenus sur la base de guantanamo, sans résultat immédiat. "J'ai questionné John Ashcroft sur la situation des prisonniers de guantanamo pour souligner le fait qu'un certain nombre de familles françaises et un certain nombre d'observateurs français considèrent que la situation est immobile, inchangée et préoccupante", a expliqué le ministre français à la presse après l'entretien.
"J'ai souhaité que John Ashcroft prenne en compte cette observation de la part de la France, et il m'a indiqué qu'il prenait acte de cette position et de cette préoccupation française", a-t-il ajouté. John Ashcroft a renoncé à rencontrer la presse française.

06/05/03 - Les proches des détenus français s¹impatientent

Les proches des six Français, détenus sur la base américaine de Guantanamo
(Cuba) depuis près d'un an et demi, ont manifesté leur impatience, avant la rencontre lundi à Paris entre l'Attorney general (ministre de la Justice) américain John Aschroft et le ministre de la Justice Dominique Perben.
Au sein du Comité de soutien des familles de deux Français de la région lyonnaise, le ton s'est durci. "Le discours de calme ne tient plus du tout", explique Ounsi, membre de ce comité, selon qui les amis de ces Français en veulent autant aux États-Unis qu'à la France, qui, selon eux, ne défend pas ses ressortissants.
Depuis leur arrestation lors de la campagne américaine en Afghanistan, les Français, soupçonnés par lesÉtats-Unis d'être des "combattants illégaux" proches d'Al-Qaïda, n'ont eu accès à aucun avocat et n'ont vu aucun juge, comme les quelque 650 autres prisonniers de la base.
Leur cas pourrait être évoqué lundi lors d'un entretien entre le ministre de la Justice Dominique Perben et John Ascroft, en marge du sommet des ministres de l'Intérieur et de la Justice du G8, mais à ce jour aucune promesse officielle n'a été faite à la France. De plus, les autorités américaines estiment qu'ils relèvent du département de la Défense, et non du ministère de John Ascroft.
Dans les rares lettres qui leurs parviennent du camp de Guantanamo, les familles devinent une lassitude croissante. "Les dernières lettres de Nizar Sassi et Mourad Benchellali sont parfois désespérées", explique Ounsi. Atika Yadel, l'épouse de Brahim Yadel, un autre Français qui vivait en banlieue parisienne, a indiqué à l'AFP n'avoir pas reçu de courrier en 2003.
Selon Ounsi, quatre des six Français sont désormais dans la même cellule, "ce qui montre qu'ils ne sont pas de dangereux terroristes".
Si, en France, certains de ces hommes sont déjà connus des services antiterroristes, aucune preuve n'a été à ce jour présentée --du moins officiellement-- par les États-Unis sur leur appartenance à Al-Qaïda.
De leur côté, les avocats des familles de Nizar Sassi et Mourad Benchellali continuent à s'activer pour obtenir de la justice française qu'elle condamne ces détentions.
A Lyon, ils ont porté plainte, notamment pour "détention arbitraire". Mais un juge d'instruction a rendu une décision de "refus d'informer", estimant que les faits ne peuvent être poursuivis.
Me William Bourdon et Jacques Debray ont fait appel de cette décision. Par un hasard de calendrier, leur recours doit être examiné mardi par la Cour d'appel de Lyon.
Ils ont peu d'espoir: dans ses réquisitions écrites, le parquet général a donné raison au juge d'instruction, estimant qu'en arrêtant ces hommes les États-Unis agissaient de manière légale "dans le cadre de résolutions de l'ONU reconnaissant leur droit à la légitime défense", après les attentats du 11 septembre 2001. Une position "aberrante", selon Me Jacques Debray, qui estime que le Conseil de sécurité n'a jamais légitimé les détentions arbitraires.
Source : AFP, 4 mai 2003

16/04/03 - Noir, gris et blanc
Les autorités US ont divisé les 662 détenus de guantanamo en 3 catégories: les noirs, les gris et les blancs. Les noirs devraient être jugés aux USA, les gris pourraient être renvoyés dans leurs pays pour y être jugés et les blancs pourraient être remis en liberté. C’est le secrétaire d’État à l’Intérieur du Pakistan, Tasneem Noorani, qui a révélé cela à son retour d’une réunion à Washington du groupe de travail conjoint pakistano-US sur le terrorisme. D’après Noorani, aucun des 60 Pakistanais détenus à guantanamo ne fait partie des noirs, la plupart font partie des gris et pourraient donc être livrés au Pakistan pour y être jugés. Des officiels US à Washington ont déclaré qu’ils étaient disposés à remettre d’autres prisonniers de guantanamo à leurs pays d’origine, mais que ces pays refusaient de les recevoir, par crainte de représailles de la part d’Al Qaïda. " Ils veulent que ce soit les USA qui s’occupent de ces cas ", a déclaré un officiel à Washington.
D’autre part, Noorani a déclaré que, selon ses interlocuteurs US, le millier de prisonniers pakistanais encore détenus en Afghanistan pourraient être bientôt remis au Pakistan, les services US ayant preque fini de les interroger. Ils en auraient mis une centaine à part pour d’ultérieurs interrogatoires. Plusieurs milliers de Pakistanais avaient été capturés en Afghanistan, mais une bonne partie d’entre eux avaient été libérés après que leurs familles eurent payé des rançons importantes aux seigneurs de guerre, notamment le général Dostom.

16/04/03 - James Ujaama, le repenti de Seattle

L’histoire de James Ujaama est typique des USA de l’après-11 septembre. C’est une histoire triste et instructive. James Earnest Thompson a 37 ans. Cet Afro-Américain converti à l’Islam et marié avec une Somalienne a été l’un des fondateurs de la mosquée de la zone centrale de Seattle, aujourd’hui fermée. Diplômé du collège d’Ingraham, il s’est fait connaître par le travail social qu’il menait auprès de jeunes toxicomanes qu’il essayait de sortir de l’enfer de la drogue, mais aussi par des sites web comme www.stopamerica.org, qui appelaient au Jihad contre l’Amérique. Il a été arrêté en juillet dernier à Denver et accusé de conspiration pour aider Al Qaïda par des collectes de fonds, du matériel informatique et le recrutement de combattants, qu’il aurait entraîné dans un ranch de l’Oregon. L’imam de la mosquée londonienne de Finsbury Park, Abou Hamza Al Masri, avec lequel il aurait été en contact, lui aurait envoyé deux volontaires dans ce fameux ranch de l’Oregon. Il l’aurait aussi mis en contact avec Feroz Abbasi, un Britannique aujourd’hui détenu à guantanamo, que Ujaama aurait accompagné en Afghanistan en 2000. Les charges retenues contre Ujaama lui faisaient courir le risque d’une condamnation de 20 ans à la perpétuité. Il a donc accepté de collaborer avec la justice contre divers supects de terrorisme et a plaidé coupable, lundi 14 avril, pour une des charges retenues contre lui: avoir procuré de l’argent et un ordinateur aux talibans. Pour cela il risque une condamnation à 2 ans de prison et pourrait donc être libre l’année prochaine. Mais en échange, il s’engage à collaborer avec la justice pour une période pouvant durer jusqu’à dix ans. Ce sera donc une drôle de liberté que la sienne. Dans l’immédiat, il va donc charger Abou Hamza, Feroz Abbasi et d’autres suspects. Parmi ceux-ci se trouve Oussama Kassir, un citoyen suédois qui aurait visité le ranch de l’Oregon en novembre 1999 et dont les autorités fédérales US cherchent à obtenir l’extradition de Suède, ce qui semble improbable vu qu’aucun pays n’extrade ses propres ressortissants. Il faudrait pour cela que la Suède déchoie Kassir de sa citoyenneté. Haroun Aswat, qui avait visité le ranch avec Kassir, serait mort au combat en Afghanistan. Trois autres habitants de Seattle liés à la mosquée de la zone centrale et au ranch de l’Oregon, collaborent avec la justice. Il s’agit de Semi Osman, un mécanicien de Tacoma, en attente de jugement pour détention d’arme à feu, de Abdurrahim Al Arshad Ali, un ancien marine converti à l’Isam durant la première guerre du Golfe, accusé d’avoir vendu l’arme à Osman et un troisième repenti, qui a accepté de collaborer pour ne pas être inculpé de détention illégale d’arme à feu. Reste à savoir ce que la justice US va faire à propos de Abou Hamza et de Feroz Abbasi. L’imam londonien vient d’être déchu de sa citoyenneté britannique et risque une expulsion vers l’Égypte. Il est aussi recherché par le Yémen. En attendant, il continue ses prêches sur le trottoir devant la mosquée de Finsbury park, qui a été fermée par la police. Abbasi, considéré comme complice du "complot" du "ranch de l’Oregon", n’est cependant pas inculpé par la justice fédérale à Seattle. Cela mettrait fin à son "statut" de "combattant ennemi illégal" qui justifie sa détention à guantanamo.

16/04/03 - Moussaoui pourra être jugé par un tribunal civil

Le département US de la Justice a déclaré lundi 14 avril dans une note écrite que les droits de Zacarias Moussaoui pourraient être garantis lors d'un procès civil, signalant ainsi que Washington ne souhaite pas traduire le seul inculpé des attentats du 11 septembre 2001 devant un tribunal militaire. Le Département de la Justice répondait ainsi à Leonie Brinkema, la juge fédérale chargée d'instruire le dossier Moussaoui, qui avait déclaré il y a deux semaines que "le voile de secrets" gouvernementaux entourant l'affaire la dérangeait. La juge avait également douté que Moussaoui puisse être traduit devant une cour civile. "Le gouvernement est persuadé que la cour pourra instruire cette affaire en accord avec les exigences de la loi", a assuré le Département de la Justice. La juge Brinkema a ordonné à l'administration US de répondre à Moussaoui, qui assure sa propre défense et se plaint de ne pas recevoir suffisamment d'informations pour bâtir une stratégie. Mercredi 9 avril, la cour d'appel fédérale a refusé à Moussaoui le droit de défendre lui-même sa requête visant à faire témoigner des terroristes présumés, détenus aux USA, pour réfuter les charges de complicité avec les pirates de l'air du 11 septembre 2001.


15/04/03 - Revers pour Moussaoui

La cour d'appel fédérale US a refusé mercredi 9 avril à Zacarias Moussaoui le droit de défendre lui-même sa requête visant à faire témoigner des terroristes présumés, détenus aux USA, pour réfuter les charges de complicité avec les pirates de l'air du 11 septembre 2001.
La cour a ordonné que l'audience du 6 mai se déroule à huis clos, des informations classées secrètes devant y être discutées. L’accusé a réagi par écrit en reprochant à la justice de lui "nier le droit le plus simple d'être entendu".
Le gouvernement avait porté l'affaire devant la cour d'appel après que la juge fédérale Leonie Brinkema avait accordé au prévenu le droit d'avoir accès au prisonnier Ramzi Binalshibh, membre présumé d'Al Qaïda. Celui-ci détiendrait des informations à même d'étayer la défense de Moussaoui, considéré comme un coordinateur des attentats de New York et Washington. Moussaoui assure sa propre défense, mais son dossier sera présenté par l'équipe d'avocats désignée par le tribunal pour protéger ses intérêts. Il encourt la peine de mort.


14/04/03 - Le gouvernement saoudien et guantanamo

Le prince Naif Ibn Abdul Aziz, ministre de l’Intérieur saoudien, a déclaré au cours d’une conférence de presse le 10 avril que dix citoyens saoudiens qui avaient séjourné en Afghanistan avaient été remis aux autorités saoudiennes par les autorités syriennes. Il a ajouté que son gouvernement suivait de près la situation des détenus saoudiens à guantanamo, espérant qu’ils seraient prochainement extradés vers l’Arabie saoudite.

13/04/03 - "guantanamo en plein Toronto"

"Dans la grande ville de Toronto nous avons l’équivalent de guantanamo bay": ce commentaire a été fait vendredi 11 avril par le juge de la Cour fédérale W. Andrew MacKay qui examinait le cas de Mahmoud Jaballah, un Égyptien détenu depuis 20 mois sur la base d’accusations des services de renseignement canadiens selon lesquelles il serait lié à l’ organisation égyptienne Al Jihad, qui serait liée à Al Qaïda. Entré au Canada avec un faux passeport en 1996, Jaballah était le principal de l’école islamique de Scarborough. Il a été arrêté une première fois en mars 1999 sur la base d’un "certificat de sécurité nationale" émis par le gouvernement fédéral en application du paragraphe 40.1 de la Loi d’immigration. Une fois avalisé par un juge, ce certificat ouvre la voie aux procédures de déportation. Ce certificat avait été annulé par un juge de la Cour suprême qui estimait que Jaballah ne menaçait pas la sécurité nationale. Mais les services de renseignement ont convaincu le gouvernement d’émettre un nouveau "certificat" en août 2001. Mais la nouvelle Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés adoptée à l’été 2002 contraint désormais les autorités à déterminer si les personnes menacées de déportation risquent d’être persécutées si elles sont renvoyées dans leur pays. En août 2002, le ministère de l’Immigration concluait que Jaballah risquait d’être tué ou torturé s’il était renvoyé en Égypte. Depuis 8 mois, Jaballah, détenu en isolement, attend donc que le ministre de l’Immigration et le procureur général décident s’il doit ou non être déporté, au vu des risques qu’il court en Égypte. Tout cela a mis en colère le juge MacKay, qui doit décider dans les 2 semaines qui viennent si la procédure contre Jaballah doit être poursuivie ou abandonnée. Mais même si elle était abandonnée, le sort de M. Jaballah est incertain: le Bureau de l’immigration et des réfugiés vient de rejeter sa demande d’asile, estimant qu’il a de "sérieuses raisons" de croire qu’il est lié à des organisations terroristes. Cependant, e Bureau a estimé que la femme et les 4 enfants de Jaballah avaient droit à l’asile au Canada.

13/04/03 - Abdurrahmane Khadr à guantanamo

Abdurrahmane Khadr , 21 ans, a été transféré au camp de guantanamo le 21 mars, où il a rejoint son petit frère Omar, 16 ans, qui y est détenu depuis juillet dernier. Les deux jeunes gens sont citoyens canadiens. Ils sont les fils d’Ahmed Khadr, un informaticien d’origine égyptienne, dont les services US pensent qu’il est l’un des lieutenants d’Oussama Ben Laden et qu’ils recherchent activement ainsi qu’un autre de ses fils. Abdurrahmane avait été capturé par les soldats de l’Alliance du Nord en Afghanistan en novembre 2001. Les autorités canadiennes ont engagé des négociations avec le gouvernement US pour pouvoir rendre visite à Abdurrahmane. Ells avaient pu rendre visite à Omar et avaient demandé aux autorités US de le libérer, vu son jeune âge, arguant qu’il avait été recruté comme "enfant-soldat", argument qu’elles pourraient utiliser aussi pour son frère Abdurrahmane.

10/04/03 - Le gouvernement attaque une Coalition en faveur des prisonniers devant la Cour suprême

Dans une requête adressée lundi 7 avril à la Cour suprême des USA, le département US de la justice demande à cette juridiction de confirmer la sentence de la 9ème Cour d’appel fédérale de San Francisco, émise en novembre dernier. Cette sentence déclarait que la Coalition du clergé, des professeurs et avocats n’avait aucune autorité pour entamer une action légale en faveur des prisonniers de guantanamo. Cette Coalition basée en Californie demande que le gouvernement permette l’accès d’avocats aux prisonniers, définisse les charges retenus contre eux, rende publiques leurs identités et leur permette d’accéder à un tribunal fédéral. Le département de la Justice argue que les prisonniers, capturés à l’étranger et détenus à l’étranger, n’ont pas le droit d’accéder à la juridiction US, en se référant à une sentence de la Cour suprême de 1950 concernant des prisonniers allemands de guerre acpturés en Chine. Il estime d’autre part que la Coalition n’a aucune relation avec des prisonniers de guantanamo qui justifierait qu’elle plaide en leur faveur. De son côté la Coalition estime que son "intérêt général pour le sort de sprisonniers" est suffisant pour qu’elle intervienne en leur faveur. La Cour suprême devra décider dans le courant du printemps si elle accepte d’examiner l’affaire, enregistrée sous le n° 02-1155, sous le titre : "Coalition of Clergy, Lawyers and Professors, et al, vs. George Walker Bush, president of the United States, et al."

09/04/03 - USA : Sami Al Arian ne peut payer son avocat

Un juge de Tampa, Floride, a commis d’office deux avocats pour défendre le Dr Sami Al Arian, l’informaticien accusé de diriger le Juhad islamique aux USA, après que celui-ci eut fait savoir qu’il n’avait pas pu collecter les fonds nécessaires à financer sa défense, soit plus d’un million de dollars. Al Arian a attribué cette impossibilité au fait qu’il a été transféré dans une prison fédérale et mis à l’isolement, n’étant autorisé qu’à 15 minutes d’appels téléphoniques par mois. Al Arian a aussi refusé de renoncer à son droit à un procès rapide, ce qui sgnifierait qu’il comparaîtrait devant un jury dès le 1er mai. Les procureurs estimant qu’ils auront besoin d’un an pour collecter leurs preuves, ils devront demander au juge de dénier à Al Arian son droit à un procès rapide.


08/04/03 - Victoire morale de six Algériens contre la raison d’Etat

Sous ce titre, M. Saâdoune écrit dans Le Quotidien d'Oran du 5 avril 2003 ce qui suit :
Une nouvelle victoire morale pour les Algériens de Guantanamo livrés, au mépris d’une décision de justice, aux forces américaines par les autorités bosniaques.
La cour bosniaque des droits de l’homme a, de nouveau, confirmé, vendredi, que la décision des autorités bosniaques à l’encontre des Algériens, dont certains avaient la nationalité bosniaque, était une mesure arbitraire. La cour a estimé que la Bosnie-Herzégovine et la Fédération croato-musulmane, l’une des deux entités du pays, ont violé plusieurs articles de la Convention européenne des droits de l’homme, intégrée dans la Constitution bosniaque, relatifs notamment à l’expulsion, à la détention illégale et à l’abolition de la peine de mort, dans le cas de Mustafa Aït Idir et Belkasem Bensayah.
Les deux hommes, ainsi que quatre autres Algériens, connus désormais sous le nom des "six de Guantanamo", étaient accusés, sans preuve, d’avoir eu l’intention de commettre des attentats contre les ambassades américaines et britanniques. Emprisonnés en octobre 2000 à Sarajevo, les six avaient été innocentés par la justice bosniaque, mais les autorités bosniaques, sous pression des Américains, ont organisé un véritable enlèvement à leur sortie de prison et les ont livrés aux Américains qui les ont immédiatement déportés dans la zone de non-droit de Guantanamo.
La cour bosniaque des droits de l’homme a demandé aux autorités bosniaques "de prendre toutes les mesures possibles afin d’éviter que la peine de mort soit prononcée ou mise à exécution" à l’encontre des deux hommes. Elle demande également que Aït Idir et Bensayah perçoivent des indemnités de 7 700 et 5 100 euros pour le préjudice subi. La même décision avait été prise en octobre 2002 par la cour pour les quatre autres Algériens. Ce nouveau jugement conforte les six Algériens injustement incarcérés dans le camp de Guantanamo au nom de la simple raison d’Etat. Au début du mois de janvier dernier, la Cour fédérale de Bosnie avait prononcé un jugement rétablissant la nationalité bosniaque à l’un des six Algériens, en l’occurrence Lakhdar Boumédienne, livrés par les autorités bosniaques. Car dans leur voie de fait contre la justice, les autorités bosniaques avaient pris une mesure de déchéance de la nationalité bosniaque pour certains de ces pensionnaires forcés de l’archipel du non-droit de Guantanamo. Saisie par leurs avocats, la Cour fédérale bosniaque avait considéré que ce précédent était illégal et anticonstitutionnel. C’était cette même cour qui avait innocenté, en janvier 2000, les six Algériens des accusations de terrorisme et ordonné leur mise en liberté. Dans une obéissance aveugle aux Américains, les autorités bosniaques les ont extraits de prison pour les remettre aux Américains. Au nom de la raison d’Etat.

08/04/03 - Les combattants étiquetés "terroristes"

L'armée US a affirmé avoir capturé ou tué un certain nombre de combattants étrangers dans les combats en Iraq. Les prisonniers ont permis la découverte d'un camp d'entraînement "terroriste", a-t-elle ajouté. Le général Vincent Brooks, porte-parole du commandement central US basé au Qatar, a déclaré lors d'un point de presse que ce camp, à Salman Pak au sud-est de Bagdad, fournissait la preuve d'un "lien entre le régime et le terrorisme". Il a toutefois ajouté qu'aucun élément ne permettait de relier ce camp à une organisation en particulier.
"Certains de ces combattants viennent du Soudan, d'Egypte et d'autres endroits. Nous en avons tué un certain nombre et capturé un certain nombre d'autres", a déclaré Brooks.

07/04/03 - Combien de prisonniers iraqiens ?

Les informations varient selon les sources : 8 000, 9 000 ou 6 000 ? D’après les Marines US, 2 500 membres de la Garde républicaine se sont rendus près de Kut, au sud de Baghdad. La plupart des prisonniers de guerre iraqiens sont détenus dans des camps de tentes près d’Oum Qasr. Les forces britanniques sont en train de préparer des campements pour accueillir 16 000 prisonniers. D’après un porte-parole britannique, les envahisseurs envisagent de garder ces prisonniers dans le sud de l’Iraq jusqu’à la fin de la guerre et de les "rapatrier" ensuite. Le CICR a commencé à visiter les prisonniers. D’autre part, le CICR poursuit ses démarches auprès des autorités iraqiennes pour pouvoir visiter les prisonniers de guerre anglo-US.

07/04/03 - USA : un informaticien d’origine palestinienne détenu au secret à Portland

Maher Hawash, un ingénieur informatique de 38 ans travaillant chez Intel, citoyen US depuis 15 ans, né à Naplouse en Cisjordanie, a été arrêté le 20 mars dernier par le FBI à Portland. Il est depuis cette date maintenu au secret en tant que "témoin matériel". Cette procédure, instituée par une loi en 1984, a été utilisée contre une cinquantaine de personnes depuis le 11 septembre. Hawash est interrogé sur ses liens avec un groupe de six inculpés de Portland, accusés d’avoir tenté de se rendre en Afghanistan à la fin de 2001 pour y combattre les forces US. Hawash est détenu à la prison fédérale de Sheridan, dans l’Oregon. Ses amis se sont mobilisés et ont créé un site web : FreeMikeHawash.org.

05/04/03 - USA : les médias demandent la publication des motifs d’inculpation contre Moussaoui

L'Associated Press, la chaîne ABC, le groupe Hearst, le "New York Times", la "Tribune Company", le "Washington Post" et l'association Reporters Committee for Freedom of the Press ont une nouvelle fois demandé qu'un tribunal fédéral rende publics les motifs des chefs d'inculpation pesant sur Zacarias Moussaoui, l’unique inculpé pour les attentats du 11 septembre, qui a demandé à assurer sa propre défense.
Les avocats des médias ont demandé jeudi au juge fédéral Leonie Brinkema de publier l'exposé des motifs, proposant que le gouvernement US dispose de dix jours pour les examiner et de ne pas rendre publique toute information qu'il jugerait "sensible".
Le 29 août dernier, le juge Brinkema avait décidé de placer sous scellé les débats de l'audience préliminaire de Zacarias Moussaoui parce que ces débats comprenaient "des menaces, des insultes racistes, des appels à l'action, et autres expressions inappropriées". La décision du juge Brinkema a été prise après que le ministère de la Justice a affirmé que les motifs avancés par Zacarias Moussaoui pourraient contenir des messages codés à d'autres membres du réseau Al-Qaïda.
Arguant que cette décision était trop large et violait le 1er amendement de la Constitution sur la liberté d'opinion, les médias ont estimé devant la cour que "la presse et le public ont le droit constitutionnel et légal d'avoir accès à ces motifs à moins que des intérêts contraignants ne l'exigent".


04/04/03 - Les Britanniques veulent garder leurs prisonniers de guerre

D’après Geoff Hoon, le ministre britannique de la Défense, plus de la moitié des 8 000 prisonniers de guerre iraqiens sont aux mains des forces britanniques. D’après le quotidien The Guardian, des membres du cabinet de Londres estiment que ce serait illégal pour Tony Blair de céder aux demandes US et de remettre certains de ces prisonniers, considérés comme "paramilitaires" et "combattants illégaux", à la police militaire US. Ils font valoir qu’une extradition est impossible puisque les USA pratiquent encore la peine capitale. Une source gouvernementale britannique a précisé qu’il serait entièrement inacceptable que des prisonniers capturés par les Britanniques soient déportés à guantanamo, arguant que même si Oussama Ben Laden était capturé en Grande-Bretagne, il serait illégal de l’extrader aux USA pour qu’il y soit jugé, étant donné qu’on y pratique la peine capitale. Cette position est, d’après le quotidien, partagée, par des responsables militaires britanniques au Koweït, qui ont dit qu’ils préfèreraient que les combattants en civil, les paramilitaires et les "Fidayin de Saddam" soient jugés pour crimes de guerre, éventuellement par la Cour pénale internationale. Un porte-parole de Croix-Rouge internationale a déclaré que toute personne capturée dans la zone de guerre, que ce soit en uniforme ou en civil, devait être traitée en prisonnier de guerre selon la Convention de Genève, qui a été étendue en 1977 à la protection de membres de groupes de guérilla.


03/04/03 - Directives militaires US sur la détention de civils iraqiens

Le commandement militaire US a rendu publiques mardi 1er avril des directives concernant les civils iraqiens arrêtés. Ceux-ci pourront être détenus jusqu’à 30 jours et seront, pendant ce temps, traités "humainement" comme les autres prisonniers de guerre. Ceux qui s’avèreraient avoir violé les lois de la guerre pourraient être considérés comme "combattants illégaux" .


03/04/03 - 24ème tentative de suicide
Un nouveau prisonnier a tenté de se suicider lundi 31 mars dans sa cellule au camp de guantanamo. Les gardiens sont intervenus rapidement et l’ont transféré à la section psychiatrique ouverte le 23 mars. Selon le porte-parole militaire, le lieutenent-colonel Barry Johnson, qui a donné cette information, 20 des 35 lits de cette nouvelle section sont actuellement occupés par des prisonniers. 80 prisonniers seraient actuellement traités pour des problèmes de santé mentale, dont 60% seraient sous médication.

02/04/03 - Afghanistan : un ministre taliban capturé
Les forces armées US et leurs supplétifs afghans ont commencé une vaste opération militaire le samedi 29 mars dans le sud de l’Afghanistan, dans la zone montagneuse de Sangisakh Shaila, à cheval sur les provinces de Kandahar et d’Uruzgan, à environ 70 km au nord de Kandahar. Au cours de cette opération, le ministre du Commerce du gouvernement taliban, le Mollah Abdurrazaq a été capturé ainsi que 12 autres talibans, selon un porte-parole du gouverneur de Kandahar. Selon la même source, 8 talibans ont été tués. L’opération engage 1 500 soldats US et afghans.

01/04/03 - Les USA envisagent de déporter des civils iraqiens à guantanamo

Les forces d’invasion US en Iraq ont capturé au cours de rafles plus de 300 civils dans le sud de l’Iraq et envisagent de les déporter à guantanamo. Des juristes militaires sont en train d’étudier la manière dont l’opération pourrait être réalisée. Des tribunaux militaires examineraient le cas de ces civils qui, s’ils étaient décrétés "combattants illégaux", pourraient alors être déportés. Il y a de toute façon un peu plus de 300 cellules vides à guantanamo, prêtes à accueillir de nouveaux prisonniers. Les civils capturés sont soupçonnés d’être des membres des milices et des groupes paramilitaires du parti Baath iraqien.


30/03/03 - Naim Kouchi transféré à guantanamo

Selon Amnesty International, Naim Kouchi, le leader pachtoune de la tribu Ahmadzaï arrêté par les forces US le 1er janvier 2003, était au nombre des 30 prisonniers transportés le 23 mars de bagram à guantanamo. Cette nouvelle ne fera que renforcer la colère parmi ses compatriotes pachtounes, dont de nombreux leaders sont venus à Kaboul pour plaider sa cause. Même le "président" Karzaï et le ministre de la Défense Mohamed Fahmi ont demandé sa libération aux forces US. Kouchi, un commandant taliban, avait changé de côté après l’invasion US de l’Afghanistan et était en contact permanent avec les forces US. Il a été arrêté à un barrage routier alors qu’il se rendait à une rencontre avec Karzaï. Le commandant US en Afghanistan, le lieutenant-colonel McNeill, a déclaré il y a quelques semaines que le sort de Kouchi était entre les mains du Commandement central US à Tampa, en Floride.

29/03/03 - Saïd Abbasin : "rendez-moi mon taxi"

Saïd Abbasin, 25 ans, est l’un des 18 Afghans libérés de guantanamo et relâché cette semaine par la police afghane à Kaboul. Il conduisait à bord de son taxi deux passagers de Khost à Kaboul en janvier 2002 lorsqu’il fut arrêté puis remis aux forces US. Déclaré innocent par les services US, il a déclaré son intention de réclamer des compensations au gouvernement US pour l’année de détention qu’il a subi. Et surtout, il demande qu’on lui rende son taxi, qui était son seul moyen de subsistance.


29/03/03 - Afghanistan : inquiétudes pour Haji Naim Kouchi

Haji Naim Kouchi est un chef tribal afghan de 65 ans, qui a été arrêté par les forces US le 1er janvier dernier alors qu’il s’apprêtat à rencontrer le "président" Hamid Karzaï. Depuis, il a été maintenu au secret. Amnesty International vient d’exprimer son inquiétude quand au sort du détenu, qui est diabétique et porte une ceinture chirurgicale suite à l’ablation d’un rein. Le CICR a remis à la famille deux lettres du détenu mais certaines phrases avaient été noircies. Amnesty a demandé aux autorités US d’indiquer où Kuchai est détenu, de lui garantir l’accès à des soins médicaux, à un avocat et à des visites familiales.


29/03/03 - USA : Sami Al Arian transféré dans une autre prison

Détenu depuis son arrestation le 20 février dernier à la prison du Comté de Hillsborough à Tampa, Floride, le Dr Sami Al Arian, accusé avec 3 autres personnes d’appartenance au Jihad islamique, a été transféré dans la prison fédérale Coleman du Comté de Sumter, à une heure de voiture de Tampa. Le juge présidant le tribunal fédéral qui a examiné sa demande de remise en liberté contre caution n’a par ailleurs pas encore rendu son verdict.

28/03/03 - Afghanistan : la libération des prisonniers pakistanais bloquée

Annoncée il y a une dizaine de jours, la libération des plus de 900 Pakistanais emprisonnés en Afghanistan depuis octobre et novembre 2001 se fait toujours attendre. Les USA sont intervenus pour empêcher une libération "prématurée" et ont fait savoir qu’avant d’être libérés, les prisonniers devaient être examinés par les services US. 583 de ces prisonniers sont détenus à Mazar-e-Sharif, 150 à Kaboul et plusieurs centaines d’autres à Sheberghan et ailleurs.

27/03/03 - Les 18 ex-détenus afghans remis en liberté à Kaboul

Les 18 Afghans extraits du camp de guantanamo et transférés à Kaboul ont été libérés par la police afghane mardi 25 mars après 3 jours d’interrogatoires. Alors que la plupart d’entre eux semblaient ne pas avoir à se plaindre de leur séjour à guantanamo, deux d’entre eux ont fait état de mauvais traitements de la part des gardiens militaires US. Sahib Jan, 24 ans, ancien chauffeur d’un responsable taliban, raconte qu’il a été enfermé dans un container sans fenêtre pour avoir protesté contre la saisie de son Coran. Nourri à travers un trou, il est alors tombé malade et a été transféré dans une cellule individuelle où il a été laissé nu pendant une semaine. pendant plusieurs semaines, il n’a reçu que de la nourriture froide. Il a asssité au tabassage d’un prisonnier qui a eu le bras cassé par des gardiens pour avoir protesté contre le fait que ceux-ci faisaient du bruit avec des chaînes pendant les prières. Murtaza, 28 ans, lui aussi ancien chauffeur d’un responsable taliban, a dit que ses ennuis ont commencé lorsqu’il a protesté contre la saisie de son Coran et le sabotage des prières par les gardiens qui sifflaient et traînaient des chaînes par terre. Il a été gazé et aspergé au canon à eau pour avoir protesté. Il monte des cicatrices sur ses jambes, traces des blessures occasionnées par les coups de pied assénés par des gardiens lourdement bottés. Il se plaint aussi d’avoir été enfermé dans des pièces rendues glaciales par l’air conditionné et d’avoir été soumis à des fouilles au corps intensives. "C’était une vie en cage". Il a précisé que certains des détenus avaient été interrogés 20 fois, d’autres 50 ou 60 fois. Il a passé deux mois à Sherberghan et 5 mois à Kandahar avant d’être déporté à guantanamo.
La plupart des prisonniers avaient été capturés par les troupes du général Dostom puis revendus aux forces US. Sher Gulab, de Jalalabad, a, lui, été arrêté au Pakistan où il travaillait et dit ne pas en vouloir aux US mais aux Pakistanais parce qu’ils l’ont arrêté. Un autre homme, Bismillah, dit avoir été susupecté d’appartenance à Al Qaïda parce qu’il est sourd et ne comprenait pas les questions des interrogateurs US.

27/03/03 - Temara, une succursale marocaine de guantanamo ?

Des détenus musulmans soupçonnés d’appartenance à Al Qaïda seraient détenus au siège de la DST marocaine, un imeuble de deux étages dans la banlieue de Rabat, à Hay Ryad, près de la forêt de Temara. C’est ce qui ressort de plusieurs témoignages publiés par la presse marocaine de personnes qui pensent avoir été détenues à cet endroit. Selon un avocat, 25 personnes y seraient actuellement détenues. Les autorités ont d’autre part démenti des informations selon lesquelles des Marocains détenus à guantanamo auraient été transférés au Maroc. Il y aurait actuellement 17 prisonniers marocains à guantanamo.

26/03/03 - Libérés de guantanamo, mais détenus à Kaboul

Les 18 prisonniers "libérés" il y a quelques jours de guantanamo ont été transférés dans une prison de Kaboul. D’après le ministre adjoint de l’Intérieur afghan, Hilaluddin Hilal, ils seront interrogés par des enquêteurs pour savoir d’où ils sont. Ensuite, leurs histoires seront vérifiées dans leurs lieux d’origine. Les Afghans seront remis en liberté. Les originaires d’autres pays ne seront pas remis en liberté : " Personne ne les a invités ici pour une réception ou un mariage. Ils sont venus pour combattre. Ils sont probablement d’Al Qaïda. "


26/03/03 - Les oubliés de guantanamo

Sous ce titre, le site Algeria Interface (http://www.algeria-interface.com) a publié le 21 mars 2003 l’article suivant de Daikha Dridi :

Le désintérêt est tel pour les Algériens prisonniers à Guantanamo que personne n’est même capable d’en donner le nombre exact. Les autorités algériennes semblent indifférentes au sort de ses ressortissants, détenus dans l’arbitraire le plus total de l’administration américaine.

Abdelkader Ait Idir est inquiet depuis octobre dernier. Depuis qu’il a reçu la dernière lettre de son frère Mustapha, emprisonné à Guantanamo. Une lettre écrite en bosniaque, destinée à son épouse à Sarajevo, dont plusieurs passages ont été barrés. "C’est la première fois qu’on reçoit une lettre visiblement censurée. Je suis très anxieux, je n’ai plus de nouvelles de mon frère. On nous dit qu’un détenu est hospitalisé, soi-disant après avoir tenté de se suicider. Mais ça, c’est leur propagande, les tentatives de suicide, nous on n’y croit pas", dit Abdelkader, un entrepreneur en travaux publics, qui est devenu, par la force des choses, porte-parole des familles des détenus algériens à Guantanamo.
Combien sont-ils? Abdelkader Ait Idir, qui représente les familles de six prisonniers livrés par le gouvernement bosniaque en janvier 2002 aux Américains, parle de 24 Algériens en tout. Une information qu’il n’a pas obtenue auprès des autorités algériennes mais d’un avocat du Qatar qui tente de défendre, à titre humanitaire, une quarantaine de détenus de nationalités diverses. Les algéro-bosniaques sont Mustapha Ait Idir, 33 ans, Boudelaa El Hadj, 37 ans, Nechla Mohamed, 34 ans, Lahmar Saber 34 ans, Bensayah Belkacem, 40 ans et Lakhdar Boumediene, 37 ans.
Exception faite de Ait Idir, parti en 1993 d’abord pour l’Italie, les cinq autres ont quitté l’Algérie à la fin des années 80, début 90, pour se rendre en pèlerinage à La Mecque. De là-bas, leurs destins finissent par se croiser dans la Bosnie de l’après-guerre, où les ont envoyés des organisations humanitaires ou caritatives, parfois gouvernementales, comme le Croissant-rouge des Émirats Arabes Unis, dont ils sont les employés. En dehors de Ait Idir et Boumediene, qui sont employés en tant qu’experts en informatique, les quatre autres sont des administratifs.
Arrêtés en novembre 2001 par la police bosniaque, ils ont été accusés par les autorités américaines d’avoir planifié des attentats contre les ambassades américaine et britannique à Sarajevo. Détenus dans cette ville pendant trois mois, ils ont finalement été acquittés par la Cour suprême bosniaque. Mais le jour de leur libération, à quatre heures du matin, et sous les yeux de leurs familles qui attendaient derrière les grilles, ils sont menés, cagoulés, vers une destination inconnue.
"Ce n’est qu’un mois plus tard que j’ai su que mon mari se trouvait à Guantanamo", raconte Soraya, l’épouse de Mohamed Nechla, rentrée depuis à Laghouat, dans le sud algérien. C’est la Croix-Rouge internationale qui l’a contactée: "ils nous ont dit: nous avons vu vos maris, ils vont bien, nous ne pouvons rien vous dire d’autre, écrivez des lettres que nous transmettrons". La première lettre, Soraya ne l’a reçue que cinq mois plus tard. "Ma santé est bonne, ne t’inquiète pas", c’est ce qu’écrivent les six détenus à leurs familles. "Aucun d’entre eux ne donne des détails sur la manière dont ils sont traités, sur les interrogatoires, on ne sait jamais s’ils vont vraiment bien, s’ils sont obligés de nous dire cela, ou s’ils veulent seulement nous rassurer", poursuit Soraya Nechla.

L’indifférence des officiels algériens

Les lettres, envoyées aux épouses, photocopiées en plusieurs exemplaires, font en général le tour de la famille. Courtes, écrites sur des imprimés qui portent la mention "exclusivement réservé aux informations personnelles et familiales", elles se ressemblent toutes, tant elles évitent le détail. "Je ne sais de quoi on m’accuse, écrivait, il y a un an de cela, Belkacem Bensayah à son épouse, une Bosniaque de Sarajevo. Je vais bientôt être libéré, je n’ai rien commis, et toute la Bosnie le sait, je suis innocent. Prends soin de toi et de nos filles, et veille sur leur bonne éducation. Ton mari, aimant et fidèle".
Le plus loquace des Algériens de Bosnie est sans doute Mustapha Ait Idir, qui se plaint ouvertement du traitement carcéral dans sa dernière lettre censurée. Il raconte également dans une précédente missive qu’il ne comprend pas que, lors des interrogatoires, il n’est jamais question des attentats qu’ils étaient supposés avoir planifiés, "ils ne leur posent que des questions sur les organisations où ils travaillaient, leurs financements et surtout sur la communauté arabe de Bosnie, c’est tout ce qui les intéresse", dit Abdelkader Ait Idir. Face au désintérêt total des officiels algériens pour ces détenus, il a abandonné son travail pour se consacrer à plein temps à son frère.
De tous ceux à qui il a écrit, de toutes les personnalités ou institutions interpellées, en près d’un an de harcèlements, seule l’ambassadrice des États-Unis à Alger, Janet Sanderson, lui a officiellement répondu, pour le "conseiller" de s’informer auprès des autorités algériennes. Le député Aribi Hassan du parti El Islah (islamiste) s’est montré, quant à lui disponible, solidaire, et efficace. Après avoir organisé des conférences de presse des familles de détenus à l’Assemblée nationale, il se trouve actuellement aux États-Unis dans le but de se rendre à la base américaine de Cuba, ou, selon le Washington Post, une épidémie de tentatives de suicides sévit.
Alors que de nombreux détenus ont reçu la visite d’officiels de leur pays, parfois même plusieurs visites, les Algériens, eux, n’ont vu personne arriver: "j’ai envoyé une lettre à l’ambassade d’Algérie à Washington, écrit Mustapha Ait Idir, je leur ai dit notre situation, je leur ai demandé de l’aide, mais personne n’est jamais venu nous voir, il n’y a que les Algériens qui n’ont jamais reçu aucune visite de leurs représentants". "Vous savez, ce sont aussi des Bosniaques", nous dit le chargé des affaires consulaires de l’ambassade d’Algérie, qui n’est pas sur lui-même de connaître le nombre exact de prisonniers algériens.
À Washington, l’ambassade algérienne ne fait que refléter l’indifférence d’Alger. L’administration Bush a offert la possibilité à tous les pays dont des ressortissants sont incarcérés à Guantanamo de leur rendre visite. Le gouvernement algérien n’en a jamais manifesté le souhait, répondent invariablement les officiels américains lorsqu’ils sont interpellés sur ce sujet.
Même les régimes les plus dictatoriaux ont au moins fait semblant de s’intéresser au sort de leurs citoyens, dit l’épouse d’un prisonnier algérien, "mais il est vrai qu’il est difficile de faire semblant de s’intéresser à quelques prisonniers enfermés dans des cages à Cuba quand on a fait disparaître plus de 7 000 personnes à domicile".


25/03/03 - 650 - 19 + 30 = 661

19 prisonniers afghans ont été libérés vendredi 21 mars du camp de guantanamo et ont été acheminés à bagram, la base aérienne US près de Kaboul qui sert aussi de centre de détention. Dimanche, une trentaine de nouveaux prisonniers ont été trasnférés de bagram à guantanamo. On ignore leurs nationalités. Désormais, les prisonniers de guantanamo sont 661.


22/03/03 - 23ème tentative de suicide

Un prisonnier a fait une nouvelle tentative de suicide par pendaison tôt dans la journée du mercredi 19 mars, ce qui porte le nombre de tentatives de suicide parmi les prisonniers de guantanamao à 23 depuis janvier 2002. Le prisonnier, qui avait déjà fait plusieurs tentatives de suicide, a été examiné à l’infirmerie deu camp puis ramené dans sa cellule. Selon les autorités du camp de détention, 80 prisonniers sont actuellement traités pour "troubles mentaux", dont 60% reçoivent des médicaments.

21/03/03 - Témoignages sur la torture à bagram

Si on ignore encore tout des méthodes utilisées par les services US pour interroger les prisonniers de guantanamo, des informations commencent à filtrer sur celles utilisées à bagram. Il n’y a aucune raison de penser qu’il en aille autrement à guantanamo. Le Monde du 15 mars a publié le reportage de Françoise Chipaux, son envoyée spéciale à Peshawar, qui a pu rencontrer deux anciens prisonniers de bagram.
"Par la lumière de la porte à l'autre bout du hangar, nous déterminions à peu près l'heure des prières." Récemment libéré de la prison de Bagram après un séjour de deux mois et cinq jours, Mohammed (un nom d'emprunt, par crainte des représailles) avoue n'avoir vu le ciel qu'une seule fois quand il fut réquisitionné pour vider les latrines. Alors que l'armée américaine enquête sur la mort suspecte de deux détenus à Bagram et que les défenseurs des droits de l'homme dénoncent les conditions de détention et d'interrogatoire des personnes arrêtées, Mohammed et Saïf-ur-Rahman - un autre détenu récemment libéré - livrent leurs témoignages.
La prison de Bagram, établie sur une ancienne base aérienne construite par les Soviétiques et aujourd'hui occupée par l'armée américaine et les troupes de la coalition antiterroriste, est proche de Kaboul. Elle renferme une centaine de détenus, selon le colonel Roger King, porte-parole américain à Bagram. Ils sont apparemment séparés entre le "menu fretin" et ce que les Américains pensent être "de gros poissons".
Saïf-ur-Rahman, frère du chef de guerre Malik Zahrin, qui collabore avec les États-Unis, a été l'un de ces "gros poissons" avant que les Américains ne s'aperçoivent de leur erreur. Arrêté par des soldats américains sur une route de la province de Kunar, alors qu'il revenait à Asadabad après avoir été nommé par le gouvernement responsable de la reconstruction, Saïf-ur-Rahman a d'abord été emmené sur la base d'Asadabad. Après un très sommaire interrogatoire, il a été transporté par hélicoptère sur la base de Jalalabad (est de Kaboul). "Ils m'ont mis, nu, dans une pièce avec deux soldats et deux chiens, dit-il. Un soldat versait de l'eau glacée sur moi. Comme je leurs disais que j'étais un ancien moudjahidin, que j'avais combattu les Russes, l'un d'eux m'a dit de faire attention, que les chiens étaient russes. Je suis resté une demi-heure comme cela. Après, les deux soldats sont partis et sont entrés un étranger en civil et deux interprètes afghans. Ils m'ont donné une couverture et des cigarettes et ont commencé à m'interroger." Pendant les 24 heures passées à Jalalabad, Saïf-ur-Rahman a été interrogé deux fois. Le reste du temps, "à part une vingtaine de minutes où j'étais allongé avec des chaînes aux mains et aux pieds, j'ai dû rester debout sans pouvoir dormir", raconte-t-il. Emmené ensuite à Bagram, par hélicoptère, Saïf-ur-Rahman a été installé au premier étage du centre de détention, où sont placés les prisonniers de première importance. "Ils m'ont d'abord coupé les cheveux, donné un uniforme rouge. Pendant 24 jours, j'ai été seul dans une petite pièce, les mains menottées devant, avec l'autorisation de m'allonger seulement deux heures par jour. Il y avait des gens qui parlaient tout le temps, de la lumière en permanence et quand j'étais fatigué, ils venaient pour me dire debout, tenez-vous." Saïf-ur-Rahman affirme alors avoir subi 230 interrogatoires.

"Assis, debout"

Il a ensuite rejoint le "menu fretin" au rez-de-chaussée. Les détenus y sont gardés dans des box séparés par des grillages, par groupes de huit à dix, avec interdiction de se parler. "Si vous dites un mot, vous êtes punis", affirme Mohammed. Ce hall est en permanence éclairé par deux rangées de puissantes lampes. "Les soldats vous regardent en permanence. La nuit, ce sont souvent des femmes et elles parlent très fort pour nous empêcher de dormir", ajoute-t-il en précisant que, même allongés, les prisonniers n'ont pas le droit de se couvrir la face. Outre la privation de sommeil, le rationnement semble faire partie des méthodes d'interrogatoires. "Un petit biscuit, un petit paquet de raisins secs, des légumes en paquets, toujours froid et seulement deux fois par semaine une moitié de rôti -un pain plat-", explique Mohammed.
"Avant les interrogatoires, ils vous conditionnent, note Mohammed. Ils vous disent sans arrêt : "Assis, debout". Ils vous empêchent de dormir." L'une des menaces favorites paraît être l'envoi sur la base américaine de Guantanamo (Cuba). "Un jour, ils m'ont apporté des cailloux et m'ont dit de les compter. J'ai compté 50 et ils m'ont dit : c'est le nombre d'années que vous passerez à Guantanamo si vous refusez de parler", confie Saïf-ur-Rahman.
Ces deux prisonniers n'ont jamais été battus. Mais Mohammed affirme avoir été interrogé presque quotidiennement (55 jours sur 65 de détention) et ajoute : "Nous avons entendu quelques fois des gens battus et il y a des cellules spéciales pour les prisonniers spéciaux." Après le 1er mars, au Pakistan, Khaled Cheikh Mohammed, considéré comme le numéro trois d'Al-Qaida, aurait été conduit à Bagram.

21/03/03 - Un avocat saoudien dénonce la propagande US

L’annonce, faite à Copenhague par l’ambassadeur itinérant US pour les crimes de guerre, Pierre-Richard Prosper, qu’une "poignée" de prisonniers de guantanamo allait être prochainement libérée a été dénoncée le 13 mars par l’avocat saoudien Kateb Al Shemmary. Ce dernier, qui est le secrétaire général du Comité pour la défense des prisonniers de guantanamo, a précisé qu’à ce jour, seuls 3 détenus avaient été libérés. Ils étaient tous très âgés et l’un d’eux souffrait de troubles mentaux. Selon Al Shemmary, cette déclaration visait à améliorer l’image des USA auprès des pays musulmans à la veille d’une attaque contre l’Iraq. Il a ajouté : " J’exige urgemment des autorités US qu’elles libèrent immédiatement tous les prisonniers innocents, qu’elles permettent aux autres de se défendre et qu’elles permettent à des avocats et à des journalistes de leur rendre visite. "

13/03/03 - La Cour d’appel de Washington confirme le non-droit
La Cour d’appel du District de Columbia vient de rendre un jugement qui instaure de fait un "Goulag" US. Elle a décidé que les prisonniers de guantanamo ne pouvaient pas bénéficier des droits constitutionnels US puisqu’ils sont des étrangers détenus sur un territoire qui échappe à la juridiction US. La Cour, dans son jugement, invoque une jurisprudence de 1950, qui déniait les droits constitutionnels à des prisonniers de guerre allemands détenus dans une prison militaire US en Allemagne après avoir été capturés aux côtés de soldats japonais en Chine. Les avocats des 16 plaignants - 12 Koweïtiens, 2 Australiens et 2 Britanniques - devront donc se tourner vers une Cour d’appel supérieure ou vers la Cour suprême US. Commentant ce jugement, Amnesty international a déclaré : " Détenir des gens sans inculpation et sans accès à un défenseur risque de créer un "Goulag américain" pour les personnes détenues dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. "

13/03/03 - José Padilla a droit à un avocat
Le juge fédéral de Manhattan Michael Mukasey avait décidé en décembre dernier que José Padilla, arrêté le 8 mai dernier et accusé d’être un "combattant ennemi", avait le droit de rencontrer son avocate. Le gouvernement avait fait opposition à cette décision. Le juge vient de récidiver et de confirmer son précédent jugement: Padilla a le droit de rencontrer son avocate. Reste à savoir combien de temps cela prendra. Les procureurs vot sans doute faire appel de cette décision. Et ils invoqueront sans doute la décision de la cour d’appel de Richmond, Virginie, qui a dénié le droit à la défense pour Yasser Essam Hamdi, un autre "combattant ennemi" de nationalité US, d’abord détenu à guantanamo puis, une fois découverte sa nationalité, transféré sur un bateau-prison à Richmond.

12/03/03 - L'ambassadeur US n'a pas de réponses aux questions des députés danois : Pierre-Richard Prosper, l'ambassadeur itinérant US pour les crimes de guerre, a rencontré lundi 10 mars les parlementaires danois membres de la Commission juridique du Folketing, le Parlement danois. Ses réponses évasives ont suscité la colère de plusieurs parlementaires. Il n'a notamment pas su répondre à la question : " Pourquoi les autorités Us ont-elles qualifié les prisonniers de guantanamo de "combattants ennemis illégaux?" " Il s'est vu contraint de répondre qu'il reviendrait lorsqu'il aurait "plus d'informations", ce qui a suscité l'étonnement des parlementaires. D'autre part, Prosper a annoncé que les autorités US envisageaient de libérer " une poignée de prisonniers, dont les USA considèreent qu'ils ne constituent plus une menace pour la communauté internationale. "

12/03/03 - 22ème tentative de suicide : Une 22ème tentative de suicide a eu lieu à guantanamo dimanche 9 mars. Selon un porte-parole de la base militaire de guantanamo, le détenu n'en était pas à sa première tentative. Selon lui, "les gardiens sont intervenus immédiatement et ont empêché des dommages sérieux." Transporté à l'infirmerie pour observation, le détenu a été ensuite ramené dans sa cellule.

12/03/03 -Des prisonniers transférés en Jordanie ?

L'Observatoire islamique d'Amman a annoncé que, selon ses informations, un certain nombre de prisonniers de guantanamo avaient été transférés en Jordanie pour y être interrogés. Cette information n'a pu être confirmée par aucune autre source.

12/03/03 -Le Parlement de Bahreïn examine l'affaire de guantanamo

La Commission du Parlement de Bahreïn pour les Affaires étrangères, la défense et l'Économie nationale a soumis, pour débat, le dossier contenant les informations qu'elle a pu recueillir sur les Bahreïnis détenus à guantanamo et sur les 10 étudiants disparus en Iraq depuis 12 ans, au Président du Parlement Khalifa Al Dhahrani. Ce dossier devait être débattu lors de la session hebdomadaire du parlement.

10/03/03 Nouvelle tentative de suicide
: Vendredi 7 mars, un détenu a de nouveau tenté de se suicider, ce qui porte à 21 le nombre de tentatives de suicide à guantanamo, dont 11 depuis le début de l'année. Le cas le plus grave est celui du détenu qui a tenté de se supprimer le 16 janvier dernier et se trouve toujours à l'infirmerie du camp, avec de graves lésions cervicales.

09/03/03 - Bush : "nous ne les torturons pas" : Lors d'une rencontre privée avec le Haut commissaire des Nations unies pour les droits humains, Sergio Vieira de Mello, jeudi 6 mars, le président Bush a juré que " les USA n'ont pas eu recours et n'auront pas recours à la torture dans les interrogatoires des suspects de terrorisme détenus par les USA. " Mais le débat qui agite les USA se poursuit : les détenus de bagram, de guantanamo et d'ailleurs sont-ils soumis à la torture? Cela n'expliquerait-il pas les vingt tentatives de suicide à guantanamo en un an et les deux morts, en décembre dernier, de Bagram? Pour John Parry, professeur de droit à l'Université de Pittsburg, " il ne s'agit pas de la torture classique en vigueur en Europe au XIXème siècle et il y a beaucoup de manières de rendre la vie dure à un prisonnier. " Syed Gul Mohamed Shah et Ayoub Ali Khan, deux citoyens indiens musulmans détenus "par erreur" pendant plus d'un an au Metropolitan Detention Center de Brooklyn après le 11 septembre, ont dressé la liste des méthodes utilisées à leur encontre. Par exemple, " toutes les dix minutes, un gardien venait frapper avec un marteau sur la porte de fer de notre cellule d'isolement pour nous empêcher de dormir. Ente deux interrogatoires, nous étions contraints de rester debout ou dans des positions très inconfortables 24 heures sur 24, sous un éclairage permanent au néon. " Un "manuel de torture mentale et psycholgique" rédigé par la CIA en 1983 et distribué dans le monde entier, notamment en Amérique latine, donne des indications sur les "nouvelles méthodes de torture": " La souffrance infligée de l'extérieur renforce la volonté de résistance, tandis que la douleur qui vient du moi profond la brise. "
D'après Vince Cannistraro, ancien directeur du Centre anti-terrrrorisme de la CIA, chaque fois que la torture psychologique ne parvient pas à faire plier les prisonniers de guantanamo et bagram, les USA remettent les prisonniers à des pays comme la Jordanie, l'Égypte, les Philippines et le Maroc, qui pratiquent la torture "traditionnelle". Ce que dénonce Human Rights Watch : " Ils laissent le travail sale à d'autres et s'imaginent ainsi pouvoir s'en sortir avec les mains propres légalement. " " Des temps exceptionnels réclament des mesures exceptionnelles ", dit Alan Dershowitz, un professeur de droit de Harvard qui justifie la torture "propre". Il est vrai que ce soi-disant "libéral" s'est déjà fait connaître en proposant aux Israéliens de détruire un village ou un quartier palestinien choisi au hasard sur une liste informatisée après chaque action de la résistance palestinienne.

08/03/03 - Human Rights Watch écrit à Donald Rumsfeld : L'organisation US de défense des droits humains Human Rights Watch a adressé le 6 mars une lettre circonstanciée au secrétaire US à la Défense Donald Rumsfeld pour exiger la libération des prisonniers de guantanamo appartenant à 3 catégories : " les soldats talibans capturés dans la guerre maintenant finie entre les USA et le gouvernement d'Afghanistan, à moins qu'ills ne soient poursuivis pour crimes de guerre; les civils qui n'ont pas de relation notable avec Al Qaïda ou les talibans et qui n'auraient probablement jamais dû être envoyés à guantanamo; les suspects de terrorisme dont la détention n'a rien à voir avec la guerre en Afghanistan, à moins qu'ils ne soient inculpés d'un crime et poursuivis. "

 

06/03/03 - Rencontre USA-Danemark sur le prisonnier danois

Le sort du seul Danois détenu à guantanamo, Slimane Hadj Abderrahmane, fera l’objet de discussions entre le ministre danois des Affaires étrangères, Per Stig Moeller et Pierre Richard Prosper, ambassadeur itinérant US pour les crimes de guerre, attendu à Copenhague lundi prochain. En même temps une délégation danoise prépare une visite à Washington, où elle demandera à visiter le prisonnier et devrait aussi demander sa libération. Après Copenhague, Prosper devrait se rendre à Stockholm pour y évoquer le sort de Mehdi Ghezali, l’unique Suédois détenu à guantanamo.


05/03/03 - 20 prisonniers transférés dans un nouveau bloc

20 prisonniers du Camp delta ont été transférés pendant le week-end au Camp 4, un nouveau bloc de détention de "sécurité moyenne" qui est en construction. Au Camp Delta, les prisonniers n’ont le droit de sortir de leurs cellules individuelles que 2 fois 15 minutes par semaine. Le nouveau bloc offre, selon les autorités militaires du camp, des "récompenses" pour les détenus "coopératifs" telles que des dortoirs, plus de livres, plus de douches et plus de temps de sortie. Parmi les autres "récompenses", les autorités citent : du chewing-gum, des livres religieux, du beurre de cacahuètes et de la confiture. Les détenus transférés au Camp 4 pourraient être des "candidats à une éventuelle remise en liberté", selon le lieutenant-colonel Johnson, porte-parole militaire, qui a aussi annoncé qu’une nouvelle tentative de suicide avait eu lieu mais que les gardiens avaient pu prévenir "toute blessure sérieuse".

03/03/03 - USA : Sami Al Arian hospitalisé
Le professeur Sami Al Arian, qui mène une grève de la faim depuis son arrestation le 20 février dernier, a été conduit vendredi 28 février aux urgences de l’Hôpital général de Tampa, Floride, où il a passé deux heures avant d’être reconduit à la prison du Comté de Hillsborough. Là, il a été placé dans une cellule où il sera sous observation directe 24 heures sur 24. Les responsables pénitentiaires ont refusé de fournir des détails sur son état de santé.


02/03/03 - USA : le Pentagone dresse une liste de "crimes de guerre"

Le Pentagone a publié vendredi 28 février une liste de 24 crimes dont des suspects de terrorisme pourraient être accusés devant des tribunaux militaires US. Ces crimes, de l’enlèvement au viol en passant par l’empoisonnement, sont tous considérés comme crimes de guerre. La liste a été présentée comme un "projet", qui serait finalisé à la mi-mars après avoir reçu des "commentaires publics", a fait savoir le département de la Défense. Aucune précision n’a été apportée sur l’identité des personnes qui pourraient être traduites devant des tribunaux militaires en vertu de ces accusations. Mais les autorités US envisageraient de le faire pour Zakarias Moussaoui, le Français détenu en Virginie. Celui-ci a demandé la comparution comme témoin de Ramzi Binalshibh, présenté comme lieutenant d’Oussama Ben Laden, et cette demande a été acceptée par le juge Brinkma, qui instruit le dossier Moussaoui. Mais comme Binalshibh aurait, lors de ses interrogatoires, blanchi Moussaoui, les procureurs tentent désormais de contrer la décision du juge Brinkma.

02/03/03 - USA : un étudiant saoudien arrêté dans l’Idaho

Sami Omar Al Hussayen, un étudiant en sciences de l’informatique à l’Université de l’Idaho, a été arrêté mercredi 26 février. Il est accusé de "fraude" pour ne pas avoir déclaré l’aide qu’il avait apporté à une association humanitaire accusée de promotion du terrorisme par un grand jury et pour ne pas avoir fait état de ses activités extra-universitaires dans sa demande de visa pour études. Une partie de l’argent collecté par l’accusé aurait été versée à l’Assemblée islamique d’Amérique du Nord, basée dans le Michigan. Arrivé aux USA en 1994, Sami Omar est entré à l’Université d’Idaho en 1999 pour y faire un doctorat en sciences informatiques. L’Association des étudiants musulmans de l’Université, dont il a été le président, a protesté de son innocence. Il risque une peine maximale de 25 ans de prisons en vertu des 11 inculpations qui pèsent contre lui. Sa femme Maha a été détenue pendant 5 heures et interrogée en l’absence d’un avocat. Les agents du FBI ont confisqué son chéquier.

02/03/03 - UE : la France bloque l’accord d’extradition avec les USA

La présidence grecque de l’UE a décidé le 28 février de reporter à "mai ou juin" l’adoption du Pacte d’extradition et de coopération judiciaire avec les USA, devant l’opposition française à certaines clauses du pacte. Le représentant français au Conseil des ministres de la Justice a bloqué l’adoption de ce pacte, négocié depuis plus d’un an. Ainsi, la France est le seul pays opposé au pacte, après que les réserves émises par le Portugal eurent été levées par l’adoption d’une déclaration annexe. Objets du blocage: la France réclame qu’en cas de demande d’extradition émanant à la fois des USA et d’un pays européen, la priorité soit donnée au pays européen; en outre, la France a argué qu’elle n’obtiendrait pas la ratification par son parlement du pacte si celui-ci n’excluait pas les cas pouvant finir devant des juridictions spéciales comme celui des détenus de guantanamo.


01/03/03 - USA : le FBI a utilisé des informations du Mossad pour arrêter Sami Al Arian

Selon le magazine new-yorkais Forward (http://www.forward.com/index.html), des informations fournies par le Mossad israélien ont joué un rôle-clé dans l’enquête du FBI qui a conduit à l’arrestation du Dr Sami Al Arian et de 3 autres personnes le 20 février. Une délégation du FBI se serait rendue l’année dernière en Israël et aurait reçu du Mossad des renseignements recueillis en 1994 par un agent sioniste libyen infiltré au siège du Jihad islamique à Damas. Celui-ci aurait enregistré une conversation téléphonique entre le Dr Al Arian et Damas. Cet agent, dont le travail aurait permis l’exécution par le Mossad du secrétaire général du Jihad islamique, Fathi Shiqaqi, à Malte en 1995, aurait par la suite été démasqué et exécuté par les Syriens. Les informations fournies par le Mossad ne pouvaient être utilisées dans une procédure judiciaire avant l’adoption de l’US Patriot Act en 2001. C’est désormais possible.

01/03/03 - Espoirs du père de David Hicks après les déclarations de Tony Blair

Terry Hicks, le père de l’un des 2 Australiens détenus à guantanamo, a déclaré qu’il espérait que les déclarations de Tony Blair sur guantanamo allaient constituer une pression sur le gouvernement australien pour qu’il agisse. " Cela ne me surprend pas que l’Australie reste silencieuse. je pense qu’à ce stade le gouvernement australien est embarrassé par cette situation et qu’il ne veut pas en entendre parler. Plus le temps passe et plus les gens oublient, et ça passe sous le tapis. "

28/02/03 - Tony Blair interpellé sur guantanamo

Interpellé mercredi 26 février sur la situation du citoyen britannique Feroz Abassi, détenu à guantanamo, par le député travailliste Geraint Davies, le Premier ministre britannique Tony Blair a déclaré : " C’est une situation hautement inhabituelle et difficile. Nous recevons encore des informations assez valables des gens qui sont là-bas. Mais je suis d’accord qu’il s’agit d’une situation irrégulière et certainement nous devrions essayer d’y mettre fin aussi rapidement que possible. " Davies a déclaré que Blair devait exercer des pressions sur les autorités US pour qu’elles inculpent et punissent Abassi ou bien le remettent à la grande-Bretagne.

28/02/03 - Vieira de Mello critique le Pakistan et les USA

Au terme d’une visite de 3 jours au Pakistan, le Haut commissaire des Nations unies pour les droits humains, Sergio Vieira de Mello a critiqué mercredi 26 février, au cours d’une conférence de presse à Islamabad, le Pakistan pour avoir remis aux USA environ 450 suspects d’appartenance à Al Qaïda sans inculpation ni procès. M. de Mello a dit que les familles des prisonniers avaient le droit de savoir de quoi on les accusait. Il a dit avoir rencontré les familles de deux détenus de guantanamo à Peshawar, qui n’avaient reçu aucune nouvelle des prisonniers depuis leur arrestation.

28/02/03 - Nouvelle visite du CICR

Le Comité international de la Croix-Rouge a entamé la semaine dernière une nouvelle mission de visite des prisonniers de guantanamo, qui durera six semaines. Au cours de la mission, le CICR s’entretiendra avec chaque prisonnier individuellement et avec les responsables militaires du camp.


28/02/03 - USA : Sami Al Arian licencié de l’Université de Floride du Sud

Judy Genshaft, présidente de l’Université de Floride du Sud, a annoncé mercredi 26 février le licenciement du professeur Sami Al Arian, enseignant de sciences informatiques, détenu depuis le 20 février sous 50 chefs d’inculpation et accusé d’être le chef du Jihad islamique pour les USA. La direction de l’université avait suspendu Al Arian en décembre 2001 mais avait été contrainte de continuer à lui payer un salaire en le déclarant en "congé administratif".


27/02/03 - L’ONU critique les USA

Le groupe de travail de la Commission des droits de l'homme de l'ONU sur la détention arbitraire a critiqué mercredi 19 février à Genève les conditions de détention des personnes arrêtées aux USA, soupçonnés d'avoir été impliquées dans les attentats du 11 septembre 2001.
Le groupe d'experts, sous la direction du Français Louis Joinet considère que, dans deux cas, qui lui ont été soumis, de personnes détenues sur le territoire des USA, depuis plus de 14 mois, "apparemment en isolement, sans qu'aucun chef d'inculpation ne leur soit officiellement notifié, sans pouvoir communiquer avec leurs familles et sans qu'un tribunal ait eu à statuer sur la légalité de leur détention, cette situation est de nature à conférer un caractère arbitraire à leur détention".
Pour les personnes détenues à guantanamo, le rapport prend note que les autorités US les considèrent comme des "combattants ennemis" étrangers et refusent de leur accorder le statut de prisonniers de guerre prévu par les Conventions de Genève de 1949 sur la protection des civils dans les conflits et des prisonniers de guerre.
"Outre que cette interprétation est en débat, le groupe de travail rappelle que l'autorité compétente pour déterminer le statut de prisonnier de guerre n'est pas l'autorité exécutive, mais l'autorité judiciaire", comme le stipule la troisième Convention de Genève.
Tant qu'une juridiction compétente n'aura pas tranché sur ce point, les personnes détenues bénéficient de la protection de la Convention (traitement humain, contrôle de la légalité de la détention, droit à un procès équitable), poursuivent les experts, "de telle sorte que l'absence de ces garanties est susceptible de rendre leur détention arbitraire".

27/02/03 - Le Canada aurait contrevenu à la Convention de Genève

Un ancien député du Bloc québécois a demandé jeudi 20 février à la Cour supérieure du Québec de déterminer si le Canada a contrevenu à la Convention de Genève en remettant ses prisonniers afghans aux autorités US, l'année dernière.
Daniel Turp, qui est également professeur de droit, et 16 de ses étudiants de l'Université de Montréal ont présenté à la cour une motion visant le premier ministre Jean Chrétien, l'ancien ministre de la Défense, Art Eggleton, le ministre des Affaires extérieures, Bill Graham et le ministre de la Justice, Martin Cauchon.
Les prisonniers afghans capturés par les forces canadiennes ont été remis aux US qui les ont internés avec leurs propres prisonniers dans leur base de guantanamo.
L'avocat du ministère fédéral de la Justice, René Leblanc, estime que M. Turp et ses étudiants font fausse route en s'adressant à la Cour supérieure du Québec sur cette question. Selon lui, les requérants n'ont pas de lien direct sur ce qui se passe en Afghanistan.
"Nous croyons que la jurisprudence en la matière est très claire et que les cours ne sont pas l'endroit privilégié pour discuter de telles choses, a soutenu Me Leblanc. Ce genre de chose concerne le Parlement."
M. Turp a répliqué que les citoyens ont le droit de soulever des inquiétudes à propos des obligations canadiennes en matière de lois internationales.
"Nous croyons que c'est une question d'intérêt public et qu'il est de mon devoir de soulever la possibilité que le Canada ait contrevenu à la loi et à ses obligations internationales en remettant certains prisonniers aux autorités américaines l'année dernière."

27/02/03 - Les futurs prisonniers irakiens seront-ils transférés à guantanamo ?
Amnistie internationale (Canada francophone) lance une pétition demandant au secrétaire américain à la Défense, M. Donald Rumsfeld, de préciser le statut juridique des prisonniers de guantanamo et de les libérer ou de les rapatrier dans leur pays, à moins qu'ils ne soient accusés d'un crime prévu par la loi et jugés au cours d'un procès public juste et équitable.
Depuis le 10 janvier 2002, les États-Unis détiennent, hors de tout cadre juridique, plus de 600 " combattants " sur la base militaire de guantanamo à Cuba. Ils n'ont été ni accusés ni jugés, et ce, depuis plus d'un an pour certains. Les détenus sont privés de contact avec les tribunaux et leurs avocats. Ils sont soumis à la perspective de rester en détention pour une durée indéterminée, dans des cellules exiguës, enfermés parfois vingt-quatre heures sur vingt-quatre, et confrontés à l'éventualité d'être jugés par des commissions militaires exécutives, habilitées à prononcer la peine de mort, sans droit d'appel. On leur refuse tout statut juridique, en particulier celui de prisonniers de guerre , ce qui les assurerait de protections garanties par les Conventions de Genève.
" Ces détentions sont totalement arbitraires. Le statut de " combattant illégal " n'appartient à aucun cadre juridique. Le centre de détention de guantanamo est un dangereux précédent. Cette pratique commence déjà à s'étendre à d'autres pays comme Israël, la Russie et le Royaume Uni, c'est pourquoi il faut y mettre fin le plus rapidement possible. " a déclaré Gilles Sabourin, coordonnateur pour l'abolition de la peine de mort d'Amnistie internationale. " Comment les Américains et leurs alliés pourront-ils bénéficier des protections des Conventions de Genève à l'avenir si eux-mêmes ne les accordent pas aujourd'hui ? " a-t-il ajouté.
D'autre part, selon les Conventions de Genève, le Canada reste responsable des prisonniers capturés en Afghanistan ou ailleurs. Il ne devrait pas les livrer aux Américains si les États-Unis ne respectent pas les protections que celles-ci leur accordent. Il est aussi responsable d'assurer à ses ressortissants le respect de leurs droits dont ceux d'Omar Khadr, un citoyen canadien âgé de 15 ans au moment de son arrestation et toujours détenu sans inculpation ni jugement dans les " limbes juridiques " de guantanamo. En raison de son statut de mineur, il aurait droit à un traitement différent de celui infligé aux adultes, ce qui lui est présentement refusé. Le gouvernement canadien doit exiger que ses droits consulaires et ses droits juridiques soient respectés immédiatement.
Par ailleurs, Amnistie internationale est très inquiète des préparatifs de guerre visant l'Irak. Elle a demandé au Conseil de sécurité des Nations Unies d'évaluer immédiatement l'impact d'une guerre sur les droits fondamentaux du peuple irakien et de le prendre en considération lors de toute délibération sur l'utilisation de la force contre l'Irak. Elle demande un déploiement immédiat d'observateurs des droits humains en Irak qui signaleraient toute violation par quelque partie que ce soit.
" Les États-Unis insistent sur les liens entre l'Irak et Al-Qaïda. Nous craignons que de futurs prisonniers irakiens subissent le même sort que les "combattants" détenus à Guantanamo et sur d'autres bases militaires américaines ailleurs dans le monde " a déclaré Michel Frenette, directeur général de la section canadienne-francophone d'Amnistie internationale.
La pétition pour le respect des droits fondamentaux des prisonniers de Guantanamo est disponible sur le site internet d'Amnistie internationale à l'adresse suivante :
http://www.amnistie.qc.ca/ (faire le lien avec les codes SPIP) ou en téléphonant au (514) 766-9766.

27/02/03 - Des officiels canadiens ont visité Omar Khadr à guantanamo
Des responsables canadiens des services de renseignement et du ministère des affaires étrangères ont pu rendre visite à Omar Khadr, le seul prisonnier canadien détenu à guantanamo, du 13 au 17 février, où ils l’ont interrogé, notamment sur son père, Ahmed Khadr, actuellement recherché pour ses liens supposés avec Al Qaïda. Omar Khadr, 16 ans, a été capturé le 27 juillet dernier lors d’une attaque par des troupes US d’un camp près de Khost en Afghanistan. Blessé, il a été soigné et interrogé en Afghanistan et transféré à guantanamo le 28 octobre dernier. Il est accusé d’avoir tué un sergent US lors des combats qui ont duré plus de 4 heures. Il est né à Scarborough, dans l’Ontario. Son frère Abdurrahmane, 20 ans, a été capturé en Afghanistan en novembre 2001. Son autre frère Abdullah, 22 ans, et son père sont actuellement recherchés.

27/02/03 - Le Britannique Moazzam Begg transféré à guantanamo
Arrêté au Pakistan en février 2002, le Britannique Moazzam Begg, 35 ans, de Birmingham, vient d’être transféré de la base de bagram, en Afghanistan, à guantanamo, selon le Foreign Office, dont un porte-parole a dit espérer : " Nous espérons pouvoir le visiter rapidement. " Begg a passé une année dans une cellule sans fenêtre à bagram.

27/02/03 - Les tentatives de suicide inquiètent le CICR

Les tentatives de suicide des détenus de guantanamo inquiètent le Comité international de la Croix-Rouge.
Dix-neuf détenus ont tenté de se suicider, a indiqué dimanche 23 février le Pentagone. Selon l'organisation, ces actes désespérés s'expliquent par le statut légal peu clair des prisonniers.
"La dernière tentative de suicide a eu lieu le 19 janvier", a précisé un porte-parole du Pentagone, le lieutenant-colonel Gary Keck.
Les USA doivent urgemment entreprendre des démarches pour clarifier le statut des prisonniers de guantanamo, a déclaré le porte-parole du CICR, Florian Westphal. Les tentatives de suicide démontrent que le statut des détenus n'est pas qu'une question juridique, mais aussi humanitaire.
Le CICR a intensifié ces derniers mois les discussions avec Washington sur les conditions de détention dans la base américaine. Début janvier, l'organisation humanitaire avait rendu visite à 619 détenus du camp. La prochaine série de visites commencera à la fin du mois de février.

27/02/03 - Mémorandum d’un avocat saoudien au CICR

Kateb Al Shemmary, avocat d’une partie des 150 détenus saoudiens de guantanamo, a adressé la semaine dernière un mémorandum au CICR du Koweït, demandant à cet organisme d’enquêter sur les tentatives de suicide à guantanamo et d’ è intervenir auprès des autorités US pour trouver une solution humanitaire pour les prisonniers. "

27/02/03 - La famille de Hamed Abderrahmane Ahmed collecte des fonds

Hamed Abderrahmane Ahmed, originaire de Ceuta, l’enclave espagnole au Maroc, est le seul détenu espagnol à guantanamo. Sa famille vient de lancer une collecte de fonds pour payer des frais d’avocat. Selon le porte-parole de la famille, Abdessalam Hamadi, l’avocat espagnol de Hamed a demandé au gouvernement espagnol une compensation financière de 50 000 € pour pouvoir payer les frais de justice pour les démarches engagées aux USA. En attendant une réponse, la famille collecte des fonds à Ceuta.

27/02/03 - Suisse : un Tunisien extradé en Italie

La Suisse a livré à l'Italie un Tunisien âgé de 34 ans. Sous le coup d'une procédure judiciaire en Italie pour acte de terrorisme depuis 1998, il avait été condamné en janvier dernier par défaut à cinq ans et demi de réclusion par un tribunal de Bologne, a annoncé mardi l'Office fédéral des réfugiés (ODR).
Le ressortissant tunisien s'est présenté vendredi 21 février au centre d'enregistrement des réfugiés de Chiasso. En vertu des accords bilatéraux conclus avec l'Italie, il a été remis aux autorités italiennes le jour même. Son arrestation a été le fruit d'une collaboration entre l'ODR, la police fédérale et la police tessinoise, ajoutait-on de même source.
Le Tunisien a séjourné en Bosnie jusqu'à il y a une année. Il devra purger en Italie une peine de prison notamment pour participation à une organisation criminelle.


27/02/03 - USA : audience de Sami Al Arian reportée au 24 mars

" On m’a pris ma liberté non parce que je suis un criminel ou que j’ai des mauvaises intentions à l’égard de cette grande nation. Je suis crucifié aujourd’hui pour ce que je suis, un Palestinien apatride. " Une cinquantaine de personnes étaient rassemblées devant le Palais de justice de Tampa, Floride, mardi 25 février, pour entendre un message du Dr Sami Al Arian lu par sa fille Lina. Accusé d’être le chef du Jihad islamique aux USA, Al Arian a été arrêté avec 3 autres personnes jeudi 20 février et a entamé une grève de la faim, bien qu’il soit diabétique.
Le tribunal fédéral qui devait examiner une demande de remise en liberté sous caution mardi a reporté l’audience au 24 mars, à la demande de la défense, qui a invoqué le caractère complexe de l’accusation, laquelle comprend 50 chefs d’inculpation, exposés dans un document de 121 pages. Les procureurs ont fait savoir qu’ils utiliseraient les renseignements collectés par des agences de renseignement étrangères pour étayer leur accusation contre Al Arian et ses co-inculpés. Cela serait la première fois que le gouvernement recourrait à la loi dite Foreign Intelligence Surveillance Act devant un tribunal public.
Pendant ce temps, l’homme qui est à l’origine de l’arrestation du Dr Al Arian est apparu au grand jour. Il s’agit de l’ancien procureur fédéral John Loftus, qui a déposé une plainte contre Al Arian, afin de faire pression sur les procureurs fédéraux pour qu’ils le fassent arrêter. Selon lui, il s’agit du "cas de terrorisme le plus ancien aux USA": " Nous savions qu’il était un terroriste depuis 1989, mais les Fédéraux n’ont pas voulu agir pour ne pas embarrasser le gouvernement saoudien. " Selon Loftus, qui a déposé sa plainte en mars 2002, les fonds recueillis en Arabie saoudite par les organisations humanitaires liées à Al Arian servaient à financer le Jihad islamique: " Sami n’est qu’un détail. Le vrai problème, ce sont les Saoudiens. Ça a toujours été les Saoudiens. "


27/02/03 - USA : Audience préliminaire pour les "Cinq de Portland"

October Martinique Lewis, Jeffrey Leon Battle, Patrice Lumumba Ford, Ahmed Ibrahim Bilal et Mohamed Ibrahim Bilal ont été arrêtés en octobre dernier à Portland, Oregon, en application de la loi de 1978 instituant des tribunaux spéciaux pour juger les affaires d’espionnage (Foreign Intelligence surveillance Act) et dont les pouvoirs ont été étendus par l’US Patriot Act adopté après le 11 septembre. Un sixième suspect, Habis Abdulla Al Saoub, est en fuite. La Cour fédérale de district de Portland a siégé les 25 et 26 février pour examiner les preuves contre les inculpés, accusés de "conspiration" en vue de soutenir Al Qaïda et les talibans. L’accusation repose en grande partie sur les informations fournies aux services de police par un informateur d’origine égyptienne, le mécanicien Khalid Ibrahim Mostafa. Le juge a ordonné aux procureurs fédéraux de révéler pour quelles agences l’informateur avait travaillé et combien d’argent il avait reçu pour les enregistrements qu’il avait réalisé. La défense des inculpés a exigé que toutes les "preuves secrètes" détenues par les procureurs lui soient transmises. Cela inclut des fiches de renseignement provenant de deux douzaines d’agences US de renseignements ainsi qu’une liste de tous les détenus de guantanamo. Le juge Robert Jones a rejeté cette requête mais a demandé au procureur fédéral Charles Gorder de garantir qu’aucune information provenant des détenus de guantanamo ne serait utilisée devant le tribunal. Le procureur a déclaré qu’il avait déclassifié 271 notes d’interception et en avait transmis 86 à la défense. Les "preuves" sont constituées par 7 500 pages de rapports du FBI et 75 CD contenant des enregistrements de conversations de l’informateur avec Battle et Ford. 5 des 6 inculpés sont accusés d’être allés en Chine à la fin de 2001 avec l’intention de se rendre en Afghanistan pour combattre aux côtés des talibans contre les forces US. October Lewis, ex-épouse de Jeffrey Battle, est accusée de lui avoir viré de l’argent pour financer l’entreprise.

25/02/03 - USA : offensive judiciaire contre des Palestiniens

C’est une grosse affaire qui a éclaté la semaine dernière aux USA. Jeudi 20 février, le FBI a arrêté à Tampa, en Floride, Sami Al Arian, Sameeh Hammoudeh et Hatim Naji Fariz et à Chicago Ghassan Zayed Ballut. Quatre autres Palestiniens, résidant en Palestine et en Syrie, sont recherchés. Il s’agit de : Ramadan Abdullah Shallah, Bashir Musa Mohamed Nafi, Mohamed Tasir Hassan Al Khatib et Abdelaziz Aouda.
Les 8 hommes sont accusés d’appartenance au Jihad islamique palestinien et risquent la prison à vie pour une série de charges allant de "rackett" à "violation des lois sur l’immigration" en passant par divers chefs d’appui à une entreprise terroriste. Le principal accusé est bien connu.
Sami Al Arian, un Palestinien de 45 ans né au Koweit, vit aux USA depuis 1978. En 1985, il a eu un doctorat en sciences de l’informatique à l’Université de Caroline du Nord. Professeur à l’Université de Floride du Sud depuis 1986, il a été suspendu d’enseignement le 28 septembre 2001, pour des propos tenus dans une émission télévisée. Mais ses ennuis remontent à 1995, lorsque le FBI fit une descente contre le think tank (groupe de réflexion) qu’il avait créé en 1991 avec son beau-frère Mazen Al Najjar, le World and Islam Studies Enterprise (WISE). Ramadan Abdullah Shallah, qui avait collaboré à WISE, venait de prendre, à Damas, la succession du Secrétaire général du Jihad islamique, Fathi Shiqaqi, assassiné par le Mossad à Malte en octobre 1995.
Le FBI s’en est d’abord pris à Mazen Al Najjar, qui a passé plus de 3 ans et demi en prison en vertu de "preuves secrètes" d’activités terroristes, et a finalement été expulsé en août dernier vers le Liban, d’où il a rejoint sa famille dans un autre pays non spécifié.
Après WISE, Al Arian a fondé le Islamic Committe for Palestine et le Islamic Concern Project. D’après l’acte d’accusation, ces deux structures n’étaient que des couvertures pour les activités de soutien financier au Jihad islamique. Al Arian, qui est naturalisé américain, a pu être arrêté grâce au Patriot Act, adopté par les USA après le 11 septembre, qui élargit la notion juridique de "terrorisme" et autorise l’utilisation d’informations provenant de services de renseignement étrangers pour des poursuites contre des citoyens US ou étrangers résidant aux USA. En application de cette loi, les accusés ont été mis au secret et seront dans la quasi-impossibilité de se défendre.
Les autres personnes arrêtées sont moins connues. Sameeh Hammoudeh, 42 ans, est né en Cisjordanie. Enseignant à l’Université de Floride du Sud, il est administrateur de l’Académie islamique de Floride et vit à Temple Terrace. Hatim Naji Fariz, 30 ans, est né à Porto Rico. Il dirige une clinique médicale et vit à Spring Hill. Ghassan Zayed Ballut, 41 ans, est né en Cisjordanie et vit à Tinley Park, Illinois, près de Chicago, où il gère une petite entreprise.
Sami Al Arian a, dès son incarcération, entamé une grève de la faim et de la soif pour protester de son innocence. Son arrestation a causé une grande émotion dans les communautés musulmane et universitaire des USA. Elle a été saluée avec enthousiasme par les milieux sionistes, par exemple le magazine FrontPage, qui ouvre ses colonnes à J. Michael Weller, vice-président du Center for Security Policy de Washington. Selon lui, les organisations représentatives de Musulmans aux USA doivent être combattues parce qu'elles sont de gauche et s'opposent au fichage nominatif actuellement réalisé par le FBI de tous les Musulmans pratiquants, qu'ils soient étrangers ou nationaux. Il se félicite de l'arrestation du professeur Sami Al Arian. Le Center for Security Policy profite de cette arrestation pour appeler à la création de nouvelles associations de Musulmans en phase avec la politique Bush.

25/02/03 - USA : 600 camps de concentration prêts à servir

Il existe sur le territoire des USA plus de 600 camps de concentration opérationnels. Surveillés par des gardes armés 24 heures sur 24, ces camps entreraient en fonction en cas de proclamation de la loi martiale et seraient gérés par l’Agence fédérale de gestion des situations d’urgence (FEMA = Federal Emergency Management Agency) créée par le président Reagan lors de l’opération Rex 84. Cette opération prévoyait un scénario d’invasion des USA par des foules d’immigrants clandestins venus du Mexique. Rex 84 a permis que des bases militaires fermées soient transformées en camps de concentration. Tous ces camps sont facilement accessibles par la route, par le rail ou par les airs. La plupart d’entre eux peuvent héberger 20 000 personnes. Le plus grand est situé à Fairbanks, en Alaska et a une capacité de...2 millions de personnes! Après le 11 septembre, la FEMA est passée sous l’autorité du nouveau ministère de l’Intérieur, le Department of Homeland Security, et s’est mise au travail pour ficher les suspects susceptibles d’être internés. Cela n’a pas plu au FBI, auquel la FEMA a du restituer 12 000 dossiers de suspects qu’elle avait constitué. Depuis, l’administration Bush et en premier lieu John Ashcroft, le minstre de la Justice, a aplani les difficultés et travaille à harmoniser les activités du FBI et de la FEMA. Des voix se sont déjà élevées pour préconiser un internement des Arabes-Américains, sur le modèle de l’internement des Américains d’origine japonaise pendant la deuxième guerre mondiale. En tout cas, les camps sont prêts à les accueillir.

24/02/03 - 3 nouvelles tentatives de suicide : Barbara Burfeind, porte-parole du Pentagone, a reconnu le mercredi 19 février que trois nouvelles tentatives de suicide avaient eu lieu parmi les prisonniers de guantanamo au cours de la semaine précédente. Elle a aussi annoncé que les autorités US étaient en train de transférer certains prisonniers dans d'autres lieux de détention, sans préciser de qui il s'agissait et dans quels pays ils étaient déportés. Elle a ajouté : " De temps en temps, le transfert ou la remise en liberté de détenus aura lieu, sans avis ni mention. " Les 3 prisonniers ont été traités à l'hôpital de la base après leur tentative et ont regagné leurs cellules, a-t-elle fait savoir. Quant au prisonnier traité depuis sa tentative de suicide le 16 janvier, elle a précisé qu'il "respirait encore" mais que son état "demeure incertain". La semaine précédente, Amnesty International avait réclamé une enquête pour établir si les méthodes d'interrogatoire utilisées contribuent aux tentatives de suicide. Les responsables US ont rétorqué que les méthodes d'interrogatoire étaient "humaines". " Est-ce qu'il faut que l'un de ces prisonniers meure avant qu'une investigation complète soit menée ? ", a demandé Alistair Hodgett, porte-parole d'Amnesty à Washington. Depuis 13 mois, le nombre officiel des tentatives de suicide à guantanamo s'élève donc à 19. Certains prisonniers auraient tenté de se suicider à deux reprises.

20/02/03 - 650 prisonniers à guantanamo

Avec l’arrivée de 25 nouveaux prisonniers le vendredi 7 février, le nombre des hommes détenus au camp Delta s’élève désormais à 650. Les nouveaux détenus sont arrivés à bord d’un avion-cargo militaire d’une provenance inconnue, mais sans doute de la base US de Bagram, en Afghanistan, qui sert de "centre de filtration" pour les "combattants ennemis illégaux" capturés en Afghanistan et au Pakistan.

20/02/03 - 15 tentatives de suicide en un an

Avec au moins cinq nouvelles tentatives en janvier, le nombre des tentatives de suicide parmi les prisonniers de guantanamo depuis janvier 2002 s’élève à au moins quinze, selon le Pentagone, qui a annoncé qu’une section psychiatrique avec 36 places allait être ouverte en mars dans le camp.

20/02/03 - Le système des "récompenses"

À la fin de l’année dernière, l’administration du Camp Delta a instauré un système de "récompenses" pour les prisonniers "coopératifs". Selon elle, 58% des prisonniers ont bénéficié d’une ou de plusieurs de ces 23 "récompenses" telles qu’une couverture supplémentaire, un livre ou un ballon de football. Et pour l’Aïd El Kebir, les prisonniers ont eu droit à un repas spécial composé de riz et de lentilles. Selon l’administration, seuls 6% des prisonniers se sont montrés "non coopératifs". Mais la générosité de l’administration concentrationnaire n’a pas été jusqu’à autoriser des prières collectives à l’occasion de l’Aïd. " C’est une violation de leurs droits religieux ", a dénoncé Faiz Rehman, porte-parole du Conseil musulman américain à Washington. Ce à quoi le capitaine Yousef Yee, aumônier religieux du camp, a répondu que l’armée n’avait aucune obligation religieuse à l’égard des prisonniers. Selon le général Miller, qui dirige le camp, le système des "récompenses" a permis d’ "augmenter la quantité et la qualité de l’information" obtenue lors des interrogatoires. Ainsi, deux détenus saoudiens ont été autorisés à avoir des communications téléphoniques de 45 minutes avec leurs familles, selon l’avocat qatari Najib Al Nuaimi. À la question posée par Amnesty International sur la nature des "punitions", les militaires ont répondu qu’elles consistaient simplement en une privation de "récompenses". Donc, tout va pour le mieux dans le Buchenwald des tropiques.

20/02/03 - Pétition à la Commission inter-américaine des droits humains

Dans une pétition adressée à la Commission inter-américaine des droits humains, basée à Washington, le Center for Constitutional Rights et le International Human Rights Law Group demandent que celle-ci envoie des équipes d’inspection à guantanamo et à bagram pour vérifier que les prisonniers n’y sont pas soumis à la torture pendant les interrogatoires et ne sont pas transférés dans d’autres pays pour y être interrogés. Selon les pétitionnaires, certains prisonniers auraient été transférés en Jordanie, en Égypte et au Maroc.

20/02/03 - Moazzam Begg, un Britannique détenu à Bagram

Moazzam Begg, un citoyen britannique originaire de Birmingham, a 35 ans. Il est marié et a deux filles et deux fils, dont un qu’il n’a pas vu depuis sa naissance. Il dirigeait au Pakistan une école. Il a été arrêté en février 2002 au Pakistan et conduit à la base militaire aérienne de Bagram, en Afghanistan, où l’armée US détient plusieurs milliers de personnes dans des conditions contraires aux conventions de Genève. La raison de son arrestation serait que son nom figurait sur la photocopie d’un ordre de virement bancaire trouvée dans un camp d’Al Qaïda. Son père Azmat, directeur de banque, vient de recevoir une lettre de Moazzam, dans laquelle celui-ci exprime son désespoir: " Je ne sais pas quel crime je suis supposé avoir commis et pour lequel non seulement moi, mais ma femme et mes enfants doivent continuellement souffrir. Je suis dans un état de désespoir et je commence à perdre dans ma lutte contre la dépression et le manque d’espérance. Même si je ne me plains pas de mon traitement personnel, les conditions sont telles que je n’ai vu ni le le soleil, ni le ciel ni la lune depuis presque un an. Je crois maintenant qu’il y a eu une violation grossière de mes droits humains. " Azmat Begg dit craindre que son fils, enfermé dans une cellule sans fenêtre, ne tente d’attenter à ses jours. Une porte-parole d’Amnesty International a déclaré qu’une enquête indépendante devrait être menée sur les conditions de détention de M. Begg. " Il est essentiel que des détenus comme M. Begg soient traités conformément à la législation internationale et qu’il leur soit donné la possibilité de réfuter la légalité de leur détention devant un tribunal. Un porte-parole du Foreign Office à Londres a déploré que l’accès au prisonnier ait été refusé à des représentants officiels britanniques: " Nous avons soulevé la question avec l’administration US à une série d’occasions. Non, nous ne sommes pas contents de ne pas avoir d’accès. " Jusqu’à présent, officiellement, deux prisonniers sont morts à Bagram. Les prisonniers y sont soumis à des mauvais traitements, notamment des interrogatoires "musclés" et à la privation de sommeil.

20/02/03 - L’Australie face à ses ressortissants détenus à guantanamo

David Hicks, d’Adelaide et Mamdouh Habib, de Sydney, sont les deux seuls Australiens détenus à guantanamo. Hicks a été capturé en Afghanistan par l’Alliance du Nord et Habib a été arrêté au Pakistan en 2001 alors qu’il venait d’Afghanistan. John Valder, ancien président du Parti libéral, qui a créé le 2 février le mouvement "Libéraux contre la guerre en Iraq", vient de dénoncer l’attitude du Premier ministre John Howard, lui aussi libéral, qui "ne veut pas bouger un seul doigt" en faveur des deux prisonniers. C’est la conclusion qu’il a tiré d’un échange de lettres avec Howard et l’ambassadeur US en Australie, Tom Schieffer. Valder dénonce guantanamo comme "la pire des atrocités" et dit que Howard et Schieffer devraient "baisser la tête en signe de honte". Le 10 février, un comité du Sénat a examiné la situation des deux prisonniers. Le secrétaire du Département du procureur général a déclaré que c’était l’afaire de la Police fédérale australienne de déterminer si les deux prisonniers avaient enfreint des lois australiennes, mais que la collecte des preuves avait été rendue difficile par la guerre en Afghanistan. Selon le ministre de la Justice Chris Ellison, David Hicks a été détenu conformément aux conventions de Genève dans une "situation de combat": " C’est assurément l’affaire des Américains et cela ne relève pas de notre juridiction. " Selon Stephen Kenny, l’avocat de Hicks, sa famille est très inquiète pour son sort: " L’isolement, le manque de contact avec le monde extérieur, les interrogatoires constants doivent être extrêmement éprouvants pour les gens détenus là-bas. Sa famille n’a aucune idée de ce qu’il peut être amené à faire, mais étant donné que le gouvernement australien ne fournit pas le contact et l’assistance habituels, ils sont très inquiets. "

20/02/03 - Le Pakistan a violé la loi en livrant 443 suspects aux USA

La Haute Cour de Peshawar examine actuellement les plaintes déposées par les familles de cinq travailleurs humanitaires arabes livrés aux USA après avoir été arrêtés le 27 mai dernier et déportés à guantanamo. Ces 5 hommes - Hassan Khalil, Hamad Ali, Mohamed Al Ghazali, Al Rasheed et Jalib Mohamed - travaillaient pour le Afghan Support Committee, une ONG financée avec des fonds koweïtiens. Islamabad a livré 443 personnes arrêtées sur le territoire pakistanais aux services US, en violation de la loi sur l’extradition de 1975, qui stipule que toute demande d’extraidtion doit être soumise à un tribunal pakistanais. Les représentants de gouvernement interrogés par la Haute Cour ont déclaré ne pas être au courant de l’arrestation des cinq travailleurs humanitaires.

20/02/03 - L’Association du Barreau US contre l’étiquetage de citoyens US comme "combattants ennemis"

L’Association du Barreau US vient de protester officiellement contre l’étiquetage de citoyens US comme "combattants ennemis", ce qui a deux conséquences: le non-accès pour les accusés aux preuves de l’accusation et l’impossibilité pour eux de rencontrer leur défenseur. L’Association demande également au Congrès d’intervenir dans ce débat et d’établir des normes légales pour ce type de détentions. Le Congrès devrait au moins débattre de la question. Il a trop longtemps gardé le silence, estime l’Association. Deux cas de citoyens US accusés d’être des "combattants ennemis" sont actuellement connus et font l’objet de procédures judiciaires; celui de Yasser Essam Hamdi et celui de José Padilla.

20/02/03 - Pakistan : le Docteur Khawaja reste détenu

La Haute Cour de Lahore a examiné lundi le cas du Docteur Ahmed Javed Khawaja et de 4 membres de sa famille, accusés d’avoir hébergé des membres d’Al Qaïda et d’avoir résisté par les armes à leur arrestation par la police pakistanaise accompagnée d’agents du FBI. La Cour a ordonné la remise en liberté de deux des fils et d’un neveu du Docteur, tandis qu’elle ordonnait son maintien en détention et celui de son frère. Tous les prévenus ont nié avoir un lien quelconque avec Al Qaïda et déclaré qu’ils étaient détenus illégalement.

20/02/03 - 1208 inculpés aux USA

Dans l’année qui a suivi les attentats du 11 septembre, des procureurs US ont inculpé 1 208 personnes pour terrorisme ou pour des charges relatives à la sécurité internationale. À titre de comparaison, le nombre de personnes inculpées pour ces mêmes charges dans l’année précédant le 11 septembre s’était élevé à 115.

08/02/03 Vif échange au Parlement suédois
: La séance de questions au gouvernement, jeudi 6 février, au parlement suédois a été l'occasion d'un vif échange entre le député écologiste Gustav Fridolin, président du Groupe guantanamo et la ministre social-démocrate des affaires étrangères Anna Lindh. Fridolin a estimé que l'attitude du gouvernement suédois dans l'affaire du Suédois Mehdi Mohamed Ghezali, détenu à guantanamo, n'a pas été assez énergique vis-à-vis des USA. Y compris lors de la dernière intervention suédoise auprès de Washington, on s'est contenté de poser des questions générales. Anna Lindh a répondu que son gouvernement continuait à poser des exigences et pas seulement des questions. Mais on attendait maintenant une réponse US à la dernière démarche suédoise. Fridolin a commenté cette réponse en disant qu'elle était plus positive qu'une précédente déclaration radiodiffusée. Il a espéré que la ministre pouvait se permettre de rencontrer une nouvelle fois le père de Mehdi Mohamed, après lui avoir rendu visite lors de son action publique l'année dernière en faveur de son fils. Et comme il se trouvait dans la tribune réservée au public, l'occasion se présentait... Des applaudissements ont alors éclaté dans le public, parmi lequel Mehdi Ghezali se trouvait avec des sympathisants. Commentant la réponse de Lindh, Fridolin a estimé que l'attitude officielle de la Suède était encore trop molle. Comment Anna Lindh croit-elle que les USA réagiraient si un de leurs ressortissants était enfermé dans une base militaire suédoises sur l'île de Gotland dans les mêmes conditions que Ghezali à guantanamo? Sûrement pas en se contentant de poser quelques questions sur sa santé! Anna Lindh a alors montré des signes d'énervement, déclarant que des "propositions constructives ne viennent jamais de critiques comme Fridolin", ajoutant en conclusion : " Nous allons exiger la libération de Mehdi Mohamed Ghezali et plus de respect des droits dans la lutte internationale contre le terrorisme. Mais aucun autre gouvernement n'a obtenu de meilleurs résultats que nous. "


06/02/03 Le père et les frères d'Omar Khadr suspectés : Le jeune citoyen canadien Omar Khadr, 16 ans, a été capturé par les Forces spéciales US le 27 juillet 2002 et accusé d'avoir tué un médecin militaire US avec une grenade. Il est le seul Canadien détenu à guantanamo. Son frère Abdurrahmane, 20 ans, avait été capturé en novembre 2001 par les forces britanniques et remis aux "autorités" afghanes. Selon les services secrets canadiens, leur frère Abdullah, 22 ans, est suspecté d'être membre d'Al Qaïda et d'avoir commandé un camp d'entraînement de l'organisation dans la province de Lowgar. Il est actuellement recherché ainsi que leur père Ahmed, d'origine égyptienne, pour des liens avec Oussama Ben Laden qui remonteraient à 1986. Ahmed Khadr avait été arrêté au Pakistan en 1995. Émigré au Canada dans les années 1970, il avait commencé à travailler avec l'organisation caritative musulmane basée à Ottawa Human Concern International. Avec des financements de l'Agence canadienne de développement international, il s'était installé avec sa famille dans la région frontalière avec l'Afghanistan, où il travaillait dans l'aide aux réfugiés afghans. Il fut arrêté à Peshawar en novembre 1995, après un attentat contre l'ambassade égyptienne d'Islamabad qui fit 17 morts. Le Premier ministre canadien Jean Chrétien obtint sa libération lors d'une visite au Pakistan en janvier 1996, suite à des démarches d'associations musulmanes canadiennes. D'après des "preuves" fournies par un tribunal de Chicago la semaine dernière, Khadr était lié aux hauts responsables d'Al Qaïda depuis 1988.

06/02/03 3 nouvelles tentatives de suicide : D'après le Pentagone, trois nouvelles tentatives de suicide ont eu lieu à guantanamo, portant à 14 le nombre de tentatives depuis un an. Les responsables militaires ont refusé de fournir des détails quelconques sur ces nouveaux incidents. Le 16 janvier, un détenu avait été sauvé au dernier moment de la mort après avoir été retrouvé pendu dans sa cellule. Il serait dans un état "stable mais sérieux". Son pays a été informé de l'incident. Les autorités militaires, réfutant les critiques des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International, assurent que les prisonniers sont traités conformément aux conventions internationales. Elles prétendent que tous les efforts sont faits pour empêcher les tentatives de suicide et d'automutilation, notamment par la présence d'équipes de "santé mentale" dans le camp. Interrogé pour savoir si certains prisonniers pourraient être jugés par des commissions militaires spéciales US, le Secrétaire à la défense Donald Rumsfeld a répondu qu'il n'y avait pas d'urgence. " Il n'y a pas le feu. Le but n'est pas de punir les gens comme c'est le cas dans un tribunal, mais d'obtenir des informations et d'essayer de prévenir d'autres actes terroristes. Ces gens ont été traités correctement et le processus suit son cours, des renseignements ont été recueillis et c'est au bénéfice de notre pays. "

06/02/03 Vieira de Mello: guantanamo "inconcevable" - En visite à Bruxelles le mardi 4 février, le Haut commissaire des Nations unies pour les droits de l'homme, le Brésilien Sergio Vieira de Mello a annoncé qu'il se rendrait le 13 février aux USA pour aborder avec l'administration Bush la question du camp de détention "off shore" de guantanamo. Il a déclaré : " Ce qui me préoccupe, c'est qu'il s'est créé un sorte de flou juridique; quand les USA déclarent qu'aucune loi ne s'applique là, cela est inconcevable, incompréhensible d'un point de vue démocratique et de notre point de vue, en tant que Nations unies. Il faut bien qu'une loi s'applique là. " Il a dit comprendre que "les gouvernements comme celui des USA, après le traumatisme du 11 septembre, tiennent à prendre des mesures préventives même de nature exceptionnelle, face à une menace aussi exceptionnelle, mais ces mesures doivent être de courte durée. " Le Haut commissaire demandera aux autorités US que les "mesures soient proportionnées à la menace et qu'elles aient un caractère transparent". Il a donné l'exemple du Royaume-Uni, qui, après le 11 septembre, "a suspendu certains des droits prévus dans le Pacte des droits civils et politiques, mais en a informé le Secrétaire général" des Nations unies. Il a précisé que la situation des prisonniers de guantanamo ne sera pas à l'ordre du jour de la session annuelle de la Commission des droits humains de l'ONU, qui commence en mars à Genève.

06/02/03 Le barreau US se mobilise pour les droits des citoyens US "combattants ennemis" : La puissante Association du barreau américain (American Bar Association) doit examiner, au cours de sa session de la semaine prochaine à Seattle, une recommandation visant à restaurer les droits à la justice et à la défense de citoyens US étiquetés "combattants ennemis". La proposition recommande qu'ils aient accès à des défenseurs et que leur cas soit examiné par la justice. Deux cas sont concernés: celui de Yasser Esam Hamdi, qui devrait être soumis à la Cour suprême après qu'une Cour fédérale d'Appel a estimé qu'il pouvait être traité en "combattant ennemi" malgré sa citoyenneté US, et celui de José Padilla. Un juge fédéral de New York a jugé en décembre dernier que ce dernier, accusé d'avoir voulu faire exploser une "bombe sale" nucléaire, avait le droit à un conseil légal et qu'un tribunal fédéral était habilité à décider si l'appellation de "combattant ennemi" était appropriée dans son cas. Les procureurs ont fait appel de ce jugement.

05/02/03 - La Suède demande la libération de Mehdi Ghezali Mis sous pression par la campagne menée par les parlementaires qui ont créé le Groupe Guantanamo, le gouvernement suédois a demandé officiellement lundi soir au gouvernement US de libérer le Suédois Mehdi Mohamed Ghezali, détenu à guantanamo. La demande a été formulée lors d'une rencontre entre le responsable des affaires juridiques du ministère des Affaires étrangères suédois, Carl-Henrik Ehrencrona et son homologue US, William Taft III. " Ça a été une réunion ouverte où nous avons exposé nos arguments ", a dit Ehrencrona, qui a ajouté : " Je ne veux pas m'étendre sur les réactions américaines, nous verrons bien ce qui se passera après cette réunion. " Jeudi 6 février, le député écologiste Gustav Fridolin, qui préside le Groupe Guantanamo, doit poser au Parlement une question sur le prisonnier suédois de guantanamo à la ministre des Affaires étrangères Lindh. Il a déjà déposé une plainte contre elle pour "inaction" devant la commission constitutionnelle du Parlement.

04/02/03 - Démarche du Parlement européen : Le Parlement européen a demandé jeudi 30 janvier à la Commission européenne de soutenir une résolution demandant aux USA de fournir immédiatement une information sur la situation des prisonniers de guantanamo, y compris ceux qui ont été transférés de cette base vers d'autres lieux de détention, aux USA. Le parlement demande également aux autorités US de "libérer les prisonniers contre lesquels il n'existe pas de preuves tangibles".

25/01/03 - Jack Thomas sera sans doute inculpé au Pakistan

Arrêté le 4 janvier 2003 à Karachi, l’Australien Jack Thomas, un ancien chauffeur de taxi de Melbourne converti à l’Islam, sera sans doute inculpé et jugé au Pakistan, d’après ce que croit savoir le consul d’Australie, qui a pu lui rendre visite et s’entretenir avec lui pendant 2 heures. Thomas, soupçonné d’avoir été entraîné dans un camp d’Al Qaïda en Afghanistan, ne devrait donc pas être livré aux USA. Deux Australiens sont détenus à guantanamo: David Hicks, capturé en Afghanistan, et Mamdouh Habib, qui a été arrêté au Pakistan. La nouvelle loi sécuritaire pakistanaise permet de détenir des suspects de terrorisme jusqu’à un an sans inculpation.

25/01/03 - Le cas du prisonnier danois et la "diplomatie discrète"

Un citoyen danois est détenu à guantanamo depuis le 12 février après avoir été capturé en Afghanistan. Arguant que sa famille avait peur, le gouvernement danois a tout fait pour empêcher que son identité soit divulguée. Le ministre des Affaires étrangères Per Stig Møller, qui a pu visiter le prisonnier il y a plusieurs mois, vient de faire de nouvelles déclarations fracassantes, critiquant directement l’attitude plus offensive adoptée par le gouvernement suédois pour le cas de Mehdi Mohamed Ghezali, dont la détention a été critiquée publiquement par le Premier ministre Göran Persson. Selon Møller, les prisonniers pourraient rester à guantanamo "20 ou 30 ans", vu que la guerre contre le terrorisme sera longue et "il ne sert à rien de crier". Et il a ajouté : " La Suède est le seul pays à avoir adopté un profil haut mais ça n’a pas eu de résultats. Par exemple, le prisonnier danois a pu recevoir plus de visites que le prisonnier suédois. Une diplomatie discrète est recommandée: cela donne de meilleurs résultats ".

25/01/03 - "Qui s’occupe d’orphelins et donne à manger aux pauvres est destiné à finir à guantanamo"

Ce texte était inscrit sur une des pancartes brandies dimanches dernier par des centaines de femmes qui ont manifesté devant l’ambassade allemande de Sanaa, au Yémen, pour protester contre l’arrestation le 10 janvier à Francfort de Cheikh Mohamed Ali Hassan Al Moayed et de son secrétaire mohamed Yahya Zayed. Les deux hommes sont détenus à la prison de Weiterstadt en attendant que la justice allemande examine la demande d’extradition des autorités US. La presse allemande a révélé que le Cheikh et Zayed ont été attirés dans un guet-apens par deux agents US qui s’étaient présentés comme des Musulmans voulant faire des donations pour les bonnes œuvres du Cheikh, qui dirige un centre d’aide communautaire à Sanaa.

25/01/03 - Le point sur les activités du CICR

Le Comité international de la croix-Rouge (CICR) a publié le 6 janvier 2003 le document suivant, qui fait le point sur ses activités à guantanamo:

Le CICR visite régulièrement les personnes détenues par les États-Unis dans leur base de Guantanamo Bay, à Cuba, depuis l'arrivée des premières d'entre elles en janvier 2002. Les visites sont conduites par la délégation du CICR de Washington, avec l'accord des autorités américaines. Cette activité n'est pas spécifique à Guantanamo : en 2001, le CICR a visité près de 350 000 personnes détenues suite à des conflits armés partout dans le monde.

Résumé des activités

* Le CICR visite plus de 600 détenus à Guantanamo Bay ; 40 nationalités y sont représentées et 17 langues principales parlées.
* Au cours de l'année 2002, les équipes du CICR ont passé en tout environ 33 semaines à Guantanamo Bay. Les dernières visites ont pris fin le 3 janvier 2003.
* Les équipes sont composées de délégués expérimentés connaissant bien les pays d'origine des détenus, ainsi que de spécialistes médicaux et d'interprètes.
* Au début 2003, le CICR avait facilité l'échange de près de 3'200 messages Croix-Rouge entre les détenus et leurs familles, dont plus de 1'300 messages lors des dernières visites.
* Le CICR a fourni à l'intention des détenus divers articles de culte et de loisirs, dont près de 600 livres dans des langues telles que le Pachto, le russe, le chinois et le tadjik, ainsi que des chapelets et des couvre-chefs.

L'objectif des visites du CICR

Les visites à Guantanamo Bay, comme partout ailleurs, ont un but strictement humanitaire : faire en sorte que la dignité des détenus soit respectée et que ces personnes soient traitées avec humanité. Les délégués du CICR suivent en permanence la situation des détenus concernant la nourriture et les conditions d'hygiène et s'assurent qu'ils peuvent sortir à l'air libre et s'adonner à des exercices physiques. L'objectif visé est en effet de s'assurer qu'ils sont traités conformément aux normes juridiques reconnues à l'échelon international, en particulier aux Conventions de Genève de 1949. En tant qu'organisation humanitaire neutre, le CICR ne se prononce pas sur la culpabilité ou l'innocence d'un détenu.

Pourquoi le CICR ?
Le CICR visite les personnes détenues dans le cadre de conflits armés depuis 1915, lorsque ses délégués négocièrent l'accès aux prisonniers de guerre de la Première Guerre mondiale. La pratique selon laquelle l'institution visite les prisonniers de guerre – combattants capturés au cours d'un conflit armé international – est codifiée dans la Elie Convention de Genève, à laquelle les États-Unis et 189 autres États sont parties. L'article 3 commun aux quatre Conventions de Genève accorde également le droit au CICR de demander l'accès aux personnes détenues lors de guerres civiles.

Prisonniers de guerre – Oui ou non ?
La question de savoir si les personnes détenues à Guantanamo Bay sont des prisonniers de guerre ou non a donné lieu à une vaste polémique. Le CICR est d'avis que le statut juridique de chacun des détenus doit être précisé individuellement; à plusieurs reprises, il a demandé instamment aux États-Unis de le faire. Quoi qu'il en soit, les États-Unis ont le droit d'engager des poursuites à l'encontre de toute personne détenue à Guantanamo Bay soupçonnée de crimes de guerre ou d'autres infractions pénales, quelles qu'elles soient, punissables aux termes de la loi américaine, qu'elles aient été commises avant ou pendant les hostilités.
" Il était particulièrement important [...] de démontrer que le CICR n'était du côté d'aucune des parties, afin de gagner la confiance des autorités et des détenus. Il y avait bien sûr un certain degré de suspicion, mais heureusement, grâce au dialogue et par notre comportement, nous sommes parvenus à faire comprendre qui nous sommes et ce que nous faisons dans le monde entier. " (Responsable de l'équipe du CICR à Guantanamo Bay, avril-juin 2002)

Modalités

À Guantanamo Bay, comme dans tout autre endroit où il visite des personnes privées de liberté, le CICR observe les mêmes modalités. Le plus important est que le personnel du CICR puisse s'entretenir sans témoin avec les détenus, hors supervision des autorités, de manière à pouvoir se faire une idée complète des conditions de détention. Les délégués du CICR doivent être autorisés à enregistrer les détenus, à inspecter librement toutes les cellules et autres installations utilisées par les détenus dans un lieu de détention. Ils doivent en outre pouvoir répéter leurs visites pour être en mesure de suivre la situation humanitaire pendant une certaine période.

Relations avec les autorités américaines

Au début et à la fin de chaque visite à la base de Guantanamo Bay, le CICR fait part de ses observations aux autorités militaires détentrices. Le CICR s'efforce de proposer des solutions concrètes à tout problème constaté par ses délégués. Le CICR communique aussi régulièrement le résultat de ses observations aux autorités militaires et civiles concernées à Washington.

Confidentialité

Le CICR ne fait pas de déclarations publiques concernant la situation à Guantanamo Bay. En règle générale, il discute de toutes les questions liées à ses visites dans les lieux de détention avec les autorités concernées exclusivement. Cela évite que des informations confidentielles soient exploitées à des fins politiques et permet à l'institution d'avoir en tout temps accès aux détenus. Très fréquemment, les visites des délégués du CICR sont le seul contact des détenus avec le monde extérieur ; des déclarations publiques pourraient rapidement entraîner la suspension des visites par les autorités, ce qui serait contre l'intérêt des prisonniers. La règle de la confidentialité découle de la pratique générale du CICR ; elle a permis à l'institution de visiter des millions de détenus dans le monde entier depuis près d'un siècle.

Messages Croix-Rouge

Ces messages permettent aux détenus de Guantanamo Bay de rester en contact avec leur famille. Ils ne contiennent que des nouvelles personnelles et sont vérifiés par les autorités américaines avant d'entrer à Guantanamo Bay ou d'en sortir. Les messages Croix-Rouge sont pour les détenus un lien essentiel qui les relie au monde extérieur. Chaque message Croix-Rouge écrit à Guantanamo Bay est remis en main propre à son destinataire par le CICR, qui coopère avec les Sociétés nationales de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge ; celles-ci se chargent en outre de collecter les réponses écrites par les familles des détenus.

20/01/03 - Création du Groupe Guantanamo en Suède

Le Groupe Guantanamo a été fondé samedi 18 janvier à Stockholm à l’initiative de Gösta Hultén. Le Groupe demande au gouvernement suédois d’exiger la libération de Mehdi Mohamed Ghezali, le jeune Suédois de père algérien et de mère finlandaise détenu à Guantanamo depuis un an. Il comprend dans son conseil d’administration plusieurs députés, dont le conservateur (Parti modéré) Henrik von Sydow, l’écologiste Gustav Fridolin (Parti de l’environnement) et la communiste Marianne Eriksson, député européenne du Parti de gauche, ainsi que l’avocat Peter Althin. " Nous considérons qu’il (Mehdi) est soumis à un meurtre judiciaire et nous allons nous battre pour qu’il soit libéré", a déclaré Gösta Hultén, qui a ajouté: "Mais notre priorité est faire pression sur le gouvernement pour qu’il sorte de son mutisme et exige sa libération." Récemment, Mehdi Mohamed Ghezali a reçu la visite d’un membre de la police politique suédoise accompagné d’un fonctionnaire du ministère de la Défense ancien officier de renseignement. Ils ont pu le rencontrer deux jours de suite. Selon son avocat, le prisonnier a été très peu bavard durant les visites, qui se passaient en présence d’ "observateurs" US. Le père de Mehdi Ghezali a, dans le courant de l’année, mené deux grèves de la faim publiques, enfermé dans une cage de mêmes dimensions que celle dans laquelle son fils était enfermé à Guantanamo. Il prépare une tournée de sensibilisation en Europe. Mehdi Mohamed Ghezali, 23 ans, a été fait prisonnier le 19 décembre 2001 en tentant de passer la frontière afghano-pakistanaise. Un mois plus tard, il était déporté à Guantanamo. Né en Suède, il est citoyen de ce pays. On ignore ce que les autorités US lui reprochent.

20/01/03 - Communiqué lu lors du rassemblement à Paris pour la libération des prisonniers de Guantanamo
A l’appel des associations : Le Collectif des Associations Françaises pour la Libération des Prisonniers de Guantanamo, La Pierre et l'Olivier, réseau de solidarité avec le peuple de Palestine et du Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe, nous nous sommes rassemblés ce jeudi 9 janvier 2003 place de Fontenoy, face au siège de l’UNESCO, à Paris, pour protester énergiquement contre la séquestration de plus de 600 prisonniers de guerre dans le bagne de Guantanamo. Ces prisonniers-otages sont détenus dans des conditions inhumaines et dégradantes. Ils ont subi et continuent à subir des sévices physiques et psychologiques.
Nous déclarons solennellement que cette séquestration constitue une violation flagrante de la Convention de Genève sur les prisonniers de guerre et de la Déclaration universelle des droits de l’homme.
Nous demandons à la communauté internationale de se mobiliser pour exiger la libération de ces prisonniers de guerre tant que les Etats-Unis continuent de violer le droit international en leur refusant ce statut et en les maintenant dans un flou juridique inacceptable. Si les Etats-Unis ont opté pour ce flou, c’est sans nul doute qu’ils craignent qu’une juridiction régulière ne révèle que cette opération n’est qu’un bluff politique pour justifier la guerre en Afghanistan, et les guerres actuelles contre les peuples iraqien et palestinien.
Paris, le 9 janvier 2003
Associations et personnalités représentées :
Le Collectif des Associations Françaises pour la Libération des Prisonniers de Guantanamo ; Ginette Skandrani, La Pierre et l'Olivier, réseau de solidarité avec le peuple de Palestine ; Mondher Sfar, Collectif de la Communauté Tunisienne en Europe ; Rassemblement des Tunisiens Libres ; Fausto Giudice - Alliance Zapatiste de Libération Sociale ; Violette Daguerre, Présidente Commission Arabe des Droits Humains ; Association de Solidarité Franco-Palestinienne ; Musulmanes en Mouvement ; Claudine Roméo – Universitaire, Paris ; Maria Poumier – Universitaire, Paris ; Collectif des Ivoiriens de France pour les Droits Humains et la Démocratie ; Jean-François Poirier, Philosophe ; Ali Abdulla – Qatar ; Sultan Khalifa – Qatar ; Mohamad Ojan – Qatar ; Alain Le Cœur, Commission Transnationale des Verts ; Ahmed Manaï – Tunisie ; Larbi Alili – Pays-Bas ; Najeeb Al Nuaimi – Qatar ; Mohamed Al Mohd – Qatar ; Musulmanes en Mouvement ; Rabia Zibar ; Khadija Bouabdellah

18/01/03 - guantanamo, premier camp de concentration off shore de l’Empire -
Appel du Collectif guant@namo - janvier 2003
Depuis un an, 625 citoyens de 42 pays sont enfermés dans le Camp baptisé X-Ray ("Rayon X") de la base militaire US de guantanamo, sur l’île de Cuba. Étiquetés "combattants ennemis" par le Pentagone, ils n’ont aucun statut. Ils ne sont en effet ni prisonniers de guerre, ni prisonniers politiques, ni même détenus de droit commun. Enfermés dans des cages, ils sont otages du bon vouloir du chef de la première puissance mondiale, le nouveau croisé George Bush. La juridiction US ne s’appliquant pas sur le territoire de guantanamo, le Camp X Ray est le premier camp de concentration off shore (=extraterritorial) de l’Empire.
Hors du droit, les otages de guantanamo sont aussi maintenus hors du monde, pratiquement coupés de toute communication avec l’extérieur, que ce soit avec leurs parents, leurs avocats ou des élus de leur pays. Cette situation unique est une grande première dans l’histoire mondiale. Si nous ne nous y opposons pas, elle est appelée à se reproduire ailleurs, pour d’autres otages, par exemple demain des Iraquiens ou même des militants no global (=anti-mondialisation) de pays démocratiques. L’effet guantanamo se fait déjà sentir aux quatre coins de la planète. De très nombreux gouvernements, cédant aux pressions de la CIA et du Pentagone, ont déjà pris des dispositions pour créer dans leur pays des zones de non-droit, au nom de la "guerre contre le terrorisme". Nous vous appelons donc à vous mobiliser pour animer une campagne mondiale contre Guantanamo, sur les thèmes suivants:
1° - Les otages de guantanamo ont des droits: droit à la défense, droit à la communication, droit à la justice.
2° - Ils doivent être soit jugés, soit libérés.
3° - Les Nations unies doivent constituer une commission indépendante d’enquête et d’instruction, composée d’experts des 5 continents, pour déterminer où et par qui les prisonniers doivent être jugés. Pendant les travaux de cette commission, les prisonniers doivent être transférés de guantanamo vers un pays neutre et confiés aux bons soins de la Croix-rouge et du Croissant-Rouge. La commission devra trancher entre 4 possibilités: remise en liberté, jugement aux USA, jugement en Afghanistan, jugement dans le pays d’origine du détenu. Elle devra établir un montant d’indemnités à verser par le gouvernement US à tous les prisonniers remis en liberté et à leurs familles
Depuis un an, des parents de ces otages se battent un peu partout dans une grande solitude, secondés par des avocats courageux mais impuissants. La bataille de Guantanamo concerne tous les citoyens du monde épris de liberté, de pluralité, de diversité et de justice. Contre l’Empire , seules des multitudes multicolores peuvent empêcher que les pires cauchemars s’imposent à tous. Aujourd’hui à guantanamo, demain chez toi!
Nous constituons ce jour le Collectif guant@namo, partie prenante du Réseau mondial guant@namo, qui agit pour la fermeture de ce camp de concentration.
L’engagement dans ce collectif se fait uniquement sur une base individuelle. Nous appelons tous ceux qui le veulent à nous rejoindre ou bien à créer leur propre structure et à établir une relation de travail avec nous. Le gage de réussite de la campagne sera sa capacité à mobiliser des multitudes dans un esprit mondial égalitaire, dans le respect des spécificités et des motivations particulières, pour "un monde contenant tous les mondes", contre toute forme de pensée unique et les monstruosités en découlant.
Pour tout contact avec le Collectif guant@namo, écrire à:
xraydelta@lvo.info.
NOUS VOUS INFORMERONS EN RETOUR DE NOS ACTVITÉS. NOUS VOUS ENCOURAGEONS VIVEMENT À REPRODUIRE ET DIFFUSER CET APPEL! ENVOYEZ-NOUS L'ADRESSE DES SITES SUR LESQUELS VOUS L'AUREZ PUBLIÉ.

18/01/03 - 3 300 messages échangés entre les prisonniers et leurs familles

Le Comité international de la Croix-Rouge a déclaré la semaine dernière qu'il avait acheminé 3 300 lettres brèves entre les prisonniers de Guantanamo et leurs familles. Les prisonniers n'ont que ce moyen pour "communiquer" avec l'extérieur, ne pouvant ni téléphoner ni recevoir de visites. Leurs lettres, censurées et réduites à quelques lignes, sont acheminées soit par les postes US soit par la Croix-Rouge. Celle-ci a aussi la possibilité de visiter les prisonniers, ce qu'elle a fait à quatre reprises. Les USA refusant de publier les noms des détenus, les lettres sont souvent le seul moyen pour les familles de savoir qu'un des leurs est à Guantanamo.

17/01/2003 - Le camp de Guantanamo prêt à accueillir de nouveaux prisonniers
Le général Geoffrey Miller, qui dirige le camp de Guantanamo, a déclaré que la guerre contre l’Iraq pourrait conduire à l’arrestation de nouveaux suspects de terrorisme qui pourraient être déportés à Guantanamo. Des travaux de construction d’un nouveau bloc de détention ont étendu les capacités d’accueil à 1 000 places. Le général Miller a exprimé sa satisfaction: " La guerre contre le terrorisme est un énorme succès. C’est une guerre globale et comme pour toute activité globale, elle exige du temps, de la patience et de l’engagement. " Et, ajoute-t-il, les prisonniers jouissent de conditions humaines. La preuve, leur poids a augmenté en moyenne de 13 livres. Que dix d’entre eux aient tenté de se pendre ne le gêne pas.

14/01/03 - Les avocats norvégiens dénoncent les violations des droits humains Dans une lettre adressée notamment à l'ambassade US à Oslo, l'Association norvégienne des avocats dénonce la manière dont "les USA mènent la lutte contre le terrorisme". Elle dit comprendre que les USA essayent de démasquer et punir les responsables d'actes de terreur et tentent de s'en protéger, mais cela doit se faire dans le respect des droits humains fondamentaux. Dénonçant les conditions de détention à Guantanamo, l'Association écrit que les abus commis par les autorités US remplacent le droit par la force et ne font que nourrir l'opposition à leur politique et entraîner de nouveaux actes de terreur.

14/01/03 -Le gouvernement saoudien veut rapatrier les détenus saoudiens
Un porte-parole du ministère saoudien de l'Intérieur a déclaré dimanche que le gouvernement de Riyadh avait créé un bureau de liaison afin de recueillir des informations et de chercher à rapatrier les Saoudiens détenus à Guantanamo, en Afghanistan, au Pakistan et en Tchétchénie, "pour les juger en Arabie saoudite". Plus de 100 Saoudiens sont détenus à Guantanamo. Le bureau de liaison aura aussi pour tâche d'informer les familles des détenus sur leur état et leurs conditions.

13/01/03 - L'An II du premier camp de concentration off shore de l'Empire
Le 10 janvier, le camp de concentration de Guantanamo est entré dans deuxième année d'existence. 625 hommes de 42 nationalités y sont détenus dans des cages. La plupart ont été capturés en Afghanistan. En octobre, 4 d'entre eux ont été libérés et 30 autres ont été internés à leur tour. Ces hommes ont été définis par le Pentagone "combattants ennemis" mais n'ont aucun statut juridique: ils ne sont ni prisonniers de guerre, ni prisonniers politiques ni même détenus de droit commun. En novembre 2001, George Bush a signé un décret instituant qu'ils pourraient être jugés par des commissions militaires. Devant ces commissions militaires, qui peuvent condamner à la peine capitale, les avocats de la défense doivent obligatoirement être des membres de l'armée US. Hors du droit, les otages de Guantanamo sont aussi maintenus hors du monde: ils ne peuvent recevoir aucune visite de parents, d'avocats ou d'élus de leur pays. Certains d'entre eux ont pu être visités par des représentants des gouvernements ou des polices de leurs pays. Une partie d'entre eux ont été ponctuellement autorisés à expédier des lettres sommaires. Un détenu saoudien vient d'être autorisé à une communication téléphonique avec sa famille. La situation de Guantanamo, qui est une enclave US en territoire cubain, est unique. En effet, son territoire n'est pas soumis à la juridiction US. L'avocat qatari d'une cinquantaine de prisonniers a demandé à l'ambassadeur cubain: " Mais pourquoi Cuba ne les juge pas? Ça n'est pas un pays indépendant?" L'ambassadeur lui a répondu: " Ah! Vous croyez que Cuba est indépendant?"
Guantanamo, avec son camp X-Ray et son camp Delta est le premier camp de concentration off shore (= extraterritorial) de l'Empire. Tolérer son existence, c'est permettre que d'autres camps s'ouvrent sur la planète pour d'autres "combattants ennemis", demain des Iraquiens, après-demain des militants anti-mondialisation d'Europe ou d'ailleurs. Tous ceux et toutes celles qui sont opposés à la globalisation US, qui croient en la liberté, en la justice et en la diversité doivent s'engager pour réclamer la fermeture des camps de Guantanamo. Les 625 otages doivent être libérés ou jugés! Désormais, sous la rubrique "Guantanamo", quibla publiera des informations et des contributions du monde entier sur les nouveaux camps de concentration mais aussi des informations sur "l'effet Guantanamo", c'est-à -dire tous ces actes de répression hystériques menés dans le monde entier au nom de la "guerre contre le terrorisme". De Stockholm à Doha, de Cotabato à Alger, nous sommes tous concernés.

13/01/03 - Nouvelles paroles pour une vieille chanson : Tout le monde connaît l'air de la veille chanson cubaine Guantanamera. Une internaute cubaine vous propose un nouveau texte en français à chanter sur l'air de cette chanson. Toutes autres propositions sont les bienvenues!
Refrain
1.Guantaaanamo! (- Guantanamera! )
condamnés , mêm' pas jugés : (guajira guantanamera!)
c'est l'Améri-ique (Guantanamera....)
On est tous des terrorisques ! (- Guajira guantanamera!)
Couplet
2 Iraq, Afghans, Palestine, (Yo soy un hombre sincero,)
Gloire aux martyrs pour la paix ! (De donde crece la palma;)
La terre entière massacré-ée ( Antes de morirme quiero)
Connaît ses vrais ennemi-is ! (-Echar mis penas del alma!)
[Sur l'air du refrain]
3. Non à la guerre
Pour les beaux yeux d'l'Israël
Et d'l'Amérique
On est tous des terrorisques !
Couplet
4.Aux armes frères du monde,
Formons partout nos bataillons :
Reprenons l'eau, le pétrole,
Bouchers, charognes go home!
[Refrain]
5.Guantanamo,
Condamnés , mêm' pas jugés :
C'est l'Amérique
On est tous des terrorisques !
Couplet
6.Bâillonnés ou torturés,
On est tous dans l'même bateau-ô !
Ne soyons plus les otages,
Debout, les damnés d'la terre !
[Sur l'air du refrain]
7.Non à la guerre
Pour les beaux yeux d'l'Israël
Et d'l'Amérique
On est tous des terrorisques !

13/01/03 - L'hypocrisie du gouvernement algérien
"Dans une déclaration au Jeune Indépendant, Belkhadem affirme: "Guantanamo : on ne sait rien sur les prisonniers algériens"". Sous ce titre, Sihem H. écrit dans le quotidien algérien Le Jeune Indépendant du 8 janvier 2003 ce qui suit:
L'Algérie n'a toujours pas été saisie officiellement à propos des "prétendus" détenus algériens se trouvant dans la base militaire américaine de Guantanamo Bay située à Cuba.
Dans une déclaration au Jeune Indépendant, en marge de la journée d'études organisée au Conseil de la Nation, le ministre des Affaires étrangères, M. Abdelaziz Belkhadem, a affirmé, hier, que c'est une situation très délicate qui implique des mesures en conséquence. Il ajoute, à cet effet, que son département, à l'exception de quelques informations officieuses et autres écrits de presse, ne connaît rien sur le nombre de ces détenus, encore moins sur les conditions dans lesquelles ils se trouvent. "Vous savez que les affaires de terrorisme donnent toujours du fil à retordre dans la prise de décisions adéquates. C'est sans doute ce qui explique le fait que les autorités concernées n'ont toujours pas jugé utile de nous contacter pour une éventuelle extradition", dira M. Belkhadem qui ne nie pas, toutefois, que c'est une affaire "très sensible". D'autant plus, ajoute-t-il, que parmi les détenus figurent des binationaux qui, en plus d'être Algériens, ont la nationalité bosniaque. "On ne peut rien faire pour cette catégorie de personnes", affirme M. Belkhadem.
"Même les familles des détenus concernés ne nous ont pas sollicités pour une intervention, ce qui devrait être normalement élémentaire", dira-t-il en ajoutant que ce n'est que dimanche dernier que le frère de l'un des détenus a pris attache avec le département des Affaires étrangères.
"On ne peut pas se permettre de s'immiscer dans ce genre d'affaire, mais une fois saisis, les mesures adéquates seront prises", dira M. Belkhadem sans s'étaler sur la nature de ces mesures, en se contentant juste d'indiquer que ce sont les mêmes que celles prises dans pareilles circonstances dans le monde, dans le cadre diplomatique.
Huit Algériens sont emprisonnés, rappelle-t-on, dans cette base américaine depuis le début de l'année 2002. Six parmi eux sont détenteurs, en plus de la nationalité algérienne, de la nationalité bosniaque et deux autres sont Français d'origine algérienne.
Les six mis en cause ont été appréhendés par les services secrets américains à Sarajevo, le jour de leur remise en liberté par la Cour suprême croato-bosniaque qui les a disculpés faute de preuve concrètes.
Ils étaient accusés d'appartenir au réseau d'Al Qaïda et d'avoir planifié un attentat contre l'ambassade américaine à Sarajevo. Leur arrestation par les autorités américaines avait été sévèrement condamnée par les associations de défense des droits de l'homme. En Algérie, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative pour la promotion des droits de l'homme, avait recommandé aux autorités algériennes, durant le mois de décembre écoulé, d'entamer officiellement des démarches auprès de l'Administration américaine à propos de ces prisonniers.
Me Ksentini avait précisé qu'il a été informé de cette affaire par Human Rights Watch, lors du déplacement d'un représentant de cette organisation dans notre pays.

13/01/03 - Diego Garcia, un Guantanamo bis?

La flotte militaire US loue la base militaire britannique dans l'Océan Indien. Le 27 décembre dernier, une information paraissait dans le Washington Post et le Herald Tribune: " Les USA détiennent des prisonniers d'Afghanistan à Diego Garcia dans des conditions similaires à celles de Guantanamo". La Baronesse Amos, ministre du Foreign Office s'est empressée de démentir cette information le 8 janvier devant la Chambre des Lords en déclarant: " Il n'y a pas de suspects de terrorisme à Diego Garcia et, selon la loi en cours sur le Territoire britannique de l'Océan Indien, il n'y aurait aucune autorité en mesure de détenir des suspects d'Al qaïda sur ce territoire". Interrogée pour savoir si les USA détenaient qui que ce soit à Diego Garcia, la baronesse a simplement dit "ne pas être au courant d'une quelconque requête faite au gouvernement britannique". Question: peut-on croire aveuglément les déclarations d'une ministre de Tony Blair?

13/01/03 - "Le drapeau US mérite bien mieux que ça"
Khalid Al Odah n'a rien d'un ennemi de l'Amérique, bien au contraire. Cet ancien colonel de l'aviation koweïtienne a été formé aux USA et il a travaillé pour les renseignements militaires US pendant la Guerre du Golfe. Lorsqu'il a appris que son fils Faouzi, un enseignant de 25 ans, avait été arrêté par les forces US à la frontière afghano-pakistanaise, il a eu confiance: le jeune homme pourrait expliquer facilement sa situation et serait donc rapidement relâché. Faouzi, un enseignant, profitait de ses vacances pour faire du travail humanitaire au Pakistan auprès des enfants de réfugiés afghans. Lorsque les bombardements US commencèrent sur l'Afghanistan, il s'est tout naturellement retrouvé en train d'aider des civils afghans à se réfugier au Pakistan. "Quand j'ai appris qu'il avait été remis aux Américains, j'étais vraiment partiellement soulagé, parce qu'il s'agit d'un pays civilisé et d'une nation civilisée." Puis, le choc est venu lorsque Al Odah a appris que son fils avait été transporté à Guantanamo, au camp X-Ray. La famille de Faouzi et celles des autres détenus koweïtiens ont déposé une plainte contre le gouvernement US, demandant que leurs proches aient accès aux tribunaux US pour plaider leur cas. L'été dernier, un juge fédéral de Washington les a déboutés, décrétant que les prisonniers n'ont pas droit à une protection constitutionnelle. L'affaire suit son chemin devant les cours d'appel fédérales. Faouzi a écrit à sa famille. Il est sûr d'être bientôt à la maison. Mais d'après les militaires US, la plupart des prisonniers ne reverront pas leur maison d'ici de longues années. Malgré cela, Khalid Al Odah n'a pas changé de position en faveur des USA et de leur "guerre contre le terrorisme". Il dit que ce qu'il connaît des USA lui rend encore plus difficile la compréhension de cette expérience. " Ce n'est pas le principe américain, ce n'est pas la voie américaine que je connais. Je pense que le drapeau US mérite bien mieux que ça."

13/01/03 - Un citoyen US peut être traité en "combattant ennemi"
La 4ème Cour d'appel de circonscription Us a rendu un jugement important qui risque de faire jurisprudence, à moins que la Cour suprême, une fois saisie de l'affaire, n'en décide autrement, ce qui serait étonnant, vu la "déférence" dont font montre les hauts magistrats Us à l'égard de la Maison blanche, qui les nomme, et du Pentagone. La Cour d'appel a ainsi annulé la sentence d'une juridiction inférieure concernant le cas de Yasser Asem Hamdi. Ce jeune homme de 22 ans a été capturé, selon l'accusation, "un AK 47 à la main" en Afghanistan. détenu à Mazar-e-Sharif pendant la révolte et le massacre des prisonniers, il fut ensuite transféré à Guantanamo avant qu'on découvre que ce Saoudien était né en Louisiane et était donc citoyen US. Il fut donc transféré sur un bateau-prison à Norfolk, Virginie, mais néanmoins traité en "combattant ennemi", c'est-à -dire privé d'avocat et interdit d'accès aux preuves que disait détenir l'accusation. Le premier tribunal, à Norfolk, ayant jugé qu'il avait, en tant que citoyen US, un droit à la défense et à la vision des preuves contre lui, l'accusation a fait appel et la Cour d'appel lui a donné raison. L'avocat commis d'office pour le "défendre" a été empêché de s'entretenir avec lui. La Cour d'appel, constituée de 3 juges, dont 2 nommés par Reagan et 1 par Clinton, a jugé que sa qualité de citoyen US ne s'opposait pas à ce qu'il soit traité "selon les lois de la guerre", même si la guerre d'Afghanistan était "non conventionnelle", donc en tant que "combattant ennemi". La Cour a bien pris soin de préciser que cette "règle" s'appliquait à un citoyen US pris les armes à la main dans une zone de combat hors du territoire US et non pas à un citoyen US arrêté aux USA mêmes. Elle entendait ainsi que son arrêt ne fasse par jurisprudence pour des prisonniers comme José Padilla, cet ancien membre d'un gang urbain converti à l'Islam, arrêté à l'aéroport de Chicago à son retour du Pakistan et accusé d'avoir préparé un attentat avec une "bombe sale" nucléaire. Le jugement sur Hamdi a été fortement critiqué par de nombreux juristes et des organisations de défense des libertés. "Cette décision entérine la création d'un no man's land constitutionnel", a commenté Susan Herman, prof de droit à l'École de Droit de Brooklyn. D'autres commentateurs ont comparé cette situation à celle des citoyens US d'origine japonaise internés sans jugement durant la seconde Guerre Mondiale et qui ont eu droit, bien plus tard, à des excuses du gouvernement US. Hamdi devra donc attendre maintenant une éventuelle sentence de la Cour suprême.

13/01/03 - Le combat du père algérien d'un "combattant ennemi" suédois
Mehdi Ghezali continue son combat solitaire dans le glacial hiver suédois de la ville d'à–rebro où il vit. Son fils Mehdi Mohamed a "fêté" ses 23 ans à Guantanamo. Arrêté lors d'une tentative sanglante de fuite au Pakistan en décembre 2001, il est au camp X-Ray depuis janvier 2002. En un an, il a pu faire parvenir 5 messages. Les dernières nouvelles de lui remontent au 8 janvier: une lettre écrite le 6 novembre. Quelques lignes pour dire: " Je vais bien, salue tous ceux qui me connaissent. Prie pour que Dieu m'aide." Il y a quelques jours, un policier suédois et un membre de l'ambassade suédoise à Washington ont pu rencontre le prisonnier pendant deux jours. Mehdi ne l'a appris que lorsque les médias l'ont appelé. Puis son avocat lui a fait savoir que le ministère suédois des Affaires étrangères lui donnerait des nouvelles de cette visite dans quelques jours. "Lorsque je lis ses lettres, je pleure." Mehdi a déjà mené deux grèves de la faim, enfermé dans une cage minuscule pour dénoncer la situation de son fils. Il envisage maintenant de faire une tournée en Europe avec sa cage qui le conduira jusqu'à Bruxelles "pour réveiller tous les gouvernements européens". " Je veux que le gouvernement suédois se batte pour faire rentrer le garçon avant qu'il pourrisse", dit-il. Et son avocat critique le gouvernement qui a pris tellement de temps pour organiser une visite au prisonnier. Pourtant, en septembre, le Premier ministre social-démocrate Göran Persson avait critiqué le camp de Guantanamo comme "inacceptable".

13/01/03 - Le Parlement de Bahreïn s'engage pour les otages
Suivant l'exemple du Majlis Al Umma du Koweït, qui a constitué un comité parlementaire pour s'occuper activement du sort des citoyens koweïtis détenus à Guantanamo, le Parlement du Bahreïn s'est à son tour engagé dans la bataille et a constitué un comité, à l'appel de Abdullah Al A'ali, vice-président du Comté des affaires législatives et légales. Le Comité s'occupera à la fois du sort de 10 étudiants bahreïnis disparus en Iraq, où ils étudiaient, depuis septembre 1991, et de celui de six concitoyens détenus à Guantanamo depuis octobre dernier. Les membres du comité tenteront de retrouver les disparus, de rencontrer les détenus et de coordonner le travail avec le ministère des Affaires étrangères et les ambassades compétentes de l'émirat. Pour Guantanamo, espérons qu'ils auront plus de chances que leurs collègues koweïtis, dont les demandes de visite à Guantanamo ont essuyé des fins de non-recevoir, les USA laissant seulement des représentants du ministère de l'Intérieur du Koweït rencontrer les prisonniers.

31/12/02 - Les détenus algériens de Guantanamo abandonnés par leur pays

Les familles de six Algériens détenus à Guantanamo viennent d'écrire à Bush sur le sort réservé à leurs enfants détenus depuis plus d'un an. Au nom du collectif des familles, Abdelkader Aït Idir s'est déclaré "offusqué" par la "passivité" de l'Etat algérien et le "refus de ses responsables à défendre les Algériens en dépit du fait qu'ils soient innocents de toutes les charges retenues contre eux par le ministère américain de la Défense". Abdelkader Aït Idir a précisé que les six détenus, tous pères de famille, installés légalement en Bosnie depuis le début des années 90, ont été arrêtés par la police bosniaque pour des chefs d'accusation annulés par le tribunal quelques jours plus tard. "Ils ont été accusés d'appartenance au GIA et de préparation d'un attentat contre l'ambassade américaine, mais le tribunal les a vite relaxés faute de preuves. La veille de cette décision, les six détenus ont été enlevés par des militaires américains pour être transférés vers Guantanamo pour appartenance présumée à Al Qaïda", a déclaré M. Aït Idir.
Me Najib Al Nuaïmi, l'avocat qatari de sept détenus algériens, a révélé d'autre part avoir saisi le chef de la diplomatie algérienne Abdelaziz Belkhadem afin qu'une délégation de son ministère puisse rendre visite aux détenus. "Aucune réponse ne m'a été adressée. Je sais que le droit de visite a été accordé à des délégations saoudienne, marocaine, yéménite et bahreïnie, parce que les autorités de leurs pays ont intercédé auprès du ministère américain de la Défense, mais du côté des Algériens, c'est le black-out."
Selon Me Najib Al Nuaïmi, le ministère algérien des Affaires étrangères a été destinataire de la liste complète des Algériens détenus à Guantanamo. "Je le sais parce que je tiens l'information des autorités américaines qui m'ont d'ailleurs révélé qu'elles n'ont aucune objection à ce que l'on rende visite aux prisonniers pour peu que les autorités de leurs pays respectifs fassent part de leur demande. Pour ce qui est des Algériens, les Américains m'ont affirmé qu'ils n'ont jamais été destinataires d'une quelconque sollicitation", a noté l'avocat.
Pour sa part, Me Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de la promotion et de la défense des droits de l'Homme (CNCDDH), a indiqué que son organisation a été destinataire de neuf requêtes déposées par les familles des détenus algériens de Guantanamo.

24/12/02 Guantanamo: 59 prisonniers "n'ont rien à voir avec Al Qaïda"
Selon le Los Angeles Times de dimanche, 59 des plus de 600 prisonniers de la base US de Guantanamo Bay n'ont rien à voir avec Al Qaïda ou avec les Talibans. Ils figuraient sur une liste, dressée par les services de renseignements US après leurs interrogatoires en Afghanistan, des prisonniers ne présentant aucune "valeur du point de vue du renseignement". Il s'agit principalement de paysans, de chauffeurs de taxi ou de manoeuvres, dont certains ont été recrutés par les talibans dans les semaines qui ont précédé leur défaite.

23/12/02 Des détenus de Guantanamo autorisés à communiquer
Abdul Aziz, un détenu saoudien de Guantanamo, a été autorisé mercredi dernier à avoir une communication téléphonique de 45 minutes avec sa famille. D'autre part, Mohamed Al Fouzan a reçu mardi la première lettre de son fils Fahd, aussi détenu à Guantanamo, après 3 mois d'interruption des communications. Ces nouvelles ont été saluées par Elham Hassan, une avocate bahreïnie membre du Comité international pour la défense des prisonniers de Guantanamo, comme l'indice d'une évolution positive. Elle a demandé au gouvernement Us de relâcher ces prisonniers ou de les remettre à leurs gouvernements respectifs, dans la mesure où les USA ne détiennent aucune preuve justifiant leur détention. Elle a ajouté que le Comité se réunirait cette semaine à Doha pour discuter des nouveaux développements.

13/12/02 Le bâtonnier de Paris se commet d'office pour les Français de Guantanamo
Le bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris, Paul-Albert Iweins, annonce dans une démarche symbolique qu'il se commet d'office pour défendre trois Français détenus sur la base militaire US de Guantanamo à Cuba.
Dans un communiqué, le bâtonnier dit sa "ferme condamnation de toutes formes d'actions terroristes" mais ajoute qu'il se doit "de réagir et de mobiliser la communauté internationale des avocats dès lors que les droits de la défense sont ignorés".
Déplorant qu'il ne soit reconnu "aucun droit juridique" aux détenus, il annonce qu'il va demander aux autorités US le droit de s'entretenir à Guantanamo avec Mourad Ben Chellali et Nizar Sassi, originaires de Vénissieux (Rhône), et Khaled ben Mustapha, né dans la banlieue lyonnaise.
Cette démarche symbolique fait suite à une déclaration commune rendue publique en juillet par 32 barreaux du monde entier, qui ont souhaité que "la lutte contre le terrorisme ne porte pas atteinte à l'état de droit".

05/12/02 - L'OTAN arrête un suspect d'appartenance à Al Qaïda
Les forces de l'OTAN en Bosnie ont affirmé mardi que le musulman bosniaque interpellé le 26 octobre dernier était lié à Al Qaïda. Sabahudin Fijuljanin, 41 ans, avait été surpris en train d'espionner une base de la SFOR à Tuzla. Lors de l'enquête, la SFOR a découvert dans sa maison une arme antichar et plusieurs passeports. "Nous disposons d'informations établissant un lien entre Fijuljanin et Al Qaïda", a dit le capitaine de corvette Yves Vanier. Originaire de la région du Sandjak (sud-ouest de la Serbie), Fijuljanin vit depuis des années en Bosnie où il est marié et a quatre enfants.
Depuis le 11 septembre 2001, plusieurs personnes ont été interpellées en Bosnie dans le cadre de la lutte antiterroriste. Six Algériens, livrés aux autorités US, auraient été déportés à Guantanamo. Les autorités bosniaques ont aussi perquisitionné des associations humanitaires musulmanes et fermé trois d'entre elles: la Fondation islamique Al Haramain, la Fondation mondiale de secours et Bosanska Idealna Futura, filiale d'une association basée à Chicago.

27/11/02 Huit Russes détenus à Guantanamo
8 ressortissants russes sont actuellement détenus sur la base navale américaine de Guantanamo, à Cuba, parmi les 625 prisonniers soupçonnés d'être des talibans et des membres d'Al Qaïda, selon un responsable du bureau du procureur général russe. Vladimir Roudyak a précisé mardi que des représentants russes s'étaient rendus à Guantanamo et avaient interrogé les 8 ressortissants pour confirmer leur identité. Moscou adressera prochainement une demande officielle aux États-Unis afin de réclamer leur extradition, a-t-il ajouté. Il s'agit de Ravil Mingazov, d'Airat Vakhitov, de Roustam Akhmerov, de Timour Ichmouradov, Rouslan Odigov, Chamil Khazhiïev, Ravil Goumarov et Rasoul Koudaïev. Tous sont originaires de régions russes à majorité musulmane.

23/11/02 Abderrahim Al Nashiri détenu aux USA

L'identité du "haut responsable" d'Al Qaïda dont les USA avaient annoncé la capture il y a quelques jours a été révélée: il s'agit du Saoudien Abderrahim Al Nashiri, présenté comme l'un "des principaux planificateurs d'opérations d'Al Qaïda pour la péninsule arabe".
Capturé il y a plusieurs semaines au Koweït, il est maintenu en détention dans un lieu gardé secret. Il aurait travaillé avec Ben Laden depuis la guerre d'Afghanistan contre les Soviétiques. Les services US pensent qu'il a joué un rôle clé dans l'attentat d'octobre 2000 contre l'USS Cole, qui avait causé la mort de 17 marines US. Il serait un spécialiste de l'entraînement militaire et du maniement d'explosifs. C'est le troisième dirigeant présumé d'Al Qaïda capturé par les USA et détenus dans des lieux gardés secrets, après Abou Zoubaïda et Ramzi Ben Al Shibh.

19/11/02 Le sort des Français de Guantanamo

Reçu par son homologue américain, l'attorney general John Ashcroft, le 14 novembre, le ministre français de la Justice, Dominique Perben, a soulevé le problème posé par cette situation. "Il faut clarifier la situation juridique de ces détenus", a-t-il indiqué après ses entretiens avec Ashcroft. Le gouvernement estime "souhaitable qu'il y ait une coopération judiciaire" entre la France et les États-Unis au sujet de ces détenus, a précisé le ministre. Une telle coopération suppose que les autorités américaines entrent dans une logique judiciaire en précisant leurs charges contre ces six personnes et en répondant aux demandes d'information de la justice française. La section antiterroriste du parquet de Paris a ouvert, en effet, une information judiciaire, et le juge Jean-Louis Bruguière a demandé à pouvoir se rendre à Guantanamo Bay pour interroger ces six Français. Les familles de deux de ces détenus, Nizar Sassi, 23 ans, capturé en Afghanistan, et Mourad Benchellali, 21 ans, arrêté au Pakistan, ont porté plainte, le 14 novembre, à Lyon, pour "détention illégale, enlèvement, séquestration et attentat aux libertés". Leurs avocats, William Bourdon et Jacques Debray, avaient introduit une première action, qui a échoué, en octobre, devant la justice française, demandant à celle-ci de reconnaître aux deux hommes le statut de prisonniers de guerre.

13/11/02 Moussaoui à Guantanamo?
Embarrassés à la perspective d'un procès public devant une juridiction civile normale, la Maison Blanche et le Pentagone envisageraient sérieusement de transférer Zakariya Moussaoui à Guantanamo. Son procès, initialement prévu en octobre à Alexandria, en Virginie, a été repoussé à deux reprises et est prévu maintenant pour juin 2003. Mais l'accusation est très embêtée par les demandes de Moussaoui, qui a décidé de se défendre seul, après avoir rejeté son avocat commis d'office comme 3suceur de sang2. En effet, Moussaoui demande qu'on lui communique des documents du FBI et de la CIA et d'autre part que soient entendus certains témoins, notamment le Yéménite Ramzi Ben Al Shibh, arrêté au pakistan l'été dernier. Le sixième amendement de la Constitution US stipule en effet que tout accusé puisse être confronté aux témoins qui l'accusent ou qui peuvent l'innocenter. Un transfert à Guantanamo réglerait d'un coup tous les problèmes mais serait un aveu cinglant de défaite pour les procureurs, pour la CIA, le FBI et la Maison blanche.

LE MONDE DU 09/11/02 - Un Pakistanais libéré de Guantanamo raconte sa détention
Mohammed Sanghir est de retour dans son village. Il témoigne sur la mort de prisonniers talibans dans des conteneurs lors des combats de Kunduz et sur son séjour dans la base américaine à Cuba. Il compte demander réparation aux Etats-Unis.
Pattan (province du Nord-Ouest) de notre envoyée spéciale
Nichée au creux d'une profonde vallée boisée sur les bords de l'Indus, la modeste maison de Mohammed Sanghir ne désemplit pas.
Rentré chez lui, à Pattan, le 4 novembre, après plus d'un an d'absence et plusieurs mois de mortelle anxiété pour sa femme et ses neuf enfants, Mohammed Sanghir, premier Pakistanais libéré après avoir été détenu sur la base américaine de Guantanamo, à Cuba, est le nouveau héros de ce village situé dans la province du nord-ouest du Pakistan.
Abondante barbe grisonnante, pakol – sorte de chapeau à bord rond qui protège du froid – sur la tête, un gilet passé sur son salwar khamees (large pantalon et longue chemise que portent les Pakistanais), Mohammed Sanghir porte encore au poignet le bracelet de plastique vert mentionnant son identité "américaine" – US 9PK 0001 43 DP –, son âge (51 ans), sa taille, son poids et sa photographie.
Missionnaire prêcheur du Tablighi Jamaat, organisation non politique de propagation de l'islam qui compte plusieurs millions de fidèles dans le monde, Mohammed Sanghir se trouvait depuis quelque trois mois en Afghanistan quand la guerre a éclaté. Pris dans la tourmente de la reddition de Kunduz, dans le nord du pays, il est embarqué – "avec 250 personnes, dont 50 sont mortes" – dans un conteneur pour être conduit à la tristement célèbre prison du général Rachid Dostom, à Sheberghan. "Ils hurlaient pour de l'eau, ils tapaient leur tête contre les parois et là, juste à côté de moi, ils sont morts", dit-il de ses compagnons d'infortune.
Il passe quarante-cinq jours à Sheberghan, où se mêlent "Afghans, Pakistanais, Arabes, Bosniaques". Personne ne l'interroge, jusqu'au jour où des miliciens du général Dostom l'extirpent de sa cellule avec 15 autres prisonniers : "Ils nous ont livrés à des soldats américains qui nous ont bandé les yeux et nous ont emmenés par hélicoptère à Kandahar." Installé sous une tente avec neuf autres personnes, nourri de rations militaires américaines, Mohammed Sanghir est alors interrogé : "Il y avait un Américain et un interprète. Ils m'ont demandé d'où je venais, pourquoi j'étais en Afghanistan, si j'avais un lien avec Al-Qaida, si je connaissais des gens d'Al-Qaida, si j'avais déjà vu Oussama Ben Laden et si je pourrais le reconnaître."
Après cet unique interrogatoire sommaire, Mohammed Sanghir est appelé par un médecin. "Il a pris mes empreintes digitales et une empreinte à l'oreille", dit-il. Dix-huit jours après, "ils sont venus ; ils m'ont rasé la tête, la barbe et la moustache, m'ont mis un bandeau sur les yeux et mis dans une tente où j'ai attendu deux ou trois heures avec d'autres personnes. Avant de nous raser, une Américaine parlant un peu d'ourdou m'a juste dit : "On vous emmène dans un lieu où vous aurez plus de facilités et où vous serez mieux"", précise Mohammed, qui ajoute que les soldats américains sont restés sourds à ses tentatives pour conserver sa barbe, élément religieux. "J'ai protesté physiquement, mais ils ne voulaient rien entendre et m'ont dit : "C'est interdit"", raconte-t-il. Emmené à l'aéroport, Mohammed est ensuite attaché sur son siège – bandeau sur les yeux, masque sur la bouche, boules dans les oreilles – pour un voyage de vingt-deux heures. "Une femme nous a donné des pommes à deux reprises, un morceau de pain et de l'eau."
L'arrivée sur la base de Guantanamo est rude. "Alors que nous avions toujours les mains liées derrière le dos et les yeux bandés, des soldats m'ont jeté dehors et m'ont battu", affirme Mohammed Sanghir en montrant sa joue. Pendant trois mois et demi, Mohammed, qui a revêtu un survêtement rouge, reste dans une cage ouverte à tous vents, "aux millions de moustiques et à la chaleur" et sans une minute d'intimité.
INTERROGATOIRES
"Nous étions comme des animaux. Si nous étions des hommes, pourquoi nous mettre dans une cage ?", interroge Mohammed, dont le récit est suivi avec attention par la vingtaine d'hommes qui l'entourent. "Au début, ils ne nous permettaient pas de prier et de parler entre nous, mais après deux jours de grève de la faim, un officier supérieur est venu, nous a permis de prier et nous a accordé une demi-heure pour manger", dit-il.
"Deux fois par semaine, ils nous faisaient sortir pour marcher et, chaque semaine, on nous donnait un uniforme propre", précise Mohammed, qui ajoute qu'un médecin était toujours disponible. Après ces trois mois et demi, Mohammed est transféré dans une nouvelle cage, plus confortable, avec un coin toilette et de l'eau courante.
Durant les dix mois qu'il a passés à Guantanamo, Mohammed Sanghir a été interrogé une vingtaine de fois. "On faisait la queue pour les interrogatoires. Centrées uniquement sur Al-Qaida, les questions étaient toujours les mêmes mais présentées de façons différentes", affirme Mohammed. "Ils m'ont d'abord montré des photos de gens d'Al-Qaida pour savoir si je les connaissais ; ensuite ils m'ont demandé s'il y avait ici autour de moi des gens d'Al-Qaida ; ils voulaient savoir si j'avais rencontré Ben Laden et si je pourrais le reconnaître. Les photos représentaient des gens qui semblaient afghans et arabes", précise Mohammed, qui affirme n'avoir reconnu personne.
Les seules personnes qu'il a vues à Guantanamo –"une fois, au cours d'un déplacement"– sont le mollah Abdul Salam Zaeef, l'ancien ambassadeur des talibans au Pakistan livré par Islamabad aux Américains, "qui semblait très faible", Khairallah Kwaiwa, ancien gouverneur d'Herat, arrêté à Chaman, à la frontière pakistano-afghane, le mollah Fazl, ancien commandant de Kunduz et un autre commandant, le mollah Abdel Raouf.
"COMMENT FAIRE ?"
Mohammed, comme ses compagnons, a beaucoup prié à Guantanamo, où les journées se passaient en lecture du Coran, des hadiths, et en conversations avec les autres détenus. "Un jour, un nouveau général est venu et m'a dit : "Vous allez avoir des bonnes nouvelles la semaine prochaine"", raconte Mohammed pour expliquer sa libération, encore choqué qu'aucun responsable américain ne lui ait exprimé le moindre regret pour cette année perdue et les humiliations subies. "Ils m'ont juste dit : "Vous êtes innocent", mais personne ne s'est excusé", indique Mohammed qui, aujourd'hui, réclame des dédommagements aux Etats-Unis.
"A Guantanamo, des soldats m'avaient dit que je toucherais 400 dollars par mois de détention, mais je n'ai reçu que 100 dollars à mon arrivée à Islamabad", dit cet homme qui vivait d'une machine à couper et tailler le bois de construction, très utilisé dans cette région montagneuse et déshéritée.
"Pendant un an, ma famille a dû emprunter pour survivre et, maintenant, comment vais-je rembourser ?", interroge-t-il en montrant sa machine rouillée par le manque d'entretien. "Qu'est-ce que je peux faire contre les Etats-Unis ? C'est une grande puissance", affirme-t-il, fataliste, quand on lui demande ses sentiments à l'égard des Américains. Ses concitoyens, dans cette région extrêmement conservatrice, n'ont pas tous les mêmes réserves et, sur le mur de l'école de Pattan, peintes en noires, deux kalachnikovs entourent un appel sans ambiguïté : "Engagez le djihad [guerre sainte] contre ceux qui dénient le Coran."
Françoise Chipaux

08/11/02 Français de Guantanamo: information judiciaire à Paris
Le parquet de Paris a ouvert mardi une information judiciaire pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" contre X..., en l'occurrence visant les 6 Français détenus à Guantanamo. Cette information pourrait aboutir à la mise en examen des prisonniers et la demande de leur extradition vers la France pour y être jugés. La semaine dernière, le Quai d'Orsay avait réitéré sa position, demandant que les prisonniers soient jugés en France s'ils sont soupçonnés d'avoir commis "des actes punissables au regard du droit pénal français". L'avocat de 2 des prisonniers, originaires de Vénissieux, estime que "cela les sortirait du flou dans lequel ils se trouvent et leur donnerait des garanties de procédure."

05/11/02 Espoir pour le "taliban de Brême" :Bernhard Docke, l'avocat allemand du Turc de Brême Murat Kurnaz, 20 ans, détenu à Guantanamo, espère, après les libérations de certains détenus de Guantanamo, que son client sera relâché par les Américains. Le jeune Turc, charpentier de marine, s'était rendu au pakistan le 3 octobre 2001 pour y suivre des cours coraniques. Fin 2001, il a été arrêté, accusé d'être un combattant d'Al Qaïda et déporté à Guantanamo. En février, il clamait son innocence dans une lettre à sa mère. D'après son avocat, il n'est pas taliban: " Les seigneurs de guerre ont fait des prisonniers, pour les remettre contre des primes aux militaires US. Kurnaz est sans doute une comparse mais pas un gros poisson."
03/11/02 Justice incompétente
Saisi par les avocats de 2 des 6 français détenus à Guantanamo, le juge des référés s'est déclaré incompétent, jeudi 31 octobre, pour reconnaître leur statut de prisonniers de guerre et leur accorder la protection des lois internationales régissant ce statut.
L'ordonnance, particulièrement brève, constate que les demandes "ne reposent sur aucune règle de procédure susceptible de permettre leur examen par le juge des référés". "Ce n'est que partie remise", a déclaré Me William Bourdon, l'un des avocats de Nizar sassi et Mourad Benchellali, qui a annoncé le prochain dépôt d'une plainte avec constitution de partie civile pour détention arbitraire contre les responsables du camp de Guantanamo.
Dans une lettre du 22 août à un ami, Nizar Sassi écrivait: "Si tu ceux une définition d'ici, on n'a pas le droit d'avoir de droits."

30/10/02 3 libérations
3 Afghans détenus à la base US de Guantanamo, sur l'île de Cuba, viennent d'être "libérés". 13 Pakistanais devraient connaître le même sort d'après la presse pakistanaise. Lundi, c'est une trentaine de nouveaux détenus afghans qui ont été transférés à Guantanamo. Ils avaient été capturés en janvier par les forces US.

25/10/02 - Libérations ?

Donald Rumsfeld a confirmé la prochaine libération de plusieurs prisonniers de guerre capturés en Afghanistan et détenus à la base de Guantanamo, sur l'île de Cuba. Il s'agit de prisonniers n'ayant plus aucune importance pour les enquêteurs US et ne représentant aucun danger.

28/09/02 - Le business d’un vice-Président

La société de services Brown & Root a décroché un nouveau contrat de l’armée américaine face à 44 concurrents. cette fois-ci, il s’agissait de la construction et de la mise en place à Guantanamo des cages d’acier prévues pour les prisonniers capturés en Afghanistan. Petit hic: cette société est contrôlée par la compagnie Halliburton, dirigée par Dick Cheney jusqu’à ce qu’il devienne vice-Président. Coïncidence? La commission de contrôle du congrès US a déjà ouvert une enquête sur Brown & Root, soupçonnée d’avoir gonflé ses factures à l’armée US de quelques dizaines de millions de dollars et a recommandé de ne plus donner à cette société de contrats militaires. Un seul exemple: la fourniture d’énergie électrique aux troupes US cantonnées au Kosovo a été facturée 17 millions par an, soit le double du prix normal, selon la commission. Sur les bases des Balkans, l’enquête a été déclenchée par le fait que nombre d’employés de nettoyage fournis par Brown & Root avait doublé et leur travail était facturé comme s’ils travaillaient 24 heures sur 24. Jusque-là, rien que de très usuel, dira-t-on. Seulement voilà: les premiers contrats avec le Pentagone ont été obtenus par la compagnie seulement quelques semaines après que Cheney avait quitté son poste de Secrétaire d’Etat à la Défense de Bush père pour devenir administrateur délégué de Halliburton! Il est évident que la nouvelle guerre en préparation contre l’Iraq entraînera beaucoup de nouveaux contrats juteux pour Brown & Root et les nombreuses sociétés auxquelles les dirigeants américains sont personnellement liés. Il suffit de rappeler que la première Guerre du Golfe avait rapporté à James Baker, personnellement, la coquette somme de 9 millions de dollars...

24/09/02 Même la nature est contre!
L'Ouragan Isidore à causé d'importants dégâts dans le golfe du Mexique et sur l'île de Cuba le 22 septembre. Des milliers de personnes ont été évacuées et se retrouve maintenant sans abris. Où les hommes du fils Bush s'installent, les éléments de déchaînent. L'Afghanistan, les Philippines et maintenant Guantanamo!

01/03/02 - Mutinerie et grève de la faim.

100 prisonniers du camp de concentration X-Ray de Guantanamo se sont mutinés pour protester contre les conditions de détention. L'interdiction de porter le turban aurait provoqué un incident et les détenus se seraient barricadés dans leurs cages à l'aide de leurs paillasses. Depuis mercredi et malgré la chaleur, une centaine d'entre eux ont entamé une grève de la faim.

20/02/02- Injustice sans limite.
Les familles de trois détenus de Guantanamo (2 Britanniques et 1 Australien) portent plainte contre la décision de l’administration US de les maintenir en détention illimitée. Cette mesure serait contraire aux conventions de Genève, au droit international et à la constitution US.

12/02/02 -"Tout est fait pour choquer les prisonniers de Guantanamo"

[Email reçu le 12/02/02]
Le long isolement sensoriel, les entraves, la découverte brutale d'un nouvel environnement carcéral : tout est fait, de l'aveu même des Américains, "pour impressionner et désorienter les captifs", Taliban afghans ou membres du réseau Al Qaïda qui arrivent sur la base de Guantanamo. Ce traitement doit aussi permettre, selon les militaires, "de choquer et de rendre plus dociles" ces dangereux ennemis.
Une forme de torture psychologique ?
Des déclarations qui ne manqueront pas d'apporter de l'eau au moulin des défenseurs des droits de l'homme, des partisans du respect le plus scrupuleux des Conventions de Genève. Ces derniers réclament en effet que "le statut de prisonniers de guerre et la protection de ces conventions soient reconnus et appliqués à tous les détenus et que cesse la forme de torture psychologique dont ils sont victimes". Cette dernière accusation repose sur les observations des journalistes qui ont été autorisés à assister à l'arrivée des prisonniers et sur la description des conditions de transfert faite par les officiels américains eux-mêmes.
Ne rien voir, rien entendre, rien dire
A Kandahar, en Afghanistan, juste avant leur départ, les taliban et membres supposés d'Al Qaida ont le crâne et la barbe rasés. Ils enfilent ensuite une combinaison orange et embarquent pieds et poings liés dans l'avion. Ils sont attachés à leur siège et sont mis en condition "d'isolement sensoriel total". Ils portent des lunettes totalement opaques, des casques sur les oreilles et un masque chirurgical afin de ne pas pouvoir mordre leurs geôliers ou transmettre des maladies. Ainsi "équipés", ils ne voient et n'entendent quasiment rien et ne peuvent s'exprimer correctement. Le vol dure vingt-cinq heures dans le froid de l'avion-cargo militaire.
Choc thermique
A leur arrivée, déphasés par l'isolement sensoriel, la fatigue, le "jet-lag" (décalage horaire important) et le choc thermique, ils titubent. Dans la chaleur tropicale, ils doivent être soutenus ou portés par des soldats sous les ordres "aboyés" par les officiers. Lors du dernier transfert de prisonniers, il y a quelques jours, six des vingt-huit détenus sont sortis sur des brancards. Selon les observateurs présents, l'un était amputé des deux jambes, trois autres ont été blessés au combat, l'un était atteint de paludisme (le troisième prisonnier du camp à en être atteint) et le dernier présentait les symptômes de la tuberculose. Après un rapide "tri", ils sont enfermés dans des cages grillagées de petite taille.
"Qu'ils ne voient pas la mer ou le McDonald"
"Comme les précédents, ce groupe était calme et les hommes paraissaient choqués et désorientés", a commenté le major Steve Cox, porte-parole de l'unité chargée de la surveillance du camp X-Ray de Guantanamo où sont incarcérés les arrivants, au nombre de deux cent vingt aujourd'hui. L'officier affirme que l'isolement sensoriel "n'a pas pour but de déshumaniser ces personnes, mais d'établir notre autorité avant le vol, pendant et après, et garantir la sécurité des personnels américains".
Autre hypothèse : empêcher les prisonniers de se repérer et d'échafauder de très improbables plans d'évasion. "Avant de gagner le camp, ils n'auront pas vu la mer, pas repéré le McDonald de la base", déclare encore l'officier. Les organisations de défense des droits de l'homme, dont Human Rights Watch ou Amnesty International, demandent toujours que tous ces hommes soient placés sous la protection des Conventions de Genève et aient enfin le statut de prisonniers de guerre.

10/02/02 - Les Minguettes s'organisent

Depuis l’ annonce que deux habitants de la cité des Minguettes à Lyon étaient détenus à Guantanamo, les familles et les proches s’interrogeaient pour comprendre ce qui avait poussé ces jeunes à partir en Afghanistan. Ces débats informels ont évolué et un comité de soutien s’ est mis en place.
Selon Libération, un des participants à la réunion du comité aurait dit "Notre problème, ce n'est pas de savoir s'ils sont innocents ou pas. Nous devons seulement nous battre pour que leurs droits soient respectés, qu'ils reviennent en France pour y être jugés s'ils doivent l'être.".
Cette phrase suffit à définir le programme de ce comité et représente bien ce que la plupart des Musulmans de France ressentent. Mais la déportation à Guantanamo de jeunes Français doit également pousser les autorités française à l’ autocritique. Le fait que les initiatives de nombreuses associations intervenant sur le plan éducatif aient été ces dernières décennies systématiquement bloquées a poussé des centaines de jeunes Français musulmans à s’expatrier dans un premier temps vers des pays plus accueillants. L’ État français porte une part de responsabilité dans ce que ces jeunes ont pu faire par la suite.

08/02/02 - Diviser pour mieux régner

Le Pentagone a annoncé que les talibans de Guantanamo seront traités suivant les Conventions de Genève mais qu'il ne bénéficieront pas du statut de prisonniers de guerre. En effet ce statut prévoit la libération automatique des prisonniers en fin de conflit et interdit leur torture pendant les interrogatoires. Les membres d' Al Qaïda continueront d'être traités suivant les humeurs de Donald Rumsfeld.

30/01/02 - Campagne médiatique contre les Français de Guantanamo

Que ceux qui ont commis des attentas ou participé à leurs organisations soient jugés comme terroristes et condamnés. Nul n’ est censé ignorer la loi et personne d’entre nous ne contestera les décisions de justice.
Mais le déchaînement des médias envers les détenus de Guantanamo est inadmissible.
Ils sont appelé "Les terroristes islamistes" par les commentateurs, alors que leur véritable identité, le lieu de leur arrestation, leur rôle en Afghanistan ne sont pas encore connus.
Les journalistes ne nous informent pas, ils manipulent les informations pour que les Musulmans de France ne se sentent pas solidaire de ces prisonniers de guerre à qui on refuse ce statut. C’ est aussi une bonne occasion pour salir l’ Islam.
Les moindre détails sont montés en épingle pour les discréditer. Ces supposés Français du camp X-Ray, ne sont peut être pas Français. Ils sont immatures, l’ un d’ entre eux, a abandonné sa famille, l’ autre sa boucherie, l’ autre s’ est converti de fraîche date avant de partir pour le Jihad. Le quatrième, c’ est pire, avait été arrêté dans le coup de filet préventif avant la Coupe du monde de football à Paris. Autrement dit, il voulait empêcher la France de gagner la Coupe, le traître!
Sauf que le journal Libération révèle ce que les autres cachent : il avait été "écroué trois mois pour "association de malfaiteurs liée à une entreprise terroriste", mais avait été blanchi par un non-lieu".
Les pervers penseront que si l’ enquête avait été mieux conduite, il ne serait pas ressorti de prison et n’ aurait pas rejoint l’ Afghanistan.
On peut également affirmer l’ inverse. Le traumatisme causé par trois mois d’ emprisonnement arbitraire, l’ ont probablement conduit à franchir un cap décisif. Quitte à vivre traqué et être puni, autant que cela soit pour quelque chose.
Ce n’ est pas un hasard si la France est aussi bien représentée à Guantanamo. La politique d’ exclusion des Musulmans, les arrestations arbitraires, la répression systématique qu’ ont subi les associations islamiques depuis plus de dix ans, le chantage à la carte de séjour poussant des étrangers en position de faiblesse à faire sur ordre des RG ou des services de renseignement étrangers la "fitna" dans des associations des plus pacifiques. On ne parle même pas de l’ éducation déplorable que les enfants subissent dans les écoles de la république. Les enfants se révoltent contre leurs familles et leurs esprits ont perdu tout repère religieux.
Les tentatives du ministre de l’ Intérieur d’organiser le culte ou la communauté musulmane de France ( ce n'est pas très clair) interviennent bien tard.

26/01/02 - Bosnie : La Palestine contre l’Afghanistan, 6 Moudjahidines contre Karadzic

Selon le journal belge Le Soir, les Américains auraient persuadé Sarajevo de leur remettre les six ressortissants arabes soupçonnés de terrorisme et de liens avec Oussama ben Laden (expédiés à Guantanamo alors qu’ils ont été innocentés par un tribunal bosniaque), contre la garantie d'arrêter très prochainement Karadzic.
On se rappelle de la promesse faite aux gouvernements arabes de régler le problème palestinien contre une carte blanche en Afghanistan...
Ce genre de promesses n’engagent que les hypocrites qui font semblant d’y croire pour échapper à la vindicte populaire. Sans vouloir jouer les devins, il est sûr que les dirigeants bosniaques payeront tôt ou tard leur trahison.

23/01/02- Droits de l’ homme, conventions de Genève et résolutions de l’ONU

La justice occidentale a une particularité, elle se repaît de grandes déclarations universelles, de conventions internationales et de résolutions votées par la majorité des nations. Ces textes qualifiés d’ universels et d’ internationaux ne concernent pourtant pas les Musulmans, qui sont presque un milliard sur terre.
Il nous suffit de prendre en exemple le camps de concentration de Guantanamo où des Musulmans parfois blessés sont parqués comme des bêtes dans des cages et subissent des tortures psychologiques chaque jour, pour mettre en valeur ce qui à nos yeux est le vrai fondement de la civilisation occidentale: la sauvagerie et l’ injustice et non l’ hellénisme et la démocratie.
Si toutefois cet exemple ne vous convenait pas, relisez les chroniques du vingtième siècle.
La guerre de Tchétchénie et l’ impunité des tyrans russes.
La guerre d’ Algérie et l’ impunité des tortionnaires français.
La colonisation de la Palestine et l’ impunité des colons israéliens.
Des résolutions des Nations unies qui ne s’appliquent pas au mouvement sioniste.
L’ Iraq est bombardé et subit un blocus économique strict depuis dix ans parce que Saddam Husein refuse d’ appliquer des résolutions de l’ ONU lui imposant des visites régulières de contrôleurs accrédités.
Mais l’ État d’ Israël n’ a pas subi de pression particulière alors qu’ aucune résolution de l’ ONU le concernant n’ a été appliquée. Au contraire, l’ Europe est le premier partenaire économique de ce pays hors la loi.

22/01/02 - Les prisons de la honte

Le journal anglais "The independant" appelle la base de Guantanamo comme il se doit : c’ est un camp de concentration.
2,40m x 1,80 m., voici la cote des cages de la prison de Guantanamo où sont enfermés les Musulmans capturés en Afghanistan, au Pakistan et en Bosnie. Ils sont soupçonné d' apartenir aux réseaux d' el-Qaïda ou d' avoir été un jour taliban, c'est à dire étudiant en théologie islamique.
Plus de cent prisonniers ont déjà été regroupé sur cette base US de l’ île de Cuba. En attendant de comparaître devant un tribunal militaire d’ exception et en attendant leurs exécutions programmées.
Allez voir les cages des babouins du zoo de Vincennes ou la cage du lion du zoo de Kaboul, elles sont beaucoup plus spacieuses.

16/01/02 - Des centaines de prisonniers des Croisés sont regroupés sur une base US de l’ île de Cuba.
Enchaînés, menottés, torturés, ils ne seront pas jugés par un tribunal US, ni par un tribunal international, des tribunaux d’ exceptions ont été constitués et détermineront si ces prisonniers doivent être exécutés ou bien exécutés.
En privilégiant une solution injuste, Bush prend un risque énorme. Les compagnons d'armes de ces Musulmans qui ont combattu contre l’invasion de l’ Afghanistan par les Russes et contre la colonisation de ce pays par les Occidentaux, ne les laisseront sûrement pas tomber. Ils pourront justifier facilement l’ emploi de techniques dites "terroristes" pour obtenir leur libération.