Situation humanitaire en Irak
au 30 avril 2003

Le point au 15 mai 2003

Crise humanitaire en Irak ? le point de vue de Médecins sans frontières au 28 avril 2003

La liste des produits ayant été autorisés à entrer en Irak
Voir les résolutions du Conseil de Sécurité

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Selon Refugges International (ONG), l'urgence est de faire repartir l'agriculture irakienne. 
Le programme Pétrole Contre Nourriture (PCN) ne lui a pas fait de bien, au contraire. 
En attendant, l'Irak possède 10 milliards de dollars dans des comptes d'escompte, qu'il pourrait utiliser pour importer de la nourriture, dans le limites de ce que le PCN et les sanctions internationales, permettent. En effet, tous les biens importés en Irak, y compris la nourriture doivent être examinés à trois postes-frontière pour vérifier qu'ils ne sont pas sur la liste, longue de 300 pages, des produits interdits !
Voir le site http://electronicIraq.net/news/704.shtml

Le 24 avril 2003, une nouvelle résolution du Conseil de sécurité, la 1476, a étendu la validité de la résolution précédente jusqu'au 3 juin. La résolution précédente, la 1472, remettait en place le programme pétrole contre nourriture (PCN) jusqu'au 12 mai seulement. De toutes façons, le programme devrait se terminer le 3 juin 2003, bien que sa fin n'ai pas été votée. Si les USA souhaitent qu'il soit démantelé, la France veut simplement sa suspension, la Syrie s'oppose à sa fin avant que les inspecteurs de l'ONU n'aient prouvé l'absence d'armes de destruction massive, et la Russie approuve la position française. 
Voir le site
http://www.unfoundation.org/unwire/current.asp#33366

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Le point au 15 mai 2003

Nourriture : 

  • 2/3 des habitants dépend entièrement de l'aide alimentaire et attend les 200 camions de vivres bloqués aux frontières pour des raisons d'insécurité 

Santé : 

  • A Bassora, apparition du choléra avec 20 cas recensés.
  • Dans l'ensemble du pays, diarrhées aux conséquences plus ou moins graves, provoquées par l'ingestion d'eau non-potable
  • Contamination nucléaire : les sites nucléaires ont tous été pillés et de l'uranium enrichi se balade dans tout le pays. Malgré ce danger et les demandes répétée de l'AIEA pour le retour des inspecteurs, les américains ont refusé.

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Crise humanitaire en Irak ?

Par Guillaume Le Gallais, directeur des Opérations et Jean-Clément Cabrol, responsable du département des Urgences à MSF - 28 avril 2003

Le spectre des épidémies, de la famine plane sur l'Irak. La plus grande crise de ce début de siècle aurait-elle commencé ? Il n'y a pas eu de déplacements massifs de populations suite aux combats, il a été noté des fuites en nombre limité vers l'extérieur des grandes villes, mais ces personnes sont déjà, pour la plupart, retournées sur leurs lieux d'origines.

En terme épidémique aucune situation catastrophique n'a été rapportée. Dans certaines régions telles Nassyria, le Kala Azar présente un caractère endémique. On note cependant quelques cas de choléra mais dans des zones endémiques, qui nécessitent un suivi. D'un point de vue nutritionnel, il n'existe pas de famine, ni de malnutrition aiguë dans les villes évaluées, même si une partie de la population infantile souffre de malnutrition chronique préalable à la guerre et consécutive à l'embargo.

Une grande partie de la population a bénéficié de distributions de nourriture juste avant le début des combats et la plupart des familles incluses dans ces programmes de distribution, soit les plus vulnérables, ont donc des stocks pour plusieurs mois. Lors de ces évaluations, nos équipes n'ont pas reçu de demandes particulières concernant la nourriture.

Au niveau administratif, on constate principalement une désorganisation du système liée à l'absence du personnel de santé, à l'arrivée de nouveaux responsables dans les structures qui deviennent des lieux de contrôle social et politique.

On peut s'interroger, en particulier à Bagdad, sur le sort des patients ayant dû fuir prématurément les hôpitaux, suite aux combats ou aux pillages. Le nombre global de morts et de blessés civils imputable aux bombardements ou aux combats entre les forces en présence est impossible à déterminer précisément.

Une fois ces risques majeurs écartés, qu'en est-il du système de santé irakien ?
Nous avons visité les hôpitaux de Bagdad, lieux de soins privilégies pour les urgences et les interventions médicales vitales. A première vue, ils ne débordent pas de malades et de blessés, disposent de matériel , de médicaments malgré quelques pénuries, le personnel commence à revenir. Peut-on en conclure que tout va bien et que, si urgence il y a eu, elle est derrière nous ?

La situation des 34 hôpitaux de Bagdad est pour le moins confuse et changeante, mais une chose est sûre : se faire soigner lorsque l'on est malade ou blessé aujourd'hui à Bagdad est un coûteux parcours du combattant. Nous avons visité plusieurs hôpitaux, qui globalement ne fonctionnent pas, ou mal. Ils ne sont certainement pas représentatifs des urgences médicales d'une ville de 5 millions d'habitants. Al Kindi comme Al Yarmouk n'ont de fonctionnel qu'une salle d'urgence, ils n'ont pas encore repris d'activités chirurgicales.

Certains sont totalement fermés, comme celui de Al Lika qui a été sauvagement pillé. Ceux qui tentent de tourner, comme le Al Kark, sont confrontés à de graves problèmes. Le premier d'entre eux est le manque de personnel et la désorganisation des équipes : sans réelle direction, des comités sans moyens se forment, les salaires ne sont pas payés, le transport reste un problème. Le personnel est désorienté. La fin brutale d'un régime autoritaire a laissé place à une désorganisation majeure.

Tous les services connexes des hôpitaux sont quasiment paralysés. L'hygiène hospitalière est mauvaise par manque de personnel mais aussi d'eau et d'électricité. Les déchets ne sont plus éliminés, les banques de sang ne sont plus fonctionnelles... Les risques d'infections dans les hôpitaux paraissent particulièrement élevés, on n'imagine pas que les services de stérilisation puissent fonctionner normalement.

La sécurité dans et autour des hôpitaux, indispensable pour que les patients puissent s'y rendre, ou pour que le personnel s'y sente dans un environnement propice au travail, reste un problème. Certains sont tenus par des militaires américains, d'autres par des milices, que l'on retrouve dans l'enceinte de l'hôpital, armés.

Les urgences médicales ou chirurgicales ne sont donc pas prises en charge correctement, ni en quantité, ni en qualité. Or, des urgences se produisent quotidiennement.

En dehors des urgences, les soins aux patients atteints de maladies chroniques est lui aussi désorganisé. Cela représente 20.000 personnes à Najaf par exemple. Si certaines structures possèdent encore un stock d'un mois de médicaments, la plupart d'entre elles sont déjà en rupture de stock. Certaines structures ont dû détruire leur insuline, après une rupture de la chaîne de froid. Le risque de discrimination sur des bases religieuses ou sociales est grand : hôpital réservé à une population, ou accessible uniquement à ceux qui en ont les moyens.

Ces besoins sont le résultat combiné de trois guerres s'ajoutant à 12 ans d'embargo contre une dictature ayant elle-même tout contrôle sur la distribution des richesses à la population. Partie des besoins existant aujourd'hui sont dus à une situation prévalant avant le conflit armé, ainsi certains médicaments faisant partie des produits interdits par l'embargo.

L'effondrement du système est la conséquence directe de la guerre et de la fin du régime. On assiste a un brutal délitement des services publics avec des conséquences importantes pour les personnes, particulièrement dans le domaine de la santé. Il y a urgence a rétablir des services publics, essentiels à la vie des personnes.

A ce jour, la situation en Irak ne peut donc pas être qualifiée de crise aiguë comme on peut en rencontrer par exemple, en République Démocratique du Congo ou en Tchétchènie. Il appartient aux différents acteurs humanitaires de reconnaître cette réalité. Mais il y a désormais urgence à ce que ceux qui ont décidé de mener cette guerre prennent leur responsabilités quant aux conséquences que ce conflit a pour la population irakienne. La responsabilité en incombe aux forces occupantes au regard des conventions internationales.

Or, malgré de petites améliorations comme cet embryon de force de police, aucune décision essentielle n'a été prise dans le domaine de la santé. Qui sont les personnes responsables ? Quelles sont les directions prises ? Comment, prosaïquement, un malade peut-il se faire soigner à Bagdad aujourd'hui ? Car si cette situation perdurait, ce serait la vie de milliers de personnes qui serait effectivement en péril.

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Le point sur les produits pouvant être expédiés en Irak
(source : Programme Pétrole Contre Nourriture http://www.un.org/french/Depts/oip/background/basicfactsF.html

Le Point au 15 avril 2003 (étude du  5 au 11 avril 2003)

L’examen de la filière humanitaire confirme que des produits prioritaires d’une valeur totale de 395 millions de dollars peuvent être expédiés avant le 12 mai

L’examen des contrats portant sur des produits prioritaires qui se trouvent dans la filière du programme « pétrole contre nourriture » a déjà permis de déterminer que des marchandises d’une valeur totale de 395 millions de dollars peuvent être expédiées avant l’expiration du délai de 45 jours fixé le mois dernier par le Conseil de sécurité.

La plupart des produits dont la disponibilité a été vérifiée auprès de 137 fournisseurs concernent les secteurs alimentaire (181,7 millions de dollars), agricole (103,8 millions de dollars) et sanitaire (46,1 millions de dollars). Le plus souvent, ils se trouvaient déjà en transit au début de la guerre et seront transportés sur des sites stratégiques en Turquie, en Syrie, en Jordanie, au Koweït et en Iran en attendant d’être acheminés vers l’Iraq.

Le Bureau chargé du Programme Iraq et six organismes et institutions du système des Nations Unies* continuent leur course contre la montre pour identifier les produits prioritaires définis par le Conseil de sécurité - vivres, médicaments, fournitures sanitaires, produits et matériels de purification de l’eau - qui pourraient être retirés de la filière pour être expédiés avant le 12 mai, comme l’exige la résolution 1472 (2003) du 28 mars 2003.

L’ONU avait établi une liste initiale de 526 contrats, mais nombre de fournisseurs ont dû en être rayés, le plus souvent parce qu’ils ne pouvaient pas expédier la marchandise dans les délais prescrits par le Conseil.

Des fournisseurs potentiels sont mis hors course

Le 7 avril, le programme « pétrole contre nourriture » a affiché sur son site Web un avis qui a également été communiqué à la Mission permanente de 100 États Membres, pour demander aux fournisseurs de prendre contact d’urgence s’ils détenaient des contrats portant sur l’un quelconque des produits prioritaires définis par le Conseil. Il a reçu des centaines de réponses et en a pris note, mais peu nombreux sont les fournisseurs à même de tenir le délai de 45 jours qui a été fixé. Le programme a toutefois enregistré les coordonnées de chacun d’entre eux pour le cas où ce délai serait prolongé au-delà du 12 mai.

Livraison de blé à Koweït

La première livraison effectuée dans le cadre du programme « pétrole contre nourriture » depuis l’adoption de la résolution 1472 est arrivé à Koweït à la fin de la semaine dernière. Elle contenait quelque 50 000 tonnes de blé dont une partie a immédiatement été déchargée pour être transformée en farine. Le reste sera transporté par voie de terre vers des entrepôts en Iraq sous la responsabilité du Programme alimentaire mondial.

Une nouvelle livraison de 50 000 tonnes de blé devrait arriver au port d’Aqaba, en Jordanie, dans les jours qui viennent.

Situation financière du programme « pétrole contre nourriture »

Le programme « pétrole contre nourriture » détient actuellement dans son compte-séquestre des fonds non engagés à hauteur de 3,2 milliards de dollars; des fournitures humanitaires d’un montant total de 10,3 milliards de dollars se trouvent dans la filière de production et d’acheminement vers l’Iraq. Le montant des contrats approuvés mais non financés s’élève à 6 milliards de dollars.

Différents avis destinés aux fournisseurs et aux missions permanentes 

Autres avis

Northern Governorates Central and Southern Governorates Iraq map
Les frontières et les noms indiqués, ainsi que les appellations utilisées sur cette carte n’impliquent ni reconnaissance ni acceptation officielles de la part de l’Organisation des Nations Unies.

L’examen de la filière humanitaire confirme que des produits prioritaires d’une valeur totale de 395 millions de dollars peuvent être expédiés avant le 12 mai

L’examen des contrats portant sur des produits prioritaires qui se trouvent dans la filière du programme « pétrole contre nourriture » a déjà permis de déterminer que des marchandises d’une valeur totale de 395 millions de dollars peuvent être expédiées avant l’expiration du délai de 45 jours fixé le mois dernier par le Conseil de sécurité.

La plupart des produits dont la disponibilité a été vérifiée auprès de 137 fournisseurs concernent les secteurs alimentaire (181,7 millions de dollars), agricole (103,8 millions de dollars) et sanitaire (46,1 millions de dollars). Le plus souvent, ils se trouvaient déjà en transit au début de la guerre et seront transportés sur des sites stratégiques en Turquie, en Syrie, en Jordanie, au Koweït et en Iran en attendant d’être acheminés vers l’Iraq.

Le Bureau chargé du Programme Iraq et six organismes et institutions du système des Nations Unies* continuent leur course contre la montre pour identifier les produits prioritaires définis par le Conseil de sécurité - vivres, médicaments, fournitures sanitaires, produits et matériels de purification de l’eau - qui pourraient être retirés de la filière pour être expédiés avant le 12 mai, comme l’exige la résolution 1472 (2003) du 28 mars 2003.


Le Conseil de sécurité entend un  exposé sur l’application de la résolution 1472 (2003) 

Le Directeur exécutif du Bureau chargé du Programme Iraq, M. Benon V. Sevan, a, ce jour, informé les membres du Conseil de sécurité de l’application de la résolution 1472 (2003). Il a présenté brièvement les mesures prises depuis l’adoption de la résolution le 28 mars afin de recenser les articles prioritaires se trouvant dans la filière « pétrole contre nourriture », pour communiquer avec les missions permanentes auprès de l’Organisation des Nations Unies et les fournisseurs et pour organiser l’expédition de certaines marchandises et fournitures par plusieurs ports situés en Turquie, en Syrie, en Jordanie, au Koweït et en Iran avant le 12 mai (voir article ci-dessous).

Le Conseil de sécurité a désigné comme marchandises prioritaires pour l’expédition vers l’Iraq les denrées alimentaires, les médicaments, les fournitures relatives à la santé publique, à l’eau et à l’assainissement (affiché le 8 avril).

Complément d’information

Autres nouvelles sur le programme

Le Bureau chargé du Programme Iraq regrette de ne pas pouvoir répondre aux demandes de renseignements émanant d’entreprises ou de leurs représentants. Le point de contact principal pour les entreprises est la mission permanente de leur pays auprès de l’Organisation des Nations Unies.

 Les ventes de pétrole iraquien financent l’action humanitaire 

Le programme « pétrole contre nourriture » a été établi par le Conseil de sécurité le 14 avril 1995. Depuis décembre 1996, 3,4 milliards de barils de pétrole iraquien évalués à près de 64 milliards de dollars ont été exportés au titre de ce programme, dont 72 % du montant total ont été affectés à des besoins humanitaires dans l’ensemble du pays depuis décembre 2000. Les 28 % restants se répartissent comme suit : réparations après la guerre du Golfe par voie d’un fonds d’indemnisation (25 % depuis décembre 2000); dépenses administratives et opérationnelles de l’ONU pour le programme (2,2 %) et coûts du programme d’inspection des armements (0,8 %).

Des fournitures et du matériel humanitaires, d’une valeur de près de 27 milliards de dollars, ont été livrés à l’Irak au titre du programme « pétrole contre nourriture », dont l’équivalent de 1,6 milliard de dollars en pièces de rechange et matériel destinés à l’industrie pétrolière. D’autres fournitures d’une valeur de 10,3 milliards de dollars sont en cours de production et d’acheminement. Le Programme a des fonds inutilisés d’une valeur d’environ 3,2 milliards de dollars et des contrats approuvés pour une valeur de 6,0 milliards de dollars qui ne sont pas encore financés.

* Les organismes et institutions du système des Nations Unies qui participent activement à l’examen de la filière du programme « pétrole contre nourriture » sont les suivants : FAO, PNUD, HCR, UNICEF, OMS et PAM.