Land of the
Free, Home of the Brave
La subversion au service de la
restauration
P. Gilardi
Publié dans
le mensuel suisse "à l'encontre" janvier 2002
« J’exhorte
le Congrès des Etats Unis à saisir
l’occasion pour résister à la consolidation du pouvoir de l’exécutif et pour
assurer notre liberté et notre sécurité … ». Ces mots
n’émanent pas d’une quelconque organisation d’extrême droite opposée au pouvoir
central de Washington : ils terminent l’intervention de Laurence Tribe,
professeur de droit constitutionnel de la prestigieuse Harvard Law School
devant la commission judiciaire du Sénat le 6 décembre dernier[1].
Apparemment acceptées par une
majorité de citoyens des Etats Unis, les dispositions prises depuis le 11
septembre par l’administration Bush en matière de droits démocratiques
suscitent des réactions bien plus importantes parmi les constitutionnalistes
qui, d’ordinaire si prudents, n’hésitent pas à recourir au terme d’absolutisme.
En effet, l’adoption à la quasi
unanimité par le Congrès de l’US Patriot
Act le 26 octobre et la promulgation le 13 novembre du décret militaire du
président Bush autorisant la création de tribunaux militaires spéciaux ont de
quoi inquiéter. Ils inquiètent à tel point qu’il devient légitime de se
demander si l’on assiste pas à une véritable subversion de l’ordre constitutionnel
avec l’affirmation, sur le plan intérieur aussi, d’un nouvel ordre impérial.
Ainsi, concocté par le
ministre de la justice J. Ashcroft, le Patriot
Act, constitue une véritable révolution en matière de libertés publiques.
Il autorise pêle-mêle l’arrestation d’individus par la police d’Etat, par le
FBI ou par les services d’immigration, leur détention pour une durée illimitée
et sans décision d’un tribunal, la surveillance des conversations téléphoniques
et du courrier électronique et les perquisitions domiciliaires, de jour comme
de nuit, y compris en l’absence de la personne, sans mandat et sur la base de
simples « présomptions ».
Quant à ces dernières, le texte
adopté par le Congrès laisse aux différentes agences une énorme marge
d’interprétation. Il invoque en effet comme raison pour justifier les mesures
indiquées de non mieux précisées « activités
anti-américaines », les « menaces
contre la sécurité nationale » ou encore des « liens avec des personnes ou organisations qui pourraient faire apparaître
des connexions avec le terrorisme international ». L’arbitraire saute
aux yeux.
Comment définir par exemple les « activités anti-américaines » ?
Est-ce le fait d’avoir participé à un attentat contre une ambassade US ou
suffit-il d’avoir pris part à une manifestation de rue au cours de laquelle le
feu aurait été mis à la bannière étoilée ? L’appréciation ne revient qu’au
service qui décide de l’arrestation sans que la personne arrêtée puisse
recourir contre sa privation de liberté, celle-ci n’ayant pas été décidée par
une cour de justice.
Il en va de même pour les « menaces contre la sécurité
nationale ». Alors que M. Bush avait qualifié les attaques du 11
septembre de déclaration de guerre à « notre
démocratie et à la libre entreprise », il est évident que toute
critique à cette même libre entreprise pourrait être assimilée à une atteinte à
la sécurité nationale. Plus concrètement, étant donné que, d’après le
Pentagone, l’approvisionnement énergétique du pays constitue un élément clé de
la « sécurité nationale »,
l’activité des organisations écologistes ou même des Verts de Ralph Nader
contre l’extension des forages pétroliers en Alaska défendue par
l’administration Bush pourrait être considérée comme une forme de « menace de la sécurité
nationale ».
D’ailleurs, en la matière, il est
intéressant de relever que, en fonction de ces mêmes critères de « sécurité nationale »,
l’administration Bush a fait retirer des sites officiels de l’Etat les données
sur la pollution des eaux de l’US
Geological service ainsi que celles de la Environmental protection Agency concernant les risques d’accidents
chimiques donnant ainsi satisfaction aux demandes insistantes de l’industrie
pharmaceutique, ce qui amène le San
Francisco Examiner à poser la question suivante : « so are we protecting the Nation or Monsanto ? »[2]
Cette logique est confirmée par la
liste mise à jour du FBI des organisations à surveiller en vertu de la
législation anti-terroriste : le nom de Greenpeace y figure en bonne place
en compagnie entre autres du mouvement des indiens d’Amérique, de Act Up ou
encore du Front zapatiste de libération nationale[3] !
L’incitation à la délation n’est
pas non plus absente de l’US Patriot Act. Ainsi, en vertu de la nouvelle loi,
les différentes agences sont habilitées à procéder à l’arrestation de toute
personne « n’ayant pas notifié au
FBI un soupçon raisonnable » sur quelqu’un qui s’apprêterait à
accomplir un acte terroriste. Ici aussi, l’étendue de l’interprétation possible
est sans limites, ce qui amène un observateur américain cité par le Monde
Diplomatique[4] à affirmer
que l’on assiste à « un coup d’Etat
militaire larvé (…) qui, à l’instar de l’ancienne RDA, transformera le pays en
nation de délateurs où seuls les mormons blancs seront en sécurité ».
Le renforcement des
pouvoirs des agences, et de celui du FBI en particulier, passe également par
l’extension des possibilités de contrôle et de surveillance, notamment en matière
de communications électroniques. A ce titre, l’appel à la mobilisation
patriotique des opérateurs et des entreprises, assorti de crédits publics à
neuf chiffres, n’aura pas été vain.
Ainsi, l’autorisation accordée par
le Patriot Act à l’extension quasi
illimitée des possibilités de surveillance a abouti en décembre dernier à une
conférence nationale pour la sécurité qui s’est tenue à Washington et à
laquelle ont pris part, en plus de responsables politiques et militaires, les
représentants de grandes firmes telles que Microsoft, Oracle ou encore AMS.
Censée établir une meilleure collaboration dans le développement de
technologies de surveillance, la conférence a été l’occasion de distribuer des
milliards pour la recherche de méthodes plus pointues et pour le développement
de « nouveaux standards
d’interception légale des communications sur les serveurs Internet à des
niveaux et à des vitesses plus élevées ».[5]
Cela vient s’ajouter aux systèmes
déjà existants pour lesquels le Patriot
Act a autorisé d’importantes rallonges budgétaires. Il en est ainsi par
exemple de RISSNET, un système sécurisé intranet reliant 5700 agences dans une
cinquantaine de pays est centré sur la surveillance des mouvements
anti-globalisation et qui a coordonné leur « suivi » lors des
mobilisations de Seattle, Québec City, Philadelphie, Washington et Gênes[6].
Ce système bénéficie en particulier des bases de données MAGLOCLEN[7]
résultant d’analyses fines des conversations téléphoniques, de communications
électroniques ou de comptes bancaires et permettant de fournir dans des délais
très brefs des informations détaillées sur des individus , « sur leurs familles et leurs amis » ainsi que sur la
composition de différentes organisations.
Autorisé également par le Patriot Act, le système sobrement appelé
Carnivore permet aux différentes
polices d’instaurer une surveillance presque sans limites sur les
communications électroniques, de pénétrer les systèmes informatiques pour y
opérer des recherches ou y installer des bugs sans autorisation aucune de la
part de la justice. De plus le FBI est habilité à imposer aux différents
serveurs l’installation de Carnivore
ce qui, théoriquement du moins, pourrait lui permettre d’étendre sa
surveillance à l’ensemble d’Internet.
L’autre aspect important des
mesures adoptées le 26 octobre a trait à la différenciation des droits entre
citoyens des Etats Unis et résidents étrangers, appelés non-citoyens ou Aliens.
Dans ce cadre aussi, c’est à une profonde subversion des conceptions juridiques
que l’on assiste.
Traditionnellement, et ceci depuis
le Bill of Rights qui a suivi de quelques vingt cinq ans la proclamation de
l’indépendance des Etats Unis, les garanties constitutionnelles s’étendaient à
l’ensemble des résidents sur le territoire national, fussent-ils citoyens ou
Aliens. Il en va particulièrement des premier, cinquième et sixième amendements
de la Constitution qui, respectivement, garantissent le droit de recourir
contre une décision policière, interdisent la privation de la liberté (et de la
vie) sans procédure judiciaire et imposent transparence et célérité de la
justice. Certes, des entorses à cette égalité entre citoyens et non-citoyens
devant la loi avaient déjà eu lieu au tournant des 19ème et 20ème
siècles lorsqu’il s’agissait de contenir les activités politiques et syndicales
des immigrés socialistes et anarchistes. Jamais cependant on était allé aussi
loin qu’aujourd’hui.
Le US Patriot Act autorise en effet pour la première fois
l’interrogatoire, l’arrestation et la détention illimitée au secret de
non-citoyens des Etats Unis sur la base de simples présomptions. C’est ainsi
que depuis le 11 septembre, plus de 1200 personnes ont été arrêtées et sont
détenues dans des lieus gardés secrets sans que ne soient connues ni leurs identités
–moins de 20 noms de personnes arrêtées ont été divulgués- ni, sauf dans un
cas, les chefs d’inculpation qui fondent leur détention, ni les lieux de
détention et tout ceci sans que leur familles soient informées.
Certaines rumeurs font état de tels
mauvais traitements infligés aux personnes arrêtées, notamment par le recours à
de puissantes doses de sérum de vérité, que certaines d’entre elles seraient
actuellement physiquement réduites à un état purement végétatif[8].
Refusant systématiquement d’indiquer le nombre et la nationalité des personnes
ainsi privées de liberté, y compris devant l’insistance de gouvernements
« amis » comme le gouvernement égyptien, le ministre de la justice
Ashcroft a fini en décembre par en admettre le nombre et indiquer que parmi eux
figurent des libanais, « moins de
cent égyptiens », des palestiniens, des yéménites ainsi que des
ressortissants d’Arabie saoudite.
De toute évidence, c’est contre
les Aliens originaires du Moyen
Orient que ces mesures sont dirigées, au point que le quotidien égyptien
Al-Ahram titrait en décembre « Arabes
en Amérique : dangereux par définition ? »[9].
Codifié par le Patriot Act, le délit
de faciès a également permis au FBI d’interroger au cours des dernières semaines
plus de 5'000 jeunes immigrants récents provenant de pays musulmans. Après
avoir prétendu que ces interrogatoires résultaient de violations des lois sur
l’immigration, J.Ashcroft a fini par reconnaître devant le Congrès qu’ils
n’avaient « pas de lien avec des
violations spécifiques de la loi »[10]
tout en prétendant que la collaboration des personnes interrogées était « volontaire ».
Sans entrer en matière sur le
caractère quelque peu particulier dans le climat actuel d’une telle
collaboration … volontaire que les enquêteurs sont « libres d’encourager par tous les moyens adéquats »[11],
c’est leur fonction qu’il est surtout intéressant de relever. En effet, d’après
les avocats qui y ont assisté, « en
aucun cas [les questions posées]
n’ont porté sur d’éventuelles violations des lois sur
l’immigration » ; elles ont par contre permis d’accumuler une
somme considérable de renseignements sur des milliers de personnes, sur leurs
voyages, leurs relations, leur formation etc.
Ce dispositif sécuritaire entraîne
bien évidemment un durcissement des mesures sur l’immigration et est complété à
la fois par le projet de création d’une carte d’identité nationale obligatoire
et par la militarisation de la politique de sécurité intérieure.
A ce titre aussi il y a
subversion évidente des lois actuellement en vigueur. En effet, les mesures de
déploiement intérieur de l’armée définies par l’US Patriot Act constituent une nouveauté de taille : la
présence massive de troupes armées dans les lieux publics comme les aéroports,
les gares ferroviaires et les stations des Greyhound ou à l’entrée des ponts
n’a rien d’habituel. Bien au contraire, elle abroge de fait une loi de 1878
adoptée après la guerre de Sécession, le « Posse
Comitatus Act », qui interdisait jusqu’ici le recours aux forces
armées pour l’accomplissement de tâches de police en dehors des situations de
guerre ou d’émergence nationale de brève durée.
Coïncidence, l’abrogation de cette
loi n’est pas demandée par les seuls sénateurs de la droite républicaine la
plus extrême, elle figurait dans le programme électoral du candidat Bush
Jr. !
Quelques semaines seulement après
l’adoption du US Patriot Act par le
Congrès, c’était au même Bush Jr. d’édicter, le 13 novembre, un « décret présidentiel militaire »
autorisant la création de tribunaux militaires d’exception chargés d’instruire
et juger les affaires de terrorisme ou, plus précisément « les auteurs de violations des lois de la guerre et autres lois
comparables et de tout autre individu dont il est question dans ce décret »[12]
Instance nouvelle, ces
tribunaux militaires spéciaux –qui ne sont pas des cours martiales
traditionnelles- participent également et constituent une pièce maîtresse de la
logique de subversion de l’ordre constitutionnel déjà évoquée.
D’abord, dans la mesure où ils
sont appelés à juger des Aliens –les citoyens américains tombant sous le coup
des mêmes inculpations seraient jugés par d’autres tribunaux-, ils constituent
un élément clé dans la mise sur pied de cette justice différenciée dont il a
déjà été question plus haut discriminant ainsi « directement 20 millions de résidents aux USA »[13].
Le décret présidentiel autorise
ensuite l’écoute et l’enregistrement des entretiens entre les prévenus et leurs
avocats, admet les témoignages indirects ou rapportés et les témoignages
secrets. Cela constitue une violation
aussi bien des 5ème et 6ème amendements qui,
d’après la Constitution ne s’appliquent pas qu’aux citoyens américains mais « aux personnes » et aux « accusés »[14]
que de toutes les lois internationales.
Ensuite, ces tribunaux, qui
siégeront dans des lieux tenus secrets, y compris à l’étranger, ne délibèrent
pas en public et leur décisions sont sans appel, y compris les condamnations à
la peine capitale. Celle-ci peut être décidée par la majorité des deux tiers du
collège formé d’un minimum de 5 juges officiers contrairement aux dispositions
prévues par la loi sur la justice militaire[15]
qui prévoient que la peine de mort ne puisse être décidée qu’à l’unanimité.
S’accordant d’immenses libertés
avec les principes du droit, le gouvernements des Etats Unis franchit également
un pas supplémentaire dans la non reconnaissance du droit international. En
effet, appelés à juger aussi des étrangers capturés en dehors du territoire
américain, ces tribunaux constituent, d’après l’ensemble des juristes, une
manière de contourner les Conventions de Genève, notamment en matière de droits
et protections accordées aux prisonniers de guerre. D’ailleurs, cité sous
couvert de l’anonymat par le New York Times, un officiel de l’administration
reconnaît ouvertement l’abandon de ces Conventions par les USA[16].
La polémique actuelle entre le
CICR et l’administration Bush à propos des talibans et des membres de Al-Quaeda
arrêtés en Afghanistan et transférés dans la base américaine de Guantanamo
témoigne de cette volonté de, après l’avoir redéfini à l’intérieur, dicter
aussi au niveau international les nouvelles règles du pouvoir impérial. En
s’arrogeant le droit de définir qui est prisonnier de guerre et qui ne l’est
pas –et ne profite par conséquent pas des protections relatives à ce statut-,
le gouvernement des Etats Unis ne refuse pas seulement de se soumettre aux lois
internationales : il s’attribue une tâche normalement dévolue au pouvoir
judiciaire, à savoir, l’interprétation du droit.
C’est sur la base de la même
concentration des pouvoirs dans les mains de l’exécutif que procède la décision
de traduire des individus devant un tribunal militaire spécial. Celle-ci ne
revient en effet qu’à l’administration, seule habilitée à décider de la nature
terroriste des actes à juger. Ainsi, « selon
les circonstances, le Président peut décider pour chaque acte d’un résident
étranger s’il implique un lien avec une organisation terroriste : conduire
la voiture d’un ami soupçonné de terrorisme peut vous amener devant un tribunal
militaire s’il se trouve que votre ami a été ou est terroriste »[17].
Dès lors, ainsi qu’il le fait sur
le plan international en décidant tout seul quel Etat est terroriste et lequel
ne l’est pas, le gouvernement des Etats Unis dispose, en vertu de son propre
décret, des instruments internes de criminalisation de toute opposition
politique. Ainsi, par exemple, un simple versement de soutien aux activistes
américains proches de l’IRA pourra, en fonction du bon vouloir de
l’administration, être assimilé à du terrorisme, de même que la participation à
des manifestations contre la guerre pourrait être assimilée à une collusion
avec l’ennemi et tomber sous le coup des lois antiterroristes.
Certes, toutes ces tentatives
d’assimilation entre l’opposition politique et les services rendus à l’ennemi
ne sont pas une nouveauté. Citons à ce titre les accusation de communisme
lancées durant les années soixante contre Martin Luther King ou encore les
campagnes médiatiques contre l’actrice Jeane Fonda « coupable » de
s’être rendue à Hanoi au moment où les bombardements américains sur le Viet Nam
du Nord étaient les plus intenses. Ce qui est nouveau, par contre, c’est que la
base juridique pour de telles accusations est soustraite à la justice pour être
remise de manière discrétionnaire entre les mains du pouvoir exécutif.
C’est en ce sens que les mesures
prises après le 11 septembre ne sont pas de simples formes passagères de
durcissement de l’exercice des droits démocratiques. Elles déterminent une
modification durable et en profondeur de l’architecture politique dans le sens
d’un pouvoir impérial car le décret du 13 novembre « fait de l’exécutif un législateur qui impose la loi, en décide
l’interprétation et l’application »[18].
Ainsi, en suivant l’affirmation de
Laurence Tribe citée en ouverture de cet article pour qui « cette concentration des pouvoirs exécutif, législatif et
judiciaire dans les mains d’une seule personne ou du gouvernement est
d’ordinaire considérée comme l’expression achevée de l’absolutisme »[19],
on ne peut que comprendre le San Francisco Examiner lorsqu’il parle de « retour du Roi Soleil »[20].
Avec tout ce que cela implique…
(L’Europe n’est pas non plus à l’abri de
mesures sécuritaires. Nous y reviendrons dans une deuxième partie de cet
article dans notre prochain numéro)
[1]
Transcription on line www.counterpunch.org
[2]
San francisco Examiner, 7.12.01, Conn Hallinan, Sun King Returns
[3]
Wayne Madsen, Homeland Security, Homeland Profits, www.corpwatch.org, 21.12.01
[4] janvier 2002, pp 8 et 9
[5] W.Madsen, article déjà cité
[6] Id.
[7] Middle Atlantic-Great Lakes Organized Crimes Law Enforcement Network, base de données créée par l’ancien directeur de la CIA Edgar Hoover
[8] entre autres, Il Manifesto, 14.11.01
[9] Amira Howeidy, in Al-Ahram,
16.12.01, article traduit in www.counterpunch.org
[10] Id.
[11] Id.
[12] section 1.e, cité in L. Tribe, art.
cité
[13] Tribe, id.
[14] San Francisco Examiner, 7.12.01
art. cité
[15] Uniform Code of Military Justice,
art 852
[16] New York Times, 26.12.01, W.
Glaberson, Critic’s Attack on Tribunal Turns to Law Among Nations
[17] Tribe, id.
[18] Id.
[19] id.
[20] Art. cité, 7.12.01