Jean-Michel DOLIVO
Luc-Olivier ERARD
Paolo GILARDI
Tobia SCHNEBLI

p.a. : P.Gilardi, 6, J.-Grosselin 1227 CAROUGE - pgilardi@freesurf.ch

 

 

 

Lausanne-Genève, le 24 octobre 2001

 

 

Concerne : création d’un collectif romand contre la guerre

 

Chères amies, chers amis,

L’état de guerre prolongée décrété par le gouvernement des Etats Unis, les bombardements contre les populations d’Afghanistan, les menaces à peine voilées contre « 61 autres Etats », l’utilisation par le gouvernement israélien de la prétendue lutte contre le terrorisme pour occuper militairement les villes de Cisjordanie ne peuvent que susciter d’importantes réactions.

Dans plusieurs pays occidentaux, des dizaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue ces dernières semaines pour manifester leur opposition à cette guerre. En Suisse aussi, une grande manifestation a eu lieu le 13 octobre dernier avec la participation de plus de 7'000 personnes.

Ce mouvement est important. Il doit aujourd’hui être élargi et se donner les moyens de durer, tant au niveau national que sur le plan local.

La coalition de forces qui au niveau national qui a organisé la manifestation du 13 octobre doit aussi se développer au plan local et régional. C’est pourquoi nous vous invitons à participer à une réunion

le jeudi 1er novembre à 19h15
au Grand Salon du Buffet de la gare de Lausanne (3ème étage)

dans le but de constituer très rapidement un

« collectif romand contre la guerre »

 

Nous vous proposons comme ordre du jour :

1.        Information sur la mobilisation locale et nationale

2.        Discussion et décision sur l’opportunité de la création d’un collectif romand contre la guerre

3.        Plate-forme et activités

Nous joignons à cet envoi un projet de plate-forme qui reprend et élargit les points sur lesquels la coalition nationale contre la guerre et la terreur a organisé la manifestation du 13 octobre et qui doit servir de base de discussion pour la création de ce collectif.

Dans l’attente de vous rencontrer, recevez nos meilleures salutations.

 

Jean-Michel DOLIVO         Luc-Olivier ERARD            Paolo GILARDI                   Tobia SCHNEBLI

 

Plate-forme : (projet)

 

Depuis le 11 septembre, le monde connaît une crise d’une gravité sans précédent. Pour répondre aux ignobles attentats perpétrés contre des milliers d’innocents à New York et à Washington, le gouvernement des Etats Unis a décrété l'état de guerre.

Prétendant « mener le monde à la victoire », prétendant assurer la défense « de la civilisation », c’est dans une logique de guerre de grande envergure qu’il a décidé d’entraîner le monde.

Appuyé par ses fidèles vassaux, les principaux gouvernements européens, il a ainsi autorisé à partir du 7 octobre, des actions de guerre en Afghanistan et contre les « soixante autres Etats » qu’il soupçonne de favoriser le terrorisme.

Ainsi, quelques uns des pays les plus riches du monde s’en prennent militairement, à l’aide d’une technologie hyper sophistiquée à un des pays les plus démunis de la planète.

Une fois encore ce sont les populations civiles, en l’occurrence une population meurtrie par 22 ans de guerre, par la famine et la terreur imposée par les talibans, qui font les frais de la politique de guerre. Et durant toutes ces nuits, c’est la terreur qui s’installe dans les villes et les campagnes d’Afghanistan.

En prenant l’initiative d’ actions de guerre, en décrétant le « choc des civilisations », le gouvernement des Etats Unis d’Amérique prend le risque d’une instabilité mondiale accrue. Il dresse une partie de l’humanité contre plus d’un milliard de musulmans.

Il provoque également un repli identitaire porteur de risques majeurs pour la sécurité des populations qui, malgré elles, participent, par gouvernements interposés, à l’effort de guerre.

L’état permanent de guerre décrété par le gouvernement des Etats Unis devient aussi un instrument pour une normalisation du monde en fonction des intérêts des USA. Ainsi, en déclarant à l’ONU sa volonté d’étendre sa croisade contre les 61 Etats qu’il soupçonne de « favoriser le terrorisme », le gouvernement américain veut avoir les mains libres pour d’autres opérations militaires, ceci notamment dans le nord de l’Irak.

Parallèlement, le « combat de civilisation contre le terrorisme », sert de légitimation à toute une série d’opérations guerrières menées par d’autres puissances régionales, notamment par le gouvernement israélien contre le peuple palestinien, par le gouvernement russe en Tchétchénie et par le gouvernement chinois.

De plus, la logique de guerre, réduit fortement les droits et les libertés démocratiques. Déjà, aux Etats Unis comme dans les principaux pays occidentaux, des mesures limitant les droits démocratiques sont prises.

Fichage de la population, contrôle du courrier électronique, élargissement des pouvoirs policiers et mise au pas de la presse, réduite à une simple courroie de transmission en tenue de combat, reviennent sur le devant de la scène.

Déjà, reconnaissant l’inadaptation des armées pour faire face au danger de terrorisme, des voix se lèvent pour exiger que la société toute entière se comporte comme une armée obéissante.

Partant, c’est le droit même à la critique et au refus du développement proposé par les puissants de ce monde (gouvernements, Banque Mondiale et FMI, OMC) qui en vient à être anéanti.

De plus, cet état permanent de guerre est utilisé pour imposer une logique d’union sacrée conduisant à l’acceptation sans discussion par les Etats des diktats américains, y compris en matière économique.

Face à cette situation, nous nous prononçons :

1.     Pour l’arrêt immédiat des opérations de guerre contre l’Afghanistan et le retrait de toutes les troupes occidentales du Moyen Orient, de l’Ouzbékistan et du Golfe d’Oman.

2.     Pour la distanciation de la part du Conseil fédéral de l’effort de guerre américain et pour l’interdiction de l’utilisation de l’espace aérien suisse par des troupes et des avions militaires se dirigeant vers le Moyen Orient.

3.     Pour l’annulation unilatérale de la part de la Suisse de la dette des pays du Tiers Monde, source de la pauvreté et de l’humiliation qui constituent le creuset du terrorisme.

4.     Contre toute logique d’union sacrée et de limitation des droits démocratiques, notamment contre la mise au pas des organes d’information et contre les contrôles accrus de la population et contre toute logique de criminalisation des forces d’opposition.

5.     Contre toutes les formes de xénophobie et de racisme prétendant une supposée supériorité de la civilisation occidentale.

En constituant le collectif romand contre la guerre, nous nous engageons à mener un travail de contre-information et de mobilisation en faveur de ces objectifs, notamment par la diffusion de matériel, par l’organisation de moments publics de discussion, par des actions ponctuelles ainsi que par des manifestations de rue.